En légumes, diversifier ou spécialiser sa production n’est pas sans conséquence sur les résultats économiques. Les risques existent mais peuvent être anticipés à l’élaboration de l’assolement.
Diversification ou spécialisation de la production de légumes, chaque système présente ses avantages et inconvénients. Pour en maîtriser les risques économiques, il faudra tenir compte des techniques agronomiques à mettre en œuvre, du besoin en main d’œuvre et des résultats économiques possibles, variables toutes fortement influencées par le nombre de cultures produites. Car, avec des cours très fluctuants d’une production et d’une année à l’autre, le choix de cultiver un nouveau légume n’est pas sans risque économique. Il faut alors se demander si les débouchés existent, si le marché est porteur et enfin si la marge brute dégagée est suffisante pour valoriser la main-d’œuvre mobilisée.
Gestion de la main-d’œuvre
En effet, une des caractéristiques de la filière légumes est son besoin important de personnel qui diffère selon les productions et sera plus ou moins conséquent selon le taux de mécanisation. Par exemple, malgré l’apparition des ramasseuses, la récolte de l’échalote reste essentiellement manuelle. Dans le cas d’une exploitation très diversifiée, la problématique s’amplifie avec des pics de travail qui peuvent se chevaucher entre plusieurs cultures. Le phénomène peut s’accentuer quand les conditions climatiques se dégradent et repoussent les différentes récoltes.
La gestion des effectifs devient alors problématique. Au contraire, dans le cas d’une exploitation spécialisée, des plannings sont réalisables, ce qui facilite la gestion du personnel. C’est le cas en production de salade dont les plantations se réalisent à intervalle régulier. Même en cas d’aléas climatiques, toutes les séries resteront décalées. En revanche, plus l’exploitation est spécialisée, plus elle est dépendante des résultats économiques d’une seule culture. S’ils sont bons, une exploitation spécialisée en profitera plus qu’une exploitation diversifiée. À l’inverse, s’ils sont mauvais, ils ne seront pas compensés par ceux d’autres cultures. La diversification de l’assolement permet donc d’assurer le revenu tout en stabilisant la marge brute dans le temps. Cependant, attention au choix des cultures qui peuvent augmenter le risque économique.
Résultats économiques variables
Le calcul de la variabilité des résultats économiques permet à une exploitation de positionner ce risque.
Par exemple, prenons trois exploitations de taille similaire : L’exploitation 1 a un assolement spécialisé. Ceux des exploitations 2 et 3 sont diversifiés, mais les cultures d’une d’entre elles présentent des résultats économiques fluctuants (exploitation 2). En prenant les résultats de conjonctures dites moyenne, favorable et défavorable, calculées à partir des résultats économiques moyens de chacune des cultures de 2005 à 2010, plusieurs constats sont possibles. Les résultats de l’exploitation 1 en conjoncture moyenne sont pris comme référence (base 100).
Tout d’abord, les exploitations diversifiées ont des marges brutes moyennes équivalentes entre elles et supérieures à celle de l’exploitation spécialisée. Cependant, lorsque l’on compare les assolements des exploitations diversifiées, il semble que le choix de cultures sensibles aux fluctuations de prix augmente l’amplitude des résultats économiques. Jean-Christophe Seite / Cogédis –Fidéor