Porc : 2014, une nouvelle année de perte

triskalia-porc-stephane-berthelot-michel-bloc-h-didier-piron-jean-jacques-gougeon - Illustration Porc : 2014, une nouvelle année de perte

L’assemblée générale du groupement porc de Triskalia est un moment privilégié pour faire le point sur le contexte de la crise actuelle. Les responsables ont exposé leurs inquiétudes aux adhérents, mais aussi les raisons d’espérer un revirement de situation.

« La période est très difficile pour nous, éleveurs de porcs, mais il y a tout de même des choses à faire et des actions à mettre en place », tente de positiver Michel Bloc’h, président du groupement porc Triskalia lors de l’assemblée générale à Ploërmel (56), mardi 3 mars.

États-Unis, Canada et Brésil ont profité de l’embargo

Michel Bloc’h est revenu sur l’embargo russe qui est le fait majeur de l’année 2014. « Une année qui s’annonçait très correcte, mais l’embargo russe nous a fait basculer vers une nouvelle année de perte. Nous n’avions vraiment pas besoin de ça, après une série d’exercices difficiles. Les exportations vers la Russie représentaient 700 000 tonnes par an, soit le quart des exportations européennes. Les incidences ont été immédiates, faisant plonger tous les cours européens. La baisse du cours du porc en France a été de plus de 10 % sur 2014. » Dans le même temps, l’Allemagne, le Danemark et les Pays-Bas développent leur production grâce au dumping social. Dans la salle, un homme indique revenir tout juste d’Ukraine et racontait : « À cause du conflit dans leur pays, les Ukrainiens demandent un visa polonais et partent travailler en Allemagne non plus pour 6 €/h, mais pour moitié moins. » En attendant l’embargo russe fait les affaires des États-Unis, du Canada et du Brésil qui réalisent une année exceptionnelle.

59 nouveaux adhérents

Malgré la conjoncture inquiétante le groupement est attractif pour les éleveurs. « Nous enregistrons 59 nouveaux adhérents sur l’année 2014, dont 21 naisseurs-engraisseurs et 38 engraisseurs », indique Jean-Jacques Gougeon, responsable région 35 et 56. Et Didier Piron, président du groupement pour l’Est de la région d’ajouter : « En 2014, 7 jeunes se sont installés en porc avec Triskalia. Pour 2015, nous suivons 10 projets d’installation très sérieux. »

Maintenir la pression sur les GMS

Le président du groupement fait part aux éleveurs de son inquiétude sur une éventuelle reprise rapide des exportations vers la Russie. Il indique aussi que les abattages en Allemagne dépassent 1,1 million de porcs par semaine et que les stocks de produits congelés sont très importants en Europe. « Nous ne sommes pas capables sde vendre un morceau de viande en Espagne, par contre eux nous en mettent 300 camions par semaine. » Mais certaines évolutions de conjoncture permettent tout de même de rester positif : « L’euro plus faible peut favoriser l’exportation. D’ailleurs nous développons l’export vers l’Asie. La consommation de porc est en hausse en France sur 2014. Il est important de maintenir la pression sur les transformateurs et les GMS pour que cette augmentation de la consommation se fasse sur le porc français. » L’action lancée par les JA à travers l’étiquetage « viande de nulle part » vise à mettre la pression sur les transformateurs et les GMS. Un éleveur de la salle fait remarquer que leurs actions menées le samedi dans les supermarchés autour de Lanester se sont plutôt bien passées. « Nous allons à une dizaine d’éleveurs et demandons à rencontrer le directeur qui nous reçoit très vite par peur d’un blocage et d’une perte de chiffre d’affaires. En moins d’une heure, ils se sont engagés à mettre en place des rayons différenciés entre le porc d’origine française et celui sans provenance pour que le consommateur s’y retrouve facilement. J’invite les autres éleveurs à faire la même chose sur leur secteur. »

Nicolas Goualan


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