Des embauches malgré la crise

christian-nicolas-embauche-jeune - Illustration Des embauches malgré la crise

Dans un contexte où quasi toutes les productions souffrent, il est important de  montrer aux jeunes que l’avenir, même s’il ne sera pas sans encombre, offrira de belles perspectives d’avenir.

« En moyenne, une commune finistérienne compte 25 exploitations, 64 actifs équivalent temps plein travaillant dans le milieu agricole pour un chiffre d’affaires de 8.2 millions d’euros. Nous ne sommes plus dans une logique de production qui augmente comme dans les années 80, et la courbe est descendante quant au nombre d’exploitations agricoles sur le département », introduit André Sergent, président de la Chambre d’agriculture, lors d’une table ronde organisée dans les murs du lycée du Nivot à Lopérec, et animé par Anthony Taoc, ancien élève et jeune installé en production de volaille de chair.

Climat propice

Pour motiver les jeunes à travailler dans le milieu, les arguments ne manquent pas. « Je sais que les taux de rentabilité des exploitations, estimés à 2,8 % n’encouragent pas à l’installation. Cependant, le climat particulier et la part de 40 % de la surface en herbe sont des atouts non négligeables à prendre en compte pour envisager l’avenir », continue le président. Et du travail, il y en a. « Le souci du département n’est pas la production, mais la gestion du personnel. Pour embaucher, les entreprises doivent en avoir les moyens : sur un vélo, quand on enlève un maillon la chaîne, elle déraille », métaphore Gilles Burel, animateur à l’Agence pour l’emploi et la formation (AEF). Il poursuit : « Il y a aujourd’hui 100 installations pour 400 départs à la retraite. Le jeune diplômé doit savoir qu’il changera de métier à plusieurs reprises dans sa carrière, c’est pourquoi les bagages scolaires sont autant de garanties pour une capacité d’évolution future. Le sésame de base reste le bac pro ». Mais quels secteurs recrutent ? « Les secteurs qui plaisent le plus embauchent le moins et inversement. Les candidats sont aussi frileux à la mobilité, qui reste bien souvent cantonale. Pourtant, les offres ne manquent pas et ce, dans des métiers passionnants », affirme Gilles Burel.

Lait, porc, volaille et énergie

Les perspectives d’avenir sont bonnes, selon les intervenants. « Nous allons connaître un tournant dans les semaines à venir avec la suppression des quotas laitiers. On peut espérer plus de dynamisme sur les marchés. La Chine, avec seulement 7 % de terres cultivables, voit la région comme un berceau de la qualité de production avec des producteurs qualifiés. Les estimations pour 2020 tablent sur une production par UTH de 350 000 litres », chiffre Jean Hervé Caugant, vice-président de la Chambre d’agriculture. « Concernant la production porcine, les volumes de production baissent de 2 % par an, et il manque 10 € par porc produit. Mais nous sommes sur le bon chemin, en organisant des portes ouvertes sur nos élevages. Reste à savoir quand les consommateurs achèteront français, comme c’est le cas en Allemagne », se demande Marc Cozien, administrateur au groupement porc de Triskalia. Pour la filière volaille, Christian Nicolas, ingénieur d’études en aviculture à la Chambre d’agriculture, prévient : « Dans le cas d’une installation avec construction de bâtiment neuf, il faut absolument être bon techniquement. C’est une production passionnante, et la baisse de la parité euro/dollar favorise les exportations. Des élevages vont se libérer avec des départs en retraite, mais je déplore le peu d’enseignement de la matière en établissement agricole ». Jean-Yves Carré a clôturé la soirée en présentant le côté énergétique des exploitations. « L’agriculture consomme 7 % de l’énergie en Bretagne. Pour faire des économies, il faut réduire les consommations sur les énergies prioritaires de chaque production : le fuel pour le lait et les légumes, l’électricité pour la production porcine et le gaz pour la volaille. À noter que les techniques culturales simplifiées sont aussi un bon point pour la baisse de consommation de carburant ». De quoi donner des idées aux jeunes qui seront les agriculteurs de demain. Fanch Paranthoën


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