Invité à l’AG du GAB 56, Daniel Cueff, maire de Langouët (35) et conseiller régional, a imposé, il y a 10 ans, des repas bio à la cantine. Sans regrets, malgré les difficultés initiales.
Pas de demi-mesure. Pour Daniel Cueff, le passage à l’alimentation 100 % bio pour les enfants de sa commune a été un acte politique fort. « Nous avons imposé le principe. Sinon, nous aurions fait comme beaucoup de collectivités : un repas bio par semaine ou une semaine bio dans l’année. C’est insuffisant. Nos enfants ont le droit à une nourriture de qualité ». Pas facile à faire accepter. « Les réticences sont nombreuses et pas toujours là où on les attend. Chez les parents d’élèves, tout d’abord, qui peuvent en prendre ombrage, car on sous-entend qu’ils nourrissent mal leurs enfants à la maison puisqu’ils ne consomment pas bio. Chez la cuisinière ensuite qui peut penser qu’elle n’a fait que des mauvais repas auparavant, pendant ses 20 ans de carrière. C’est une violence symbolique ». Pour les agriculteurs conventionnels locaux, parents d’élèves, c’est également difficile à concevoir. « Aujourd’hui, tout est rentré dans l’ordre ».
L’élu fixe les objectifs
À l’époque, « Manger bio 35 » se mettait en place. Indispensable pour instaurer une logistique et livrer de petits volumes. La légumerie a été rouverte. « La bonne surprise, c’est que nos repas sont moins chers. Nous utilisons des produits de saison, donc au meilleur prix. Nous avons réduit les quantités de viandes qui se « tiennent » mieux à la cuisson. Il y a globalement moins de volumes, mais plus d’intérêt alimentaire ». Le repas qui revenait à 5,18 € il y a 10 ans coûte aujourd’hui 5,28 €. La commune de Langouët est engagée dans le développement durable. Les locaux publics sont chauffés au bois du bocage (avec des replantations programmées) et équipés de panneaux photovoltaïques. Les logements sociaux sont à énergie passive. « Nous travaillons actuellement, avec des logisticiens, sur la problématique du transport entre le lieu de travail (Rennes) et la commune ; une mobilité renouvelable en quelque sorte en sachant qu’il n’y a pas toujours de solution ». Dans tous ces cas : choix de l’alimentation bio à la cantine ou type d’énergie, l’élu explique qu’il a fixé un objectif, un cap, avant de consulter la population locale. « La démocratie participative est souvent stérile. Je préfère la démocratie « implicative » qui fait que la population consultée donne des idées qui sont dans le cadre fixé et qui permettent d’atteindre l’objectif. En aucun cas, il ne faut discuter de cet objectif ». Le moment du vote, lors des élections, est plus indiqué pour cela.
Bernard Laurent