Fongicides céréales

ble-cereale-fongicide - Illustration Fongicides céréales

La stratégie de protection fongicide s’élabore dès le semis. Le choix variétal, critère simple de lutte contre les maladies des céréales est le premier levier à actionner. D’autres facteurs, maîtrisables ou non, influenceront le développement des attaques sur la culture. L’agriculture est le premier métier de terrain, et chaque producteur a l’habitude de surveiller ses cultures. La présence dans les champs reste le meilleur moyen pour anticiper ses interventions.

Il faut donc protéger ses céréales, afin d’optimiser le potentiel variétal tout en maîtrisant financièrement les coûts de traitement, sans oublier de se prémunir contre les risques encourus lors de la préparation de la bouillie ou pendant le traitement. Les spécialités phytosanitaires, souvent redoutables d’efficacité, ne sont pas anodines vis-à-vis de l’utilisateur. La protection est indispensable sur les mains, le corps et les voies respiratoires. Sans avoir un discours alarmiste sur l’utilisation de produits de synthèse précieux pour garantir des niveaux sanitaires satisfaisants, utiliser des équipements de protection individuelle relève du bon sens.

Fanch Paranthoen[nextpage title= »Pas avant deux nœuds pour le 1er traitement anti-septoriose »]

La date idéale du 1er traitement est très variable selon le contexte climatique de l’année et la sensibilité de la variété à la septoriose.

Afin d’assurer le maximum d’efficacité du traitement, il est inutile de démarrer trop tôt si les symptômes de septoriose ne sont pas présents. L’observation ou l’utilisation de modèles permet de positionner ce premier traitement. La date de l’intervention peut varier entre le stade 2 nœuds et le stade dernière feuille pointante, soit près de 3 semaines d’écart.

[caption id= »attachment_2504″ align= »aligncenter » width= »300″]feuille pointante pas comptée car non encore déployée feuille pointante pas comptée car non encore déployée[/caption]

La septoriose, très dépendante de la pluviométrie

La septoriose a la particularité de progresser du bas vers le haut de la plante. En effet, les spores de septoriose sont « lourdes » et ne peuvent être transportées vers les étages supérieurs que par les éclaboussures de pluie. La maladie colonise ainsi progressivement les étages foliaires successifs à la faveur des pluies enregistrées durant la montaison. L’intensité de la septoriose sera donc fortement dépendante de la pluviométrie. Si le printemps est sec, inutile de s’affoler pour intervenir. Il est alors possible d’attendre le stade dernière feuille pointante pour traiter, si aucun symptôme de septoriose n’est observé sur la plante.

Quand intervenir

À partir du stade 2 nœuds (sommet de l’épi à 8-10 cm du plateau de tallage) :
• Variétés sensibles : si plus de 20 % des feuilles F2 déployées (cf schéma) présentent des symptômes.
• Variétés tolérantes (Cellule, Rubisko, Barok, Fluor, Tulip,…), le seuil devient passe à 50 % des F2 qui présentent des symptômes.

À partir du stade Dernière feuille étalée, les observations se font sur les F3 définitives avec le seuil de 20 % pour les variétés sensibles et 50 % pour les variétés peu sensibles.

Observer les symptômes avant d’agir

Pour lutter efficacement contre les maladies foliaires du blé, la stratégie consiste à protéger les trois dernières feuilles du blé. Intervenir au bon positionnement, c’est la garantie :

  • d’assurer le maximum d’efficacité du fongicide,
  • d’obtenir une bonne durée d’action du produit,
  • de lutter efficacement contre les résistances.

Et obtenir ainsi le gain de rendement maximum permis par l’investissement fongicide. La date du premier traitement anti-septoriose doit donc être reportée au maximum si les conditions climatiques le permettent. Traiter trop tôt, c’est l’assurance illusoire de protéger des feuilles qui contribuent peu au rendement (F3 et F4 définitives). À l’inverse, un traitement trop tardif aura des conséquences sur l’efficacité des produits et donc sur le rendement.

