En réponse aux nombreux retards et flous dans l’application de la nouvelle Pac, Xavier Beulin va demander à ce qu’il n’y ait pas de sanctions pour les contrôles en 2015.
Invité à l’assemblée générale de la FDSEA d’Ille-et-Vilaine, Xavier Beulin a répondu point par point aux différentes questions qui préoccupent actuellement les agriculteurs. Et elles sont nombreuses… Sur la Pac, le président de la FNSEA déplore « qu’en matière de verdissement, la France en ait rajouté. Je regrette aussi que, dans le 2nd pilier, le ministre de l’Agriculture n’ait pas imposé un minimum de tronc commun sur les grandes filières. » Xavier Beulin craint en effet que des distorsions de concurrence n’apparaissent entre régions, selon les priorités des élus locaux. S’agissant de la nouvelle gouvernance pour le Feader 2014-2020, Loïc Guines, président de la FDSEA 35, souligne l’importance du dialogue et de la concertation avec les conseillers régionaux. « Ils doivent par exemple être présents à nos assemblées. »
Les aides éloignées de l’idée de produire
Face au retard pris dans la mise en place des MAE, aux flous qui persistent encore aujourd’hui sur de nombreux points (les transmissions et les activations des DPU, la déclaration des haies, les aides pour les vaches allaitantes…), Xavier Beulin entend obtenir « une année de contrôles pédagogiques. Car les sanctions peuvent être lourdes ». Revenant sur l’OMC (Organisation mondiale du commerce), le président regrette que l’Europe ait été un des seuls continents à appliquer la baisse des soutiens à son agriculture (découplage et restitutions). « La Pac n’a plus rien d’économique, les aides sont aujourd’hui éloignées de l’idée de produire. »
« S’interroger sur les modes de commercialisation en porc »
Face à la crise porcine, Xavier Beulin souhaite programmer une rencontre à haut niveau de l’ensemble des acteurs, pour élaborer un plan de crise. « Trois mois encore comme cela et beaucoup d’exploitations seront sur le carreau. Il faut que les prix soient revalorisés de 15 à 20 ct/kg rapidement. » Il exprime par ailleurs la nécessité de s’interroger sur les modes de commercialisation, le cadran en particulier. La contractualisation est une autre voie, pour le président. Sur le compte pénibilité, la FNSEA refuse des déclarations sur chaque exploitation, mais n’est pas opposée à une « formule forfaitaire par type de convention collective. »
Gestion des risques collective et européenne
Travaillant déjà sur la Pac d’après 2020, le syndicat majoritaire s’oriente aujourd’hui vers la mise en place de systèmes assurantiels, souhaitant la réaffectation d’aides du verdissement à ces systèmes. « Les marchés à terme peuvent aussi être une solution sur les aléas de prix des approvisionnements. » S’attardant sur la filière laitière, dans un département où 50 % des exploitations sont spécialisées dans cette production, Xavier Beulin prône un dispositif collectif de gestion des risques à l’échelon communautaire, « plutôt privé entre tous les pays ». Il pense par ailleurs que des outils industriels de séchage peuvent permettre de réguler les marchés. « 5 à 10 % de volumes en plus font la différence sur le marché mondial. » Le président pense qu’une gestion collective par les entreprises françaises pour les tours de séchage de Carhaix aurait été préférable à des investissements chinois.
Autre enjeu : « La contractualisation, avec des entreprises responsables jusqu’au bout, est une bonne solution qui doit être évaluée et travaillée. Elle doit même aller jusqu’aux GMS. » Avoir des entités économiques viables, d’une certaine taille, est aussi important aux yeux du professionnel. « Chez nous, la fin des quotas est vécue comme un risque, dans les autres pays européens, comme une opportunité. Partout dans le monde, l’Europe est perçue comme une zone de fort potentiel laitier », rappelle, optimiste, le leader de la FNSEA.
Agnès Cussonneau
