Jean-Luc Martin, président du comité bio de la Chambre d’agriculture d’Ille-et-Vilaine est revenu sur le développement de l’agriculture bio dans le département.
« Les politiques ont tendance à dire qu’il n’y a que le bio qui est bon et opposer notre mode de production au conventionnel. Je pense que ce n’est la bonne solution et qu’au contraire il faut imaginer des passerelles pour faire de nos différences des complémentarités », lance Jean-Luc Moulin, producteur de légumes bio à Saint-Malo et président du comité bio de la Chambre d’agriculture d’Ille-et-Vilaine, lors de la session Chambre du 31 mars. Le département est celui qui a le plus de surface en bio en Bretagne avec 19 433 ha, soit 4,2 % de la surface agricole.
Les exploitations bio en Ille-et-Vilaine sont pour 39 % laitières, 20 % en légumes, 8 % en viande bovine. « Nous constatons une croissance des installations en bio depuis 2007, avec un pic en 2010 et 2011 en lien avec la dynamique laitière bio. Les projets en agriculture biologique (AB) sont d’une grande diversité et nous remarquons une fluctuation annuelle du nombre d’installations aidées en AB, notamment en maraîchage. » Le marché français de la bio représentait 4,55 milliards d’euros en 2013. Pour autant, ça ne pèse que pour 2,5 % de la consommation alimentaire totale des Français. Mais Jean-Luc Martin est confiant : « le marché du bio a doublé en France entre 2007 et 2013. Les fruits et légumes se vendent surtout dans les magasins spécialisés (42 % et en vente directe (27 %). Par contre en ce qui concerne le lait, la viande et les œufs, la grande surface domine le marché et écoule 60 % des volumes laissant peu de place à la vente directe qui tourne autour de 10 %. » Les grandes surfaces ont donc multiplié par quatre la présence de produits bio dans leurs rayons depuis 2009. Jean-Luc Martin est fier d’annoncer que 75 % de la valeur des produits bio consommés dans l’hexagone proviennent de France.
Ne pas sous-estimer la masse de travail
La filière longue en légumes bio a de nombreux atouts comme : l’expérience et le savoir-faire des producteurs en place (une grande partie était en conventionnel avant), une filière bien organisée et des sollicitations de la part des distributeurs pour de nouveaux produits. « Les enjeux sont de bien mettre en place et de maîtriser techniquement les nouvelles productions que demandent les distributeurs. Il faut aussi un bon accompagnement technico-économique des producteurs en place et des nouveaux qui s’installent. » La filière courte, de son côté, profite d’une bonne image et de la confiance des consommateurs. Elle a aussi le soutien des collectivités. Malgré tout, il faut que certains améliorent la maîtrise technique, l’organisation et le confort de travail. « Certains producteurs qui s’installent ne connaissent pas bien le métier, ses exigences et sous-estiment la masse de travail », précise le président du comité bio. Il est aussi très important d’identifier le potentiel de commercialisation par rapport à l’existant pour des installations futures. Nicolas Goualan