Un indicateur assez simple pour juger de l’état de contamination d’une plante est l’apparition des symptômes de septoriose sur la F2 au stade 2 nœuds et F3 au stade dernière feuille étalée (cf schéma).
Vous pouvez aussi consulter régulièrement le BSV qui alerte sur les niveaux de maladies observées au cours de la campagne. Observer les symptômes avant d’agir.

Vincent Bouëtel – Maëlle Le Bras / Arvalis – Institut du végétal[nextpage title= »Reconnaître les maladies »]

Maladies du pied

Piétin Verse

[caption id= »attachment_2508″ align= »aligncenter » width= »227″]Piétin Verse Piétin Verse[/caption]

Le piétin verse est peu fréquent en Bretagne. Il est généralement peu nuisible. Il se rencontre surtout dans les rotations céréalières à l’est de la région dans les parcelles de limons battants. On l’observe généralement à partir du stade 2 nœuds. La lutte contre le piétin verse implique de réaliser un traitement à base d’Unix Max ou Flexity, avant le stade 1 nœud pour un coût proche de 40 €. Il faut donc limiter ces interventions aux cas les plus à risques (piétin verse régulièrement observé…).

Symptômes : 1 seule tache située sous le 1er nœud. La bordure de la tâche est peu délimitée, diffuse. Elle présente le plus souvent un stroma (mycélium du champignon) en son centre.

Rhizoctone

[caption id= »attachment_2509″ align= »aligncenter » width= »217″]Rhyzoctone Rhyzoctone[/caption]

Le rhizoctone est peu fréquent en Bretagne. Il se rencontre de manière ponctuelle sur l’ensemble de la région. Il n’existe aucun moyen de lutte contre cette maladie peu nuisible.

Symptômes : De une, à plusieurs taches souvent imbriquées les unes dans les autres. Visible jusqu’au 3e nœud.  Le centre des taches est clair à presque blanc nacré. La bordure est bien délimitée.

Maladie de l’épi

Fusariose de l’épi

[caption id= »attachment_2510″ align= »aligncenter » width= »300″]Fusariose Fusariose[/caption]

La fusariose est favorisée par une forte humidité ou une période pluvieuse persistante pendant plusieurs jours entre la période épiaison-début floraison. C’est à ce stade qu’il faut intervenir si cela est nécessaire. La présence de résidus de maïs en surface et l’implantation d’une variété sensible sont également des facteurs favorisants. La fusariose produit des mycotoxines dans les grains (DON).

Symptômes : Échaudage d’épillets par groupe pouvant aller jusqu’à échaudage complet de l’épi. Les symptômes ne sont visibles que 3 semaines après contamination. Il est alors trop tard pour intervenir.

Maladies des feuilles

Septoriose

[caption id= »attachment_2511″ align= »aligncenter » width= »226″]Septoriose Septoriose[/caption]

La septoriose présente 2 types de symptômes. Dans les 2 cas, La présence de points noirs (pycnides) est systématique. Ces pycnides contiennent les spores de septoriose. Ces dernières ne peuvent progresser vers les étages supérieurs qu’avec l’aide des éclaboussures liées aux pluies. En l’absence de symptômes sur la 3e feuille (en partant du sommet de la plante), le traitement peut être décalé jusqu’au stade dernière feuille étalée.
Symptômes : Blancs allongés, avec liseré brun foncé. Nécroses brunes rectangulaires à ovales. La septoriose progresse du bas vers le haut de la plante.

Rouille jaune

[caption id= »attachment_2512″ align= »aligncenter » width= »300″]Rouille jaune Rouille jaune[/caption]

Maladie très nuisible qui peut être visible dès le début montaison (épi 1 cm – 1 nœud) sur variétés sensibles.

Symptômes : Les premières attaques se caractérisent par la présence de foyers jaunes dans la parcelle. Il est alors urgent d’agir. Sur les feuilles, on observe des pustules jaunes alignées entre les nervures jusqu’à dessiner des stries.

Rouille brune

[caption id= »attachment_2513″ align= »aligncenter » width= »197″]Rouille brune Rouille brune[/caption]

Maladie très nuisible qui est généralement visible vers la fin montaison sur variétés sensibles. À l’exception des années où la maladie arrive précocement (2007), la lutte se confond généralement avec la stratégie de lutte contre la septoriose. Cette maladie est donc rarement observée.

