C’est l’histoire d’un éleveur de porcs qui manquait de rencontres humaines. Pour créer du lien et apporter du plaisir aux gens, il a créé La Ferme équestre La Ruée vers l’air, à Guignen (35), sur son exploitation. Aujourd’hui, deux de ses enfants prennent le relais.
L’endroit est verdoyant. Les oiseaux chantonnent dans les bouquets d’arbres. De nombreux cours d’eau et étangs parsèment le territoire vallonné. À quelques encablures, la Vilaine serpente à travers les champs. Un cadre idéal pour les balades à cheval que propose La Ruée vers l’air, la bien nommée ferme équestre située à Guignen au cœur de ce joli coin de campagne. « Les possibilités sont multiples. À chaque balade, nous ne savons pas au départ où nous allons aller. En fonction de la météo, des gens présents, des envies de chacun, le parcours varie », explique Christian Tardif qui a fondé la ferme équestre en 1987, à une époque où les loisirs étaient encore limités. Un des pionniers dans ce métier qui s’est inventé sur les dernières décennies. Un des premiers aussi à participer au réseau Bienvenue à la ferme.
[caption id= »attachment_1152″ align= »aligncenter » width= »300″] Au travers du cheval, Christian Tardif a trouvé un moyen de rencontrer les autres pour au final se découvrir lui-même et s’épanouir.[/caption]
Aider les gens à vaincre leur peur
Ce fils d’agriculteurs s’était installé en 1973, comme éleveur de porcs, naisseur, puis naisseur-engraisseur de 60 truies. Mais se retrouver seul sur l’exploitation devenait pour lui très difficile. « À l’approche des 40 ans, je me suis posé beaucoup de questions, je souhaitais rencontrer davantage d’humains. J’avais un cheval de loisirs, il m’a entraîné vers une autre vie. » En 1987, Christian Tardif acquiert 5 – 6 chevaux, avec l’intention de proposer aux gens des balades, de leur faire vivre des sensations fortes, de leur faire apprécier la nature, la campagne… « Je voulais rester ancré dans le monde agricole. » Au début, c’est une diversification pour l’exploitation, mais bientôt, la ferme équestre prend le dessus. Trois ans après le lancement de cette activité, l’atelier porc est arrêté.
« Je connaissais parfaitement le cheval, il m’a fallu apprendre à gérer les gens… Parfois, il faut les aider à vaincre leur peur – qui se transmet au cheval -, trouver les mots pour les mettre en confiance. » Et rares sont ceux qui n’ont pas réussi à franchir le pas et monter sur un cheval à La Ruée vers l’air. D’abord réservée aux adultes, la ferme s’est ouverte aux enfants, sous l’effet du bouche-à-oreille et des demandes.
« Mon père a contribué à démocratiser le cheval. Ce loisir devenait accessible à tous », souligne Virginie Tardif qui s’est installée sur la ferme en 2000. Son frère Alexis les a rejoints en 2006, « par amour du lieu ». Ils reprennent le flambeau progressivement, bénéficiant des conseils de leur père. « Ce lien entre la ville et la campagne me plaît. Et c’est un métier sportif », apprécie le cavalier. De son côté, Virginie Tardif aime avant tout donner des cours aux plus jeunes, « l’émerveillement du début. Avec le cheval, les enfants sont acteurs, c’est un atout. » Un « support » idéal pour grandir, en s’occupant des animaux, en s’affirmant avec la voix, en repoussant ses limites, tout en respectant les règles…
Une soixantaine de chevaux, doubles-poneys et poneys
La cavalerie est constituée d’une soixantaine de chevaux, doubles-poneys et poneys, de races diverses (Selle français, Trotteur français, Connemara, Appaloosa, Shetland…). « Ce qui compte pour nous, c’est la douceur de l’animal. Nous les éduquons pour qu’ils s’adaptent aux différents publics. » Une bonne partie de l’alimentation du troupeau est fournie par la SAU de 30 ha, implantée surtout en prairies, avec un peu de betteraves, et parfois des céréales. Une autonomie qui, couplée aux talents de bricoleur de Christian Tardif, a permis à la ferme équestre d’accélérer sa rentabilité.
Découverte du cheval de trait, du métier de maréchal-ferrant…
La Ruée vers l’air s’inscrit dans l’événement « Printemps Bienvenue à la ferme » en proposant une randonnée de 2 h à cheval à travers les vallons et forêts en bordure de Vilaine, pour adultes débutants ou confirmés (le 19 avril, sur réservation, 28 €/personne). Des randonnées sont proposées toute l’année, les dimanches matins. Outre les cours, en semaine le soir et le samedi toute la journée, La Ruée vers l’air accueille aussi des groupes d’enfants ou d’adultes sur des durées plus longues. Des modules pédagogiques sur la nature, le cheval de trait, la fabrication du pain, le métier de maréchal-ferrant sont proposés. « J’ai appris la maréchalerie au contact d’un ancien. C’est bien utile quand on part en randonnée sur une semaine… Aujourd’hui, j’ai transmis ces connaissances à mon fils », précise Christian Tardif.
Gîte, camping, yourtes
Au fil du temps, des équipements ont été installés. « J’ai d’abord rénové l’ancienne étable pour en faire un gîte pour accueillir les gens », explique-t-il. Il dispose d’une grande salle, une cuisine et un dortoir de 29 lits, qui permettent d’accueillir les enfants en classes découvertes ou colonies de vacances, les groupes d’adultes (comités d’entreprise, séminaires…). L’accueil est aussi fait sur une aire de camping et dans des yourtes. Dans les années 2000, un premier manège couvert a été bâti, suivi d’un deuxième. La carrière permet le travail en extérieur. La construction de boxes est en cours pour abriter des chevaux. Aujourd’hui, quatre personnes travaillent en permanence sur la ferme, et sont épaulées régulièrement par des saisonniers. Agnès Cussonneau
La Ruée vers L’air, Le Tertre Gérault, 35580 Guignen.
la-ruee-vers-lair@wanadoo.fr et www.larueeverslair.fr
Tél : 02 99 92 21 30 / 06 08 99 89 01