À Lorient, IDMer aide les acteurs de la filière marine à valoriser les produits de la mer pour des applications industrielles dans les domaines de la diététique et de la cosmétique.
Son goût iodé à séduit un panel de 150 goûteurs. Le jus à base de pommes, de kiwis et d’ulves marines a reçu le prix Isogone 2014 « sélection du jury ». Un prix qui récompense chaque année l’entreprise agroalimentaire bretonne la plus innovante. C’est « Tête en mer », une jeune entreprise malouine qui a raflé la mise. Son jus de fruit aux arômes maritimes a été élaboré à proximité du port de pêche de Lorient, dans les cuisines dIDMer. Ou, plus précisément, dans son laboratoire. « Les entreprises n’ont pas toujours les moyens de financer, seules, un laboratoire de recherche », explique Cédric Breton, directeur général. « Elles font appel à nos services pour mettre au point de nouvelles recettes qu’elles ont imaginé ». Pour les élaborer, mais aussi pour les adapter à un procédé d’industrialisation. « L’objectif, c’est, qu’au final, l’entreprise porteuse du projet fabrique le produit dans ses propres locaux. Nous ne sommes qu’un incubateur. »
[caption id= »attachment_1061″ align= »aligncenter » width= »300″] Cédric Breton, directeur d’IDmer (20 salariés), devant la vitrine des produits nés dans le laboratoire de recherche[/caption]
Thon blanc au citron
Bel exemple de collaboration entre une entreprise locale et le laboratoire, l’Apak (l’armement de pêche artisanale de Keroman) a développé ses conserves et ses soupes en s’appuyant sur le savoir-faire des chercheurs. Aujourd’hui, l’entreprise élargit sa gamme. Le dernier-né est un thon blanc au citron proposé en verrine dont le goût légèrement acidulé s’apprête à conquérir les rayons. Autre exemple de partenariat : « Nous travaillons actuellement avec des entreprises de transformation de légumes bio. Leur problématique est de gérer les périodes de surproduction. Nous testons des procédés de conservation en soupes ». Elaborer la recette, créer un process de fabrication et livrer le tout aux entreprises partenaires pour qu’elles produisent et commercialisent à grande échelle. Et toujours avec des ingrédients issus de la pêche. « Pour l’élaboration des recettes, tout le monde, chez nous, est mis à contribution pour goûter. Il y a aussi des échanges avec les entreprises porteuses du projet. Pour les process de fabrication, c’est notre savoir-faire ».
IDMer sur les salons internationaux
La biomasse utilisée ne se limite pas aux sous-produits du port de pêche lorientais. IDMer développe ses compétences à l’international. « Nous revenons du Maroc, où nous travaillons sur la sardine, en relation avec une entreprise locale qui souhaite valoriser ses co-produits ». Le 27 août dernier les dirigeants de l’entreprise ont présenté les activités et les innovations d’ID Mer à l’invitation du ministère portugais de la Pêche dans le cadre de la préparation de la «Biomarine Business Convention» qui s’est déroulée au mois octobre 2014 au Portugal. L’entreprise se fait connaître sur les salons internationaux et par l’intermédiaire des industriels qui s’exportent. « Nous leur apportons notre savoir-faire ». Une valeur ajoutée qui bénéficie à la région et au secteur d’activité.
Conservateur de spermatozoïdes
En parallèle de ces projets collaboratifs, IDMer travaille à la valorisation des co-produits de la pêche : la tête, la queue, les arêtes et la peau. « Nous recyclons les cartilages de poissons, par exemple, pour extraire une molécule utilisée dans le traitement de l’arthrose ». Des anti-stress, pour les étudiants en période d’examen, des anti-rides, pour le secteur de la cosmétique, ou des peptides utilisés dans les aliments pour chiens et chats comme arômes ou facteurs de croissance. « Nous avons extrait une molécule qui permet de conserver les spermatozoïdes de verrats, utilisée par un grand groupe de sélection français ». Rien ne se perd, tout se transforme. « Nous recevons, dans nos ateliers, entre deux et trois tonnes de co-produits en provenance du port tous les jours. Nous essayons de trouver la meilleure voie d’utilisation possible de cette biomasse. Et de trouver des ingrédients susceptibles d’intéresser les entreprises dans un futur proche ». L’entreprise recherche des principes actifs pouvant être valorisés comme anti-oxydants ou anti-bactériens. Bernard Laurent