Symptômes : Les spores de rouille brune sont dispersées et réparties de manière aléatoire sur les feuilles. La rouille brune apparaît généralement tardivement sur les feuilles supérieures. Comme la rouille jaune, l’épiderme de la feuille éclate et libère des milliers de spores de rouille.[nextpage title= »La cabine du tracteur, un espace à préserver »]

Bien se protéger contre les produits phytosanitaires est essentiel, et des règles simples permettent de se préserver de leurs effets non désirables.

La protection de l’opérateur est cruciale lors de la préparation d’un traitement phytosanitaire. Masque, gants, combinaison, bottes : tout l’attirail nécessaire est disponible pour se protéger. Mais ces protections, déguisant l’agriculteur en cosmonaute, sont parfois difficiles à porter, notamment aux beaux jours. Les formations Certiphyto mettent le doigt sur les attitudes et les habitudes à prendre pour ne pas souiller son environnement de travail.

[caption id= »attachment_2514″ align= »aligncenter » width= »300″]L’équipement nécessaire se trouve facilement en magasins agricoles L’équipement nécessaire se trouve facilement en magasins agricoles.[/caption]

Haut les mains

Pour manipuler un bidon de produit de traitement, les mains sont de précieuses pinces qu’il faut protéger. « Ce sont les éléments du corps les plus exposés. Porter des gants en nitrile, floqué d’un symbole représentant un marteau et d’une éprouvette, synonyme d’étanchéité aux produits phytosanitaires est essentiel », explique Frédérique Canno, conseillère à la Chambre d’agriculture des Côtes d’Armor. La préparation de la bouillie représente deux tiers des contaminations totales. C’est pourquoi la conseillère rappelle les points de vigilance qu’il faut avoir. « Le bidon doit être ouvert au dernier moment. Si un transfert est nécessaire avec un récipient intermédiaire, il se fait sur une paillasse et non à même le sol. Une fois que la préparation de la bouillie est terminée, l’opérateur doit laver ses gants à l’eau claire avant de retirer sa combinaison », décrit-elle.

20 heures de fonctionnement

L’équipement de protection individuel (Epi) passe bien souvent par des masques de protection respiratoire. « Les masques A2P3, protégeant contre la poussière et les vapeurs suffisent pour les traitements phytosanitaires. Ils sont indispensables au remplissage du pulvérisateur et fortement recommandés en cas de cabine ouverte. Ce sont des équipements périssables : leur durée de conservation va dépendre de la qualité de stockage. Ainsi, un masque correctement conservé dans une boîte hermétique aura une durée de vie de 20 heures en utilisation ». Les cartouches, composées de filtres à charbons actifs, ne doivent pas être exposées à l’air et se préserveront si elles sont stockées dans un sachet hermétique.

[caption id= »attachment_2515″ align= »aligncenter » width= »300″]L’éprouvette et le marteau sont gages de qualité pour les gants L’éprouvette et le marteau sont gages de qualité pour les gants.[/caption]

Équipement au champ

L’application représente un tiers des contaminations qu’il est simple d’éviter. « Penser à emporter des buses de rechange et des gants jetables lors de la pulvérisation. Si une intervention est nécessaire sur la rampe du pulvérisateur, avancer de 5 mètres tronçons coupés pour marcher sur une zone qui n’a pas été traitée. Pour éviter de toucher la rampe avec son dos, je conseille de la contourner. Remplacer la buse défectueuse en la manipulant avec des gants. Ces derniers seront enlevés avant de remonter dans la cabine pour ne pas souiller la poignée de la porte. La cabine du tracteur doit être un espace préservé de toutes traces de produits phytosanitaires », rappelle Frédérique Canno. Les stratégies de protection à deux ou trois traitements fongiques sont autant de situations à risques. « Les solutions de traitement fongicides sont bien souvent des produits au classement toxicologique peu favorables. Les conditions plus douces du printemps ne poussent pas l’opérateur à se couvrir. C’est pourtant primordial ». Tout comme les gants, les tabliers ou les cottes de travail jetables doivent porter les mêmes symboles pour assurer une bonne protection.

