Dans la grande majorité des situations cette année sur céréales, il est inutile d’apporter l’azote avant le 20 février. Les doses d’azote du 1er apport ne devront pas dépasser 30 kg N/ha.
L’apport d’azote effectué courant tallage a pour objectif de nourrir la plante jusqu’au début montaison, période à partir de laquelle les besoins deviennent importants. Jusqu’au stade épi 1 cm, les besoins des cultures de céréales sont faibles et peuvent être couverts en grande partie lorsque la minéralisation du sol durant l’hiver est conséquente et le lessivage modéré : c’est le cas cette année. En effet, La douceur exceptionnelle de la levée à la sortie d’hiver a permis un tallage abondant, soutenu par une fourniture d’azote élevée par le sol (forte minéralisation de la matière organique).
L’azote précoce est mal valorisé
Durant le tallage, la plante n’a qu’une faible capacité d’absorption et les cultures absorbent 10 fois moins d’azote qu’en fin montaison. La valorisation de l’azote apporté ne dépasse pas 60 %, alors qu’elle atteint 90 % à la fin montaison. En effet, plus le besoin de la plante est élevé au moment de l’apport minéral, mieux l’engrais est valorisé. Ainsi, un apport de 40 kg N/ha au tallage fournira 24 kg N à la plante alors que la même dose à gonflement en fournira 36.
Faible risque de carence en soufre
Tout comme l’azote, le soufre est soumis aux processus de minéralisation (le soufre organique est alors transformé en sulfate, forme assimilable par les plantes) et aux pertes par lessivage lors du drainage hivernal. Les risques de carence sont donc plus importants les années à forte pluviométrie hivernale dans les sols superficiels recevant peu de matières organiques. Cette année, comme pour l’azote, les conditions de minéralisation du soufre ont été satisfaisantes, et le lessivage modéré. Les risques de carence en soufre sont donc très limités et les apports de soufre ne sont donc pas justifiés dans la grande majorité des situations bretonnes.
L’objectif n’est pas de faire taller
Le rythme d’émission des talles dépend de deux facteurs : la date de semis et les températures. Le nombre de tiges principales (talles primaires) est indépendant de la nutrition azotée, sauf cas de carence importante pouvant induire des régressions de talles. La suralimentation azotée avant épi 1 cm, favorise surtout le nombre de talles secondaires qui ne contribuent pas au rendement. Ces talles excédentaires auront pour conséquence d’augmenter le risque de verse et de maladies. Recaler vos doses d’azote prévisionnelles avec les reliquats d’azote mesurés.
En résumé
Aucun apport avant le 20 février. Apporter l’azote uniquement dans les parcelles suffisamment ressuyées. Pas plus de 30 kg N/ha d’azote pour l’apport réalisé courant tallage. Un apport trop précoce d’azote, c’est moins de rendement et moins de qualité : -2.6 q/ha et -0.3 % de protéines dans les essais Arvalis en 2012 et 2013.
Le plan prévisionnel de fumure est réalisé avec une valeur prévisionnelle du reliquat sortie hiver (RSH). Dans le cas des céréales, celle-ci est de 50 kgN/ha en Ille-et-Vilaine, 40 kgN/ha pour les Côtes d’Armor et le Morbihan et 30 kgN/ha en Finistère. Il convient de modifier cette valeur soit par une analyse individuelle réalisée dans vos parcelles, soit par les valeurs de la synthèse régionale des réseaux mis en place par les chambres d’agriculture. Leurs valeurs seront connues dans les prochaines semaines. S’il y a correction, celle-ci doit apparaître dans le cahier de fertilisation. Éric Masson – Arvalis-Institut du végétal