Le pâturage a un effet positif sur la santé et le métabolisme des vaches

normande-sante-metabolisme-vache - Illustration Le pâturage a un effet positif sur  la santé et le métabolisme des vaches

Outre l’intérêt économique de l’herbe pâturée dans le régime, Sabine Delmotte, conseillère en élevage au Pôle économie des productions à la Chambre d’agriculture de Seine-Maritime, rappelle les autres bénéfices de la sortie du troupeau au pâturage.

Les essais et études montrent que les vaches qui sortent en prairie font davantage de lactations, ont des carrières plus longues à niveau de production identique. C’est avéré, l’incidence des boiteries est ainsi moins forte chez les vaches qui pâturent. Par exemple, l’impact de la maladie de Mortellaro, dont on entend beaucoup parler dans les élevages où les animaux restent toujours en bâtiment, même sur aire paillée désormais, est moindre. La sortie du troupeau en prairie joue sur la propreté des sabots, car l’herbe les brosse. Dans la promiscuité de l’étable, les onglons sont en permanence en contact avec des surfaces humides, souillées de bouses et d’urine, réservoir concentré de germes pathogènes. Cette macération étant favorable à la pathologie.

Soleil, vitamine D et immunité

Plus globalement, le pâturage a un effet positif sur la physiologie et le métabolisme de l’animal. D’abord, il faut souligner le rôle bénéfique de la marche, de l’exercice physique, un peu sur l’idée du « Manger, bouger »… Ensuite, l’exposition à la lumière du soleil stimule la synthèse de vitamine D qui est un maillon essentiel dans le bon fonctionnement du système immunitaire. J’ai remarqué également, de manière empirique, que le pâturage va dans le sens d’une meilleure qualité de colostrum. Les éleveurs normands qui mènent des vaches taries à l’herbe de juillet à septembre, quand la pousse est limitée, ont des vêlages qui se passent généralement bien. C’est souvent plus tard, à partir d’octobre – novembre, que les problèmes sur les veaux débutent. Je reste persuadée qu’il y a un lien entre le bol d’air au soleil, l’herbe riche en vitamines, oméga 3, antioxydants, et la valeur du colostrum.

Ne pas inséminer en pleine transition alimentaire

Reste qu’on reproche qu’au pâturage les vaches sont moins fertiles, que certaines gestations coulent… L’idée reçue veut que les vaches ne prennent pas au printemps à l’herbe. Il est évident que quand on sort le troupeau, il faut revoir l’équilibre de la ration. Généralement, il faut baisser le correcteur azoté, mais parfois certains éleveurs s’accrochent trop à leurs tourteaux au risque de basculer en excès d’azote. Alors qu’au moment de la reproduction, la vache a surtout besoin de davantage d’énergie. C’est la base du principe du flushing. Pour faire évoluer le régime, il faut bien sûr chercher à anticiper la mise à l’herbe au maximum pour mener une transition alimentaire en douceur. Et ne surtout pas inséminer en pleine semaine de transition. Par ailleurs au pâturage, sur un sol moins glissant, les vaches ont plus d’occasions, expriment mieux leurs chaleurs qu’en étable à logettes toute la journée.

Peu d’acidose à l’herbe

Sur le terrain, on entend aussi parler d’acidose à l’herbe en se basant notamment sur les bouses liquides comme indicateur. Pour moi, c’est un argument commercial car il est tout à fait normal que les déjections au pâturage soient très molles. Et puis, l’herbe est plutôt riche en cellulose, ce qui favorise la rumination et donc la production de salive contenant du bicarbonate qui va jouer un rôle de tampon. Même l’azote soluble, très présent dans l’herbe jeune, tamponne.

Toma Dagorn


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