Fanch Paranthoën[nextpage title= »Surveiller dès le stade épi 1 cm »]

Depuis 2007, la rouille jaune est présente régulièrement en Bretagne. Selon les conditions de l’année et la sensibilité variétale, elle peut être présente dès le début montaison, ce qui peut justifier un traitement spécifique.

Si des foyers jaunes apparaissent dans les parcelles : danger ! La rouille jaune apparaît généralement à partir du stade 1 nœud (épi à 5 cm du plateau de tallage). Les symptômes peuvent être parfois observés dès le stade épi 1 cm sur variétés sensibles. Les premières attaques sont localisées par des taches de petite surface (1 m²), jaunes de loin, nettement délimitées.  Il est alors urgent d’intervenir. Si le climat est favorable, ces foyers peuvent ensuite infester toute la parcelle. Sur les feuilles supérieures des pustules jaunes alignées entre les nervures sont visibles.

La résistance variétale : un moyen de lutte très efficace

Les variétés présentent des niveaux de sensibilité différents à la rouille jaune. Les plus résistantes, notées 8 et 9 selon le classement Geves-Arvalis, ne présentent généralement pas de symptômes, tout au plus quelques stries. Mais attention, les races de rouille jaune présentes sur le territoire peuvent évoluer très rapidement, et acquérir de nouvelles virulences qui attaquent des variétés notées jusque-là résistantes (on parle de contournement de résistance). Il est donc important de suivre de près vos parcelles.

  • Très sensibles : Surveiller attentivement les parcelles de triticale (en particulier Cyrkon, Kaulos, Orval, Constant, Grandval, SW Talentro…), et les variétés sensibles sur blé : Altigo, Ephoros, Expert, Hyfi, Paledor, Ronsard…
  • D’autres variétés moyennement sensibles doivent être suivies avec attention compte tenu de l’évolution rapide des races de rouille jaune : Arkeos, Allez Y, Arrezo, Azzerti, Boregar, Barok, Cellule, Chevron, Grapeli, Lyrik, Oregrain…

Traitement spécifique si nécessaire

Lorsque les attaques de rouille jaune sont identifiées dans la parcelle, il est indispensable d’intervenir rapidement, même si la culture ne présente encore aucun symptôme de septoriose. Il faudra alors réaliser un traitement spécifique, mais uniquement sur la ou les parcelles concernées par les attaques. La lutte chimique ne présente pas de difficulté particulière, du fait que les produits à base de triazoles ont une efficacité très satisfaisante. Ils peuvent être complétés éventuellement par une strobilurine.

seuil de déclenchement

Le seuil de déclenchement reste classique et fonction du stade de la culture :

  • au stade épi 1cm, uniquement en présence de foyers actifs de rouille jaune (pustules pulvérulentes).
  • au stade 1 nœud, traiter dès la présence des premières pustules dans la parcelle.

Les produits à base de SDHI (Adexar, Aviator XPRO, Ceriax, Librax…) sont à réserver pour les T2 afin de bénéficier d’une meilleure lutte vis-à-vis de la septoriose.

Plus que le produit, c’est le délai entre deux interventions qui est important. Avec une pression comme celle observée en 2014, les produits ne dépassaient pas 20 jours de protection. Une intervention avec un produit efficace revient à une vingtaine d’euros. Augmenter la dépense n’augmente pas la durée de protection, ni n’allonge la durée nécessaire à une réintervention. Même avec la forte pression de l’année 2014, le seuil d’intervention n’est pas remis en cause.

Michel Moquet – Dominique Millet / Arvalis – Institut du végétal[nextpage title= »blé, Lutter contre la septoriose en tenant compte de la résistance »]

Septoriose, rouille jaune et fusariose sont les trois principales maladies à combattre sur blé tendre en Bretagne. L’efficacité de la lutte impose des produits performants et correctement positionnés en valorisant la génétique des variétés et en utilisant les outils d’aide à la décision.

