Sol et rendements à l’épreuve de 3 techniques culturales

travail-sol-experimentation-rendement - Illustration Sol et rendements à l’épreuve de 3 techniques culturales

Labour, travail superficiel et semis direct sont évalués à la station de Kerguéhennec (56) depuis 2000, avec les mêmes rotations de culture. Structure du sol, biomasse, ruissellement, rendements… les essais parlent.

La station expérimentale des Chambres d’agriculture a mis en place, en 2000, un dispositif d’évaluation des techniques culturales sans labour, en conduite conventionnelle. L’une des parcelles de l’exploitation de 54 hectares est divisée en 3 blocs. L’un d’entre eux est régulièrement labouré, à 25 cm de profondeur, et sert de référence. Le second est travaillé, de manière superficielle, sans labour, avec un chiesel, à 15 cm (TCSL). Le troisième est semé en direct, selon la technique du strip-till : travail sur la ligne de semis. Ces 3 blocs bénéficient de deux types de fertilisants (fumiers de volaille et engrais minéraux) et portent la même rotation de culture : maïs-blé-colza-couvert de phacélie.

Comment a évolué la structure du sol ?

La stabilité structurale, qui limite les risques de battance et d’érosion, augmente avec la simplification du travail du sol. « Dans les techniques sans labour, on observe une concentration du carbone dans les 5 premiers centimètres. Cette concentration est positive, notamment dans des sols limoneux comme à Kerguéhennec », explique Djilali Heddadj, agronome, en charge du suivi des essais. La biomasse microbienne augmente avec la simplification du travail. « Cette biomasse, en techniques simplifiées, évolue avec les saisons. Elle est plus faible en hiver et plus forte en été, en lien avec une certaine hydrophobicité ». La porosité des sols est également observée sur les 3 blocs de la parcelle. Le sol est plus tassé dans les zones semées en direct. « La macroporosité augmente dans les couches de sol travaillées ; on dénombre 7 % de moins de macropores avec le semis direct. Les galeries des vers de terre, plus importantes en semis direct, ne compensent pas la porosité perdue par le fait que le sol n’est pas labouré ».

Moins d’épis de blé en semis direct

À densité de semis identique, la levée du blé est moins bonne en techniques sans labour. Le tallage ne compense que partiellement. Au final, le nombre d’épis est moindre. « Le contact sol-graine est sans doute moins bon en semis direct. Le sillon ne se referme pas suffisamment ; les résidus de la culture précédente qui s’y incrustent peuvent faire obstacle ». Dans le bloc semé en direct, les mousses se développent (acidification de la surface?). La profondeur d’enracinement est identique quelles que soient la technique et la culture. L’exploration racinaire du maïs est toutefois moindre en semis direct. En sortie d’hiver (avant désherbage), les parcelles sont plus propres en semis direct. En post-récolte, il y a généralement plus d’adventices dans le bloc sans labour. Sur les dernières années, le nombre de pieds atteints par le piétain-verse est plus élevé dans le bloc labouré.

Les résidus en surface limitent les transferts de phosphore et de phytos

Le ruissellement et l’érosion sont très limités dans le cas du semis direct et des TCSL durant la culture du maïs (pas de chemins préférentiels de l’eau comme dans le cas du labour). La présence de résidus en surface (incorporés ou non) liée à la pratique sans labour limitent globalement les transferts de phosphore et de phytos provoqués par les pluies de forte intensité.

« La baisse de porosité dans le cas d’un travail minimum du sol (voir plus haut) peut toutefois favoriser plus de transferts dans des situations de cumuls pluviométriques élevés. Un travail du sol en TCSL, plus profond, peut limiter ces risques ». Le seul changement d’outil ne suffit pas pour améliorer la qualité de l’eau. Il convient d’avoir une approche globale à l’échelle du système de l’exploitation.

Moins de variations de rendements en labour

Au final, le rendement est supérieur depuis 2000, dans les blocs labourés, sauf pour le colza (production équivalente). « En blé, on observe une baisse de rendement (par rapport au labour) de 3,2 q/ha en TCSL et de 7,9 q/ha en semis direct. En maïs, la baisse est de 6,9 q/ha en TCSL et de 9,8 q/ha en semis direct ». La variabilité est plus importante selon les années en semis direct. « La dés-intensification du travail du sol est facteur de risque pour le rendement ». Concernant l’abondance de mycotoxines sur récolte de blé, des contrôles réalisés en 2007 et 2009, respectivement après des précédents colza et maïs grain, montrent une teneur plus élevée dans les blocs réservés au semis direct et après maïs grain. Les récoltes sur les blocs labour et TCSL sont bien moins impactées. « On peut y voir l’effet des résidus, celui de l’année climatique et aussi l’importance du précédent et de la variété ». L’impact social (charge de travail) et les marges brutes ne faisaient pas l’objet de ces essais. Bernard Laurent


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