Lors d’une webconférence, six éleveurs de la coopérative Prestor témoignaient de leur passion du métier. Des jeunes récemment installés, des quinquagénaires, soucieux de transmettre, et des salariés d’élevage.
La coopérative Prestor organisait une webconférence intitulée « Mon élevage, mon avenir » la semaine dernière. Cet événement s’adressait à tous ceux qui s’intéressent à l’avenir de l’élevage porcin en Bretagne. Éleveurs et salariés d’élevage témoignaient de leurs projets, leur vision et leurs métiers. Conçue sur le principe d’un plateau de télévision, l’émission d’une heure est toujours visible sur le site dédié « monelevagemonavenir.com » à partir d’une connexion Internet. Un léger vent d’optimisme a soufflé au siège de la coopérative en cette période de morosité, liée à la conjoncture.
Propos recueillis par B. Laurent
L’avis de…
Daniel Mazé, 53 ans, éleveur à Plouguin (29) : Investir régulièrement est une nécessité pour conserver de bonnes performances techniques et travailler dans de bonnes conditions. Cela crée une motivation d’équipe sur l’élevage de 500 truies. À 53 ans, je ne suis pas encore prêt à céder, mais je dois préparer l’outil à la transmission. Les jeunes veulent des élevages qui leur permettent d’être performants. Il faut qu’ils s’en sortent, même si le ou les repreneurs sont des tiers, ce qui sera le cas chez moi. Je prévois de mettre l’élevage en cohérence en rapatriant 2 000 places d’engraissement sur le site (façonnage auparavant). Pour fidéliser les salariés, j’ai cherché à apprendre à les connaître en me formant aux relations humaines. Ce n’était pas inné chez moi. Je réalise des entretiens de fin d’année, des réunions régulières et on ne rate jamais le café, à 10 heures.
Jean-Michel Daniel, 53 ans, éleveur à Locunolé (29) : Nous avons investi pour travailler dans de bonnes conditions sur notre élevage de 450 truies en construisant un engraissement de 4 000 places, en 2010, avec raclage en « v » pour évacuer les déjections. L’ambiance dans le bâtiment est plus agréable pour les animaux et pour les éleveurs. Cela a permis également d’intéresser mon fils au métier. Il va s’installer. Avoir des projets empêche de vieillir. Désormais, nous avons une dizaine d’années pour inverser les rôles et qu’il prenne petit à petit les décisions. Je ne veux surtout pas le bloquer s’il veut entreprendre comme j’ai pu le faire avec mes parents. Pour fidéliser les salariés, il faut travailler dans le respect et la confiance. Partager les tâches difficiles et bien sûr récompenser la qualité du travail par la gratification.
Emmanuelle Simon, éleveuse à Plounéventer (29) : Je me suis installée il y a 12 ans. Aujourd’hui, tout est en place, après avoir beaucoup investi. Il n’y a aucun problème pour une femme seule à s’installer (un salarié sur l’élevage). Je suis autonome et je me suis organisée. Aujourd’hui, j’arrive à prendre du recul par rapport à la ferme.
Murielle et Alain Tourbot, éleveurs à Saint-Thégonnec (29) : Nous n’avons pas d’autre choix que d’être performants techniquement. Nous avons beaucoup investi après l’installation pour améliorer nos conditions de travail et augmenter les performances, mais aussi pour répondre à la demande sociétale, aux exigences environnementales et nous en sommes fiers. L’assouplissement administratif concernant les Zes, qui n’est pas un assouplissement environnemental, nous permettra de rapatrier des places d’engraissement sans passer par une enquête publique coûteuse.
Virginie Brunet, 35 ans, salariée : J’ai fait beaucoup de boulots avant de m’orienter vers la production porcine, suite à un stage en immersion (formation Adema, accessible aux demandeurs d’emploi). J’ai poursuivi par un BPREA à Crédin (56) et j’ai été embauchée avant même la fin de la formation. Je dis à tous : « Venez voir dans les élevages ». C’est un métier qui permet de se remettre en question et de ne jamais s’ennuyer. En plus, comme c’est difficile de trouver de la main-d’œuvre dans ce secteur, les employeurs nous bichonnent.
Dominique Lagadec, 41 ans, salarié : Je suis porcher depuis 20 ans. Les conditions de travail ont changé. De l’attache des truies aux normes bien-être et de l’alimentation manuelle à l’automatisation. Le travail est de moins en moins physique et de plus en plus technique. Il faut observer et anticiper. Je travaille dans tous les secteurs de l’élevage avec un degré d’autonomie élevée. Je n’ai jamais eu envie de m’installer… par confort et par sécurité, pour les vacances et les week-ends.