Les essais conduits depuis de nombreuses années en Bretagne (figure 1) permettent de situer la nuisibilité moyenne des maladies foliaires sur blé tendre d’hiver. La perte de rendement provoquée par les maladies est proche de 22 q/ha. Ce chiffre varie en fonction de l’année, de la variété et de la zone géographique.

Pour estimer la nuisibilité attendue dans sa parcelle, on se base donc sur :

  • La sensibilité des variétés aux maladies foliaires (Cf liste sensibilités variétales)
  • La zone géographique : les nuisibilités observées dans le Sud-Bretagne sont en général plus faibles que celles observées dans le reste de la région.

[caption id= »attachment_2516″ align= »aligncenter » width= »300″]la septoriose peut rapidement progresser En cas de protection insuffisante ou de mauvais positionnement, la septoriose peut rapidement progresser.[/caption]

Tenir compte de la sensibilité variétale

Le choix d’une variété tolérante à la septoriose permet de réduire de 20 € la protection foliaire par rapport à une variété sensible. On distingue deux groupes variétaux, selon les pertes de rendement dues aux maladies foliaires en l’absence de protection fongicide observée dans les essais variétés Arvalis (Cf. classement variétal). Les variétés très sensibles et sensibles : Altigo, Apache, Hystar, SY Moisson,… Le traitement unique est proscrit, et les doubles applications doivent mettre en œuvre des doses suffisantes de produits. On préfèrera une stratégie en 3 traitements. Pour une stratégie en 2 traitements, on utilisera les outils d’aide à la décision. Les variétés peu sensibles et assez tolérantes : Cellule, Rubisko, Barok, Tulip… Elles toléreront un programme à deux traitements avec des doses sensiblement réduites. Attention aux variétés sensibles à la rouille jaune qui pourront nécessiter une protection précoce (T0) qui sort du cadre strict de la protection contre la septoriose.

Un investissement proche de 80 € contre les maladies foliaires

Il est naturellement difficile de prévoir ce que sera la saison prochaine, aussi bien la pression de maladies que le cours des céréales. Ainsi, une dépense de 80 € apparaît comme une enveloppe repère pour faire face à une pression de maladie moyenne (de l’ordre de 22 q/ha). Cette enveloppe est à faire varier en fonction de la pression maladie de l’année et de la sensibilité de la variété. Ces repères ne valent que pour les pertes occasionnées par les maladies foliaires, c’est-à-dire septoriose et rouilles. Si d’autres risques, comme la fusariose, le piétin verse ou l’oïdium, ou un traitement précoce contre la rouille jaune,  s’y ajoutent, la dépense doit être adaptée en conséquence.

Sensibilité des variétés aux maladies foliaires (hors rouille jaune)

  • Très sensibles : Pakito, Alixan, Dinosor, Sollario, Trapez.
  • Sensibles : Altigo, Allez Y, Apache, Bergamo, Calabro, Chevron, Croisade Dialog, Expert, Hystar, Musik, Oregrain, SY Moisson.
  • Peu sensibles : Armada, Arezzo, Boregar, Folklor, Hyxtra, Limes, Paledor, Rubisko, Scor, Sorrial, Sponsor, Terroir.
  • Assez tolérants : Azzerti, Barok, Cellule, Fluor, Fructidor, Grapeli, Hyfi, Koreli, Lyrik, Matheo, Sankara, Tulip, Valdo.

2 ou 3 traitements selon le contexte

Dans le contexte breton, la maladie majoritaire est la septoriose. L’objectif est de protéger les 3 dernières feuilles (qui contribuent le plus au rendement). La protection du blé tendre d’hiver se fait majoritairement en 2 ou 3 traitements. Si la nuisibilité attendue est supérieure à 25 q/ha (bordure maritime, variété sensible…) ou si la pression septoriose est précoce, une stratégie en 3 traitements peut s’avérer nécessaire. Si la nuisibilité attendue est plus faible (Sud-Bretagne, variété tolérante) ou si la pression septoriose est tardive (montaison dans des conditions sèches), deux passages peuvent suffire. La lutte contre la rouille jaune doit être raisonnée au cas par cas. Le tableau en bas de page reprend les clés de raisonnement pour la construction des programmes.

