Inquiétude sur l’avenir, fin des quotas, nécessité d’investir avec un prix du lait à la baisse étaient les sujets au programme de la réunion du groupe lait de la CR Grand-Ouest.
« Les experts prédisent qu’une grande partie du lait français sera produit dans le Grand-Ouest à l’horizon 2025. Nous mettons en garde les éleveurs sur la volonté d’industrialisation et de financiarisation de la production laitière. Nous sentons qu’il y a beaucoup d’inquiétude dans les campagnes à l’approche de la fin des quotas », a déclaré Jean-Michel Favennec, président de la Coordination Rurale Bretagne à la sortie de la réunion du groupe lait du syndicat, mardi 10 février à Saint-Méen-Le-Grand (35).
Une vache sur trois à reloger d’ici 2025
« Sur la période 2013/2014, le prix payé pour notre lait est décalé de 50 €/1 000 L comparé aux autres régions d’Europe. Cet argent que nous n’avons pas touché va nous faire cruellement défaut dès 2015 », confie Véronique Le Floc’h, présidente de l’OPL (Organisation des producteurs de lait). Le manque de trésorerie freine les investissements sur les élevages. Pourtant, selon l’Institut de l’élevage le besoin de modernisation des bâtiments est équivalent à 1 million de places pour vaches laitières d’ici 2025, soit une vache sur trois à reloger. « Quand on voit le coût de la place, il faudra une rémunération d’abord. On s’inquiète sur le système de paiement mis en place avec plusieurs prix. On parle beaucoup du prix A et beaucoup moins des prix B et C. Le B se situe autour de 215 €/1 000 L sur janvier et de 209 €/1 000 L pour février, loin de couvrir nos coûts de production », s’alarme Jean-Michel Favennec.
En retard sur l’Allemagne
Les responsables syndicaux se plaignent des soutiens publics très restreints, avec un taux moyen de financement du précédent PMBE (Plan de modernisation) qui n’était que de 14 %. « Comparée à l’Allemagne, la France a pris beaucoup de retard en ce qui concerne le soutien des exploitations. Dès 2010, le secteur laitier allemand avait reçu 750 millions d’euros sur 2 ans afin de l’aider à se restructurer pour l’après-quotas. Sans financements efficaces, la modernisation des outils doit se faire grâce à la rentabilité propre des exploitations, ce qui apparaît difficile si les fermes ne dégagent pas de revenu », affirme la présidente de l’OPL.
Rester maître chez nous
Quelques chiffres illustrent cette difficulté à investir pour les éleveurs laitiers et en lien direct avec l’évolution du prix du lait. Les investissements ont baissé tous les ans depuis 3 ans pour atteindre 32 000 € par structure seulement en 2013/2014. Sur les 5 dernières années, l’autofinancement n’a été que de 12 %, ce qui traduit des trésoreries tendues. « La CR et l’OPL refusent que les éleveurs acceptent que des financeurs extérieurs entrent au capital de leurs exploitations. C’est une forme d’intégration qui nuit à la liberté des chefs d’entreprise que sont les agriculteurs. Nous voulons rester maîtres chez nous », lance Véronique Le Floc’h. Nicolas Goualan