Les talus sont des réserves écologiques importantes. Leur entretien est primordial pour la maîtrise des adventices dans ses cultures.
C’est bien connu, la nature a horreur du vide. Il en est de même sur un talus, car l’absence de végétation favorisera l’arrivée de plantes invasives. Chez Guy Le Pavec, au Gaec du chêne rouge à Sainte-Tréphine (22), la Chambre d’agriculture de Rostrenen, le syndicat mixte de Kerné-Uhel et la fédération départementale des chasseurs de Côtes d’Armor ont travaillé conjointement pour réfléchir sur la conduite à tenir pour l’entretien des talus de cette exploitation. Des solutions simples en sont sorties.
Étouffer le gaillet
Le gaillet gratteron est une adventice très concurrentielle des cultures, notamment des céréales. Par comparaison, un plant de gaillet apporte la nuisibilité de 14 mourons ou de 24 véroniques. Pouvant produire jusqu’à plus de 1 000 graines par cycle, moins de 2 plants au m2 suffisent pour faire chuter le rendement en céréales de 5 %. « Le gaillet se développe sur les talus où d’autres espèces ne sont pas présentes, ou après le passage trop intense d’une épareuse. Après avoir colonisé cet espace, il va gagner la parcelle progressivement en 5 ans et aura pour conséquence l’augmentation de l’Indice de fréquence de traitement (IFT) de la parcelle.
Le talus reste la première cause de rentrée de cette mauvaise herbe dans une parcelle », explique Annie Charter, conseillère agronome à la Chambre d’agriculture de Rostrenen. David Rolland, technicien à la fédération des chasseurs des Côtes d’Armor, partage ce point de vue. « Si l’épareuse décape le sol, elle va non seulement laisser la place libre pour les gaillets, mais en plus travailler le sol pour des bonnes conditions de levée », remarque-t-il. Mieux vaut donc « éloigner » l’épareuse lors de son passage en s’écartant de 10 à 15 cm de la surface du talus. Pour lutter efficacement contre la dissémination des graines de gaillet dans la parcelle, « il ne faut pas attendre septembre pour débroussailler la plante », conseille Annie Charter, mais plutôt intervenir avant la montée en graine, vers le 15 mai. Enfin, semer une autre espèce qui colonisera l’espace est aussi une solution efficace.
Semis de dactyle
Pour reprendre cet espace au gaillet, le dactyle est une bonne solution. « Nous avons remarqué qu’en présence de dactyle, les gaillets s’estompaient naturellement faute de place. L’essai a donc été concluant dans l’exploitation de Guy le Pavec qui a semé son talus. Il reste toutefois à veiller à l’implantation de cette graminée. Quand la végétation du talus n’est pas broyée lors du semis, le mulch de surface semble gêner son démarrage.
En revanche, quand le dactyle est ensemencé sur une partie broyée, il est présent sur l’ensemble du talus », observe Annie Charter. La diversité des herbes se perd alors sur le talus, en ne conservant qu’une seule espèce avec le dactyle, mais qui assure « une fonction de gîte pour l’hivernage des carabes, petits insectes auxiliaires des cultures », note David Rolland. Moins de gaillet dans les cultures, des bonnes conditions d’habitat pour le prédateur naturel des limace : on a tout à gagner avec l’entretien du talus. Fanch Paranthoën