Éric Masson – Michel Moquet /Arvalis – Institut du végétal[nextpage title= »orge d’hiver, Tenir compte de la sensibilité variétale »]

Sur orge les maladies à combattre sont multiples et souvent présentes au même moment sur les feuilles. L’observation est délicate, et les stratégies doivent donc s’adapter pour maîtriser le complexe de maladies observé, en particulier en fin de cycle.

On observe en  Bretagne une nuisibilité moyenne de 20 à 25 q/ha pour la majorité des variétés. On attribue une protection entre 60 à 75 €/ha pour les variétés sensibles. Pour les variétés plus tolérantes (KWS Cassia, Augusta…), la nuisibilité est proche de 15 q/ha, l’enveloppe est de 50 à 60 €/ha.

Intervenir au bon moment

Les interventions fongicides réalisées trop tardivement sur orge sont bien souvent à l’origine du mauvais contrôle des maladies. La stratégie peut être adaptée en fonction des conditions climatiques et des avertissements donnés par le BSV. Ainsi, en cas de forte pression de maladies, il est important d’intervenir dès le stade 1er nœud si l’on veut pouvoir maîtriser efficacement le développement des maladies. Si le temps sec persiste, il est possible d’attendre sans dépasser le stade dernière feuille étalée.

En règle générale, la stratégie de traitement est basée sur 2 interventions : la première au stade 1er nœud et la seconde au stade dernière feuille – apparition des barbes. Une fois la maladie présente, elle devient très difficile à maîtriser et peut exploser en quelques jours. Rappelons une nouvelle fois que, sur orge, les traitements réalisés après l’épiaison sont inadaptés.

[caption id= »attachment_2519″ align= »aligncenter » width= »225″]Rhynchosporiose sur orge Rhynchosporiose sur orge.[/caption]

2 applications, c’est plus sûr

Le 1er traitement est généralement réalisé tôt au stade 1 nœud. Il permet de lutter efficacement contre la  rhynchosporiose, l’helminthosporiose et les premières attaques de rouille naine.

  • En 1er traitement : les associations à base d’Unix Max / Kayak (exemples : Unix Max + Meltop ; Unix Max + Bravo Premium, Unix Max + Madison…), ou à base de prothioconazole (Exemple : Madison/Etiage…) deviennent les références avec d’excellentes efficacités même à doses réduites.
  • Le 2e traitement à dernière feuille – sortie des barbes – permet de lutter contre les grillures, l’helminthosporiose et, dans une moindre mesure, contre la rouille naine et la ramulariose.

Le choix des produits placés en T2 dépend de ceux qui auront été positionnés en T1. Après des associations cyprodinil + triazole on peut choisir pour le T2 des associations prothioconazole + strobilurine, si le prothioconazole n’a pas été appliqué en T1. Il est possible d’intégrer un SDHI associé à une strobilurine ou un triazole autre que le prothioconazole s’il a déjà été appliqué en T1 (exemples, Aviator XPro, Adexar, Librax, Ceriax, Viverda…). Ces associations contrôlent aussi efficacement les grillures.

Alterner les matières actives

Dans l’objectif de réduire les risques d’extension de la résistance de l’helminthosporiose aux strobilurines, nous recommandons de n’appliquer qu’une seule strobilurine dans un programme à deux applications. De même, en vue de limiter les risques de dérive de sensibilités de souches de maladies aux différentes matières actives, il est préconisé d’alterner les produits utilisés et notamment d’éviter les doubles applications de prothioconazole (Madison, Joao, Fandango S) et de SDHI (Bell Star, Aviator Xpro, Adexar…).

Un seul traitement possible dans certains cas

Les stratégies à un seul traitement, positionné au stade dernière feuille, sont possibles sur variétés tolérantes (KWS Cassia, Augusta, Etincel…) ou lorsque la pression de maladies est très faible. Cette stratégie ne peut être mise en œuvre qu’après s’être assuré qu’aucun symptôme de maladie n’est visible.

