Fonctionnant depuis juin 2014, la plate-forme du Smictom des Pays de Vilaine produit un compost de biodéchets (restes de repas, épluchures…) et déchets verts. L’objectif est de valoriser localement ce produit auprès des agriculteurs intéressés.
C’est un compost local, 100 % Pays de Vilaine. Et de qualité, car il est issu uniquement des biodéchets (restes de repas, épluchures) et déchets verts des 46 communes du territoire. Les ordures ménagères ou les boues de station d’épuration ne sont pas intégrées à ce produit, comme c’est le cas dans certains composts urbains. Depuis 2013, les habitants et professionnels de bouche disposent d’un bac spécifique pour trier leurs biodéchets qui sont collectés toutes les semaines, et valorisés en compost.
Hygiénisation à 70 – 80°C
Les déchets verts sont réceptionnés sur les 10 sites du Smictom, broyés sur place, puis amenés sur la plate-forme de compostage située à Guignen. « Au mélange, suit une phase de fermentation qui dure un mois dans des tunnels. De l’air est envoyé par des petites buses dans le sol, le produit monte à une température de 70 à 80°C qui permet l’hygiénisation. La maturation, pendant 10 à 12 semaines, permet de terminer la dégradation. Enfin, le produit est criblé pour séparer les gros morceaux de bois, les ferrailles qui pourraient rester », a expliqué Benjamin Tupinier, responsable du traitement au Smictom, lors d’une réunion de présentation du produit.
4 €/t la première année
Ce compost dispose de deux normes plus contraignantes que la réglementation de base sur ce type de produits, concernant la traçabilité ou sur les traces métalliques par exemple… Il est utilisable en agriculture biologique. Outre les aspects fertilisation, des bénéfices sur la vie du sol sont à attendre. 6 000 t vont être produites cette année. Le produit sera vendu aux agriculteurs 4 €/t la première année, et 8 €/t ensuite. Un calcul estime le coût « rendu racines » entre 90 et 160 €/ha (avec le transport dans un rayon de 30 km et la délégation ou non). Dès la première année, les bénéfices en éléments fertilisants sont supérieurs aux coûts.
Et sur le territoire, grâce à la collecte différenciée et une meilleure gestion des déchets par les habitants, les quantités d’ordures ménagères sont passées de 18 000 t à 7 000 t, soit 88 kg/habitant : le ratio le plus bas de France. Un bel exemple de développement durable. Agnès Cussonneau
L’avis de Lionel Quéré, Conseiller agronomie à la Chambre d’agriculture d’Ille-et-Vilaine.
Ce compost est riche en matière sèche, en azote organique, avec un rapport C/N équilibré. L’azote sera libéré progressivement, sur quelques années. La teneur en phosphore et en potassium – 100% disponibles – est intéressante. Ce produit est également riche en calcium. À raison d’un épandage d’environ 10 t/ha, il présente un intérêt dans les situations à faibles apports organiques (peu d’effluents d’élevage, pas de prairie dans la rotation) et dans les situations à fortes exportations (maïs ensilage, luzerne, céréales à paille exportées…). Deux périodes sont propices à son utilisation : autour de février-mars, avant les semis de maïs, et septembre-octobre, avant les semis de céréales. Il est à éviter sur prairies par crainte d’éléments exogènes. Il convient bien à la production maraîchère. Son azote n’est pas considéré d’origine animale et n’entre pas dans le calcul du seuil des 170 kg/ha de SAU, mais doit par contre être déclaré dans les flux et le cahier de fertilisation. L’équilibre de la fertilisation est à respecter.