Pour apporter de l’azote à sa culture de colza, différentes solutions s’offrent aux producteurs. Le Cétiom a mis en place un essai pluri-parcellaire pour comparer les deux formes d’engrais que sont ammonitrate et urée.
Pour comparer les choses, rien ne vaut les essais dans la durée. C’est ainsi que le Cetiom a mis en place des parcelles d’essais sur une période allant de 2002 à 2012, sur 12 sites, chacune étant conduite sur 5 ans. Distribuées sur tout le territoire français, les parcelles d’essai tentent de découvrir l’effet sur les cultures quand elles sont toujours fertilisées avec de l’ammonitrate, toujours avec de l’urée, puis de mesurer l’arrière-effet de ces deux engrais au bout de 2, 3, et 4 années.
Essai à 4 blocs
Pour ce dispositif, une parcelle a été divisée en quatre blocs de 80 mètres de long sur 50 mètres de large. « La première année, chaque bloc est délimité en deux sous-blocs qui reçoient soit de l’ammonitrate, soit de l’urée. L’année 1 est appelée année de différenciation. Les années suivantes, chaque sous-bloc est divisé en 4 zones, dont une aura des modalités de fertilisation différentes : ammonitrate ou urée et ce à différentes doses. On pourra alors observer comment la culture se comporte avec 1, 2, 3 ou 4 années d’arrière-effet de l’engrais », explique Luc Champolivier, du Cetiom de Toulouse.
Trois conclusions
Les modalités de l’essai permettent de tirer trois conclusions. « Nous constatons un effet annuel de l’ammonitrate. Les rendements obtenus sur la culture sont significativement supérieur par rapport à l’urée, de l’ordre de 3 %. Un effet historique est également remarqué. Après un historique de fertilisation constitué exclusivement d’ammonitrate, le rendement moyen obtenu l’année suivante est également significativement supérieur, à dose d’azote égale, à celui obtenu après un historique de fertilisation à base d’apports répétés et exclusifs d’urée. Enfin, l’effet système, obtenu si on cumule un historique de fertilisation à base d’ammonitrate et un apport d’ammonitrate l’année suivante, le rendement obtenu à la dose optimale prévisionnelle est améliorée de 5,5 % par rapport à la situation en tout urée », mesure l’ingénieur du Cetiom. L’urée serait donc moins efficace que l’ammonitrate, que ce soit annuellement, historiquement et s’il est cumulé sur plusieurs années.
Moins d’ammonitrate pour autant d’urée ?
En comparant ces résultats, on pourrait se dire que pour une même efficacité obtenue, la quantité d’ammonitrate épandue peut alors est moindre que celle de l’urée. « Dans l’effet système mesuré, c’est-à-dire ammonitrate post-ammonitrate comparé à urée post-urée, les quantités d’ammonitrate sont inférieures de 10 à 20 % pour une efficacité de rendement identique ». Mais pas de conclusions hâtives pour autant : « Les conditions lors de la fertilisation ont été les mêmes quelles que soient les types d’engrais. On peut considérer que pour l’urée, l’optimum d’application n’est peut-être pas respecté. Les pertes par volatilisation n’ont en effet pas été mesurées », insiste-t-il. D’autres pistes sont également évoquées par l’ingénieur, comme les différences de flores adventices observées suivant la nature de la fertilisation. Fanch Paranthoën