Pression sur les abattoirs et les distributeurs, baisse des cotisations MSA, révision des taux sur les avances Pac… Sur tous les fronts, à Paris, à Rennes comme à Plérin, les éleveurs de porc se bagarrent pour revoir la lumière.
La filière porcine est en effervescence. Les rencontres se sont multipliées à la préfecture des Côtes d’Armor, au ministère de l’Agriculture à Paris, à la préfecture de Région et bien sûr en marge du Salon de l’agriculture… Parallèlement, en février, les cadrans du jeudi à Plérin ont été lieu de rassemblements de centaines de producteurs venus faire pression sur les acheteurs. « Grâce à notre mobilisation, nous avons encore obtenu +5 ct € du kilo le jeudi 19 février après le +5 ct € de la semaine précédente », apprécie François Valy, de la section porcine de la FRSEA, au milieu des manifestants.
Un équilibre fragile
Michel Bloc’h, président de l’UGPVB, tempère un peu : « Attention, tous les ans, les cours montent en février, car c’est un creux de production. Cela signifie qu’il n’y a pas que la mobilisation qui fait remonter les cours. Restons donc très vigilants. » Le président du MPB, Daniel Picart, va dans ce sens. « L’équilibre reste fragile. Tous les responsables professionnels sont unanimes sur l’importance de rester mobilisés. La hausse de 5 ct d’€ du 12 février est à peu près passée. Mais, au même moment, la distribution réclamait aux salaisonniers de la baisse sur les jambons… »
La distribution vide les rayons pour mettre du Porc Français
Les GMS restent, bien sûr, dans le collimateur des éleveurs. « En 2014, le prix payé à l’éleveur a baissé de 14 %. Du bénéfice en plus pour la distribution qui n’a pas baissé les prix aux consommateurs », rappelle Carole Joliff, de la section porcine 22. « Mais en ce moment, elle vide les rayons pour mettre du Porc Français. Il faut continuer à mettre la pression. Ce qui se passe sur le terrain pèse dans les négociations qui s’étalent jusqu’à la fin du mois avec les centrales d’achat. » François Valy ajoute : « Un acheteur vient de me confier qu’un de ses clients revient aux achats après 3 ans d’absence en demandant du Porc Français. Ça, c’est aussi le résultat de nos actions ! »
Langue de bois pour les 60 convives à la Région
Le Morbihannais François Valy est aussi revenu sur la réunion de crise du 18 février à la Préfecture de région : « Amont et aval, Administration, politiques… 60 personnes à table, une grand-messe. » Et au menu, « langue de bois. » Grands absents, « les transformateurs, même s’il y a peu de salaisonniers dans la région. » Tous les professionnels semblent unanimes sur l’inefficacité d’une telle assemblée. Pourtant, les sujets brûlants à trancher ne manquent pas. Comme les prêts à court terme : « Alors que les taux sont à moins de 1 % pour certains emprunts, des banques proposent des avances Pac à plus de 4,5 %. Ne signez rien à ce prix-là. Nous allons rapidement nous en occuper », promet Carole Joliff. Pour les syndicalistes, il faut « obtenir des reports d’annuité et une prise en charge des intérêts même si le ministère prétend que ce n’est pas possible. 2015 doit être une année blanche, comme cela a déjà été le cas par le passé. »
« Sans le cadran, autant de prix que de producteurs »
Les deux MSA (Armorique, Porte de Bretagne) ont déjà annoncé une enveloppe de 3 M€ pour les agriculteurs des 4 départements. « En moyenne 3 000 € d’aide par élevage, à peu près un demi-camion d’aliment », ironise François Valy. « Il faudrait 8 à 10 millions € juste pour la filière porc. « Sauver la production passe d’abord par du prix », ressasse le Morbihannais devant le MPB. « Surtout, il faut préserver notre cadran. Sans ce thermomètre, que certains veulent casser, il y aurait autant de prix que de producteurs. » Du même avis, Michel Bloc’h, conclut : « C’est vrai, l’aval attend de nous voir divisés et casser cet outil. Ne nous battons pas entre nous, allons plutôt interpeller qui de droit à Paris… »
Toma Dagorn et Nicolas Goualan
L’avis de Michel Bloc’h, Président de l’UGPVB
Restons unis et maintenons la pression sur la distribution et la transformation à propos de l’identification. Sans l’étiquetage d’origine obligatoire, on ne peut identifier les produits français. Aujourd’hui, la moitié du porc n’est pas étiquetée en GMS et quand le logo Porc Français est présent, sa taille est souvent trop réduite. Dans ce combat très dur, la solution peut venir d’un rayon « Viandes françaises. » Ce serait plus simple, car la personne qui fait les courses n’a pas le temps de chercher l’origine de chaque produit. Stéphane Le Foll nous dit qu’on ne peut pas faire ça par rapport à l’Europe, qu’on risquerait des amendes… Moi, je lui dis « Chiche ! »