Maëlle Le Bras – Vincent Bouëtel / Arvalis – Institut du végétal[nextpage title= »Triticale, surveiller la rouille jaune »]

Sur triticale, la nuisibilité des maladies est globalement plus faible que sur le blé. L’investissement fongicide sera donc moins important que sur les autres céréales.

La stratégie à un seul traitement positionné au stade sortie de la dernière feuille constitue le meilleur compromis en dehors des situations liées à la sensibilité oïdium et rouille jaune ou au risque de fusariose. Très rustique lors de son démarrage au début des années 1980, le triticale a subi des contournements génétiques sur oïdium et rouille jaune, maladies qu’il convient de surveiller attentivement.

[caption id= »attachment_2520″ align= »aligncenter » width= »300″]Rouille jaune sur Orval Rouille jaune sur Orval.[/caption]

Surveiller oïdium, rouilles et fusariose sur variétés sensibles

Le triticale a la particularité de présenter de fortes disparités de sensibilité variétale aux maladies dont il est important de tenir compte afin d’adapter éventuellement la stratégie fongicide.

Rouille jaune

Les dernières campagnes ont montré de fortes attaques de rouille jaune, en particulier sur Orval, Constant, Grandval, Tarzan, Andiamo, Collegial, et surtout Kaulos. Il convient donc de suivre attentivement le comportement de la sensibilité des variétés qui peut être très évolutif d’une campagne à l’autre. Le raisonnement est le même que sur blé : en présence de foyers actifs au stade épi 1 cm ou à l’arrivée des premières pustules au stade 1 nœud, une intervention spécifique est  nécessaire pour un coût proche de 20 €/ha. Les triazoles efficaces sont nombreuses.

Quelle stratégie adopter ?

La stratégie à un seul traitement positionné au stade sortie de la dernière feuille constitue le meilleur compromis en dehors des situations qui présentent de la rouille jaune précoce ou un risque important de fusariose.
Prise en compte des rouilles : Il convient de surveiller attentivement les rouilles, en particulier sur variétés sensibles, et intervenir dès l’apparition des premières pustules même si le stade dernière feuille n’est pas atteint. Dans ces conditions, un deuxième traitement sera nécessaire si le premier traitement est proche du stade 2 nœuds. Prise en compte de la fusariose : Cette maladie peut se développer sur triticale dans les mêmes conditions que sur le blé (temps humide entre épiaison et floraison, parcelle à risque…). On retiendra dans ces conditions Kestrel 0,6 L/ha ou Prosaro 0,6 L/ha appliqué au stade début floraison.

Oïdium

La sensibilité des variétés à l’oïdium est fortement évolutive sur triticale. Variétés très sensibles : Bienvenu, Triskell et surtout KWS Fido qui a été touché par des attaques tardives au cours de cette campagne. Variétés assez sensibles à suivre avec attention : Tribeca, Grandval, Collegial, Kaulos, Quatrevents. Rappelons que le fractionnement de l’azote et la maîtrise des densités de semis permettent de limiter le risque de développement de l’oïdium. Les 2 essais conduits en 2009 ont montré l’intérêt du Proquinazid (Talendo à 0,25  L/ha), de la Métrafénone à 100 g/L (Flexity à 0,3 L/ha) et dans une moindre mesure celle du Cyflufénamid (Nissodium à 0,25 L/ha).

[caption id= »attachment_2521″ align= »aligncenter » width= »300″]Oïdium sur feuille sur triticale Oïdium sur feuille sur triticale.[/caption]

Fusarioses

La variabilité des teneurs en DON observée sur les variétés de triticale est du même niveau que celle mesurée sur les variétés de blé lorsque le risque est faible à modéré. Les facteurs de risque sont équivalents à ceux du blé. En situation à risque très élevé (précédent maïs grain, résidus en surface), le risque de présence de mycotoxines sur triticale est plus élevé que sur blé. Rotego, Grandval, SW Talentro, Collegial et Borodine sont les variétés les plus sensibles à l’accumulation de DON.

Éric Masson – Dominique Millet / Arvalis – Institut du végétal


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