Marché des céréales : Après une campagne 2014 sportive, qui impose le « grand écart » entre marché fourrager et meunier, arrive une nouvelle récolte baissière sur ses fondamentaux mais hyper-sensible aux aléas monétaires, politiques et climatiques. Perspectives…
L’assemblée générale de la section céréales de Triskalia s’est tenue à Saint-Caradec (22) le 18 mars dernier. Ce rendez-vous annuel des livreurs de céréales permet de faire un premier bilan sur la campagne en cours.
Une récolte 2014 particulière en blé…
La récolte 2014 est marquée par une différenciation significative des blés selon leurs qualités et débouchés. La qualité la mieux cotée en France est le blé disponible au port de La Pallice : 76 kg de Poids Spécifique, 11 % mini de protéines et 220 secondes minimum en temps de chute de Hagberg. Durant toute cette campagne son prix est surcoté de 4 à 8 €/t face au même produit sur Nantes ou Dunkerque… Le « bon blé breton » exportable est plus faible en protéines pour du volume : 10,5 % seulement, mais avec 77 kg de PS et 220 s. en temps de chute. Son prix est handicapé d’au moins 5 €/t pour sa faiblesse en protéine, soit une dégradation de 9 à 13 €/t si l’on se compare aux cotations « La Pallice ». Le blé fourrager est désormais recherché pour l’export « pays tiers », du fait de la faiblesse de l’Euro. Ce nouveau débouché est concurrent du marché des fabricants d’aliment. Son prix aura été en retrait pendant cette campagne, entre 15 et 25 €/t de moins que les cotations en blé meunier sur Nantes. Cela traduit quand même un différentiel entre 24 et 38 €/t sur la campagne avec les cotations « La Pallice ».
À noter, un écart important devra marquer la valorisation des blés Sud- Loire / Nord-Loire en fin de campagne 2014-2015… Autre particularité de cette campagne, l’impact de la chute de la parité €/$. Cette faiblesse de l’Euro « sauve » artificiellement les cours des grains. Le repli des cours est atténué de 30 €/t, uniquement par la dévaluation de notre monnaie. Sur la scène internationale, les prix libellés en $ sont bien en repli depuis la récolte 2014…
Que nous réserve la récolte 2015 en blé ?
Sur ce mois d’avril, de nombreuses projections commencent à circuler à propos de la future campagne. L’USDA annonce une augmentation des stocks de report au 30 juin 2015 de + 53 % en blé dans l’Union européenne à 28. Ils évaluent cette hausse à +66 % en Russie et +49 % en Ukraine… La « Grande Europe » est lourde en blé pour commencer cette nouvelle campagne ! Le reste du monde stabilise son stock de fin de campagne à 197 MT. Ces chiffres assurent 101 jours de réserves disponibles. Cette situation est confortable si l’on fait référence au stock le plus bas, observé en 2007, avec 76 jours de réserves. Les huit principaux exportateurs sont détenteurs de 27 % de ce stock disponible : les échanges mondiaux vont donc reposer sur leur capacité à mettre en marché ces tonnages. La récolte 2015 n’est pas pour autant sécurisée dans la « Grande Europe » et le stress hydrique peu encore perturber ces projections.
De l’autre côté de l’Atlantique, les blés US souffrent déjà du stress hydrique, mais nous ne sommes pas encore aux stades sensibles du remplissage des grains. Leurs cotations seront notre marché directeur jusqu’à la nouvelle récolte. Le « wheather market » revient donc au premier plan dans une campagne où tout devait détendre les cours… Les autres exportateurs (argentins et australiens) ne seront pas très présents d’ici la fin d’année. La configuration pour cette campagne 2015 s’oriente donc vers un match entre Mer Noire et Union européenne pour les exportations sur l’Afrique du Nord. Retenons que, dans cette partie, les décisions russes sur la prolongation des taxes à l’export seront déterminantes pour soutenir les cours.
Le maïs reste à la traîne…
Faute de débouché à l’export comme en blé, le contexte est très lourd en maïs. Paradoxalement, la faiblesse des cours est le seul espoir d’un rebond sur ce produit… En effet, les cotations actuelles découragent le producteur de maïs sur tous les continents. Un repli significatif des surfaces en 2015 devient le seul élément haussier avant cet été…
En France, c’est 20 % des ressources de la campagne 2014 qui seront en report sur la prochaine campagne. Les stocks mondiaux au 30 juin vont couvrir 19,5 % de la consommation, soit presque le record de 2002… Seule la Chine reste fortement déficitaire en maïs, malgré la pratique de prix élevé sur son marché intérieur pour inciter ses producteurs à développer cette culture. Enfin, notons qu’un tel marasme sur les cours du maïs génère de la rétention de la part des producteurs qui ne couvrent pas leurs charges. L’espoir d’une reprise des cours retarde les mises en marché quand la trésorerie peut suivre.
Et les orges s’embarquent pour l’Asie
Les fabricants d’aliments chinois pallient la rareté du maïs dans leur pays par des importations d’orges européennes « peu chères » grâce à l’euro et au fret maritime très agressif (en Panamax de 60 000 T). Les orges sont « chassées » à court terme par l’Asie : la dégradation des stocks est accentuée par cette nouvelle demande d’opportunité qui réduit le ratio de stock en dessous de 16,5 % en orge, soit un niveau proche du dernier record de 2012. Cette situation reste très dépendante des parités monétaires et de l’absence de la Mer Noire sur ce marché pour l’instant. Des opportunités sont donc à saisir…
Choisir sa stratégie de commercialisation ?
L’offre de commercialisation proposée par Triskalia est complète et peut répondre à toutes les stratégies. Vos techniciens peuvent vous détailler ces offres. Si la qualité du blé (PS et protéine) a fait la différence sur la valorisation de cette campagne 2014, ce sera encore déterminant pour cette nouvelle récolte ! Michel Le Friant / Triskalia