Laurent Barbot, à Ploërdut (56), a terminé le déprimage de ses parcelles d’herbe depuis une semaine. Les vaches ont commencé le 2e tour de pâturage le week-end dernier.
Chez Laurent Barbot, le parcellaire est très groupé. Autour des bâtiments, il y a 35 ha d’herbe dont 27 ha pour les laitières et 8 ha pour les génisses ou taries à surveiller. Plus loin, 21 ha où les VL ne vont pas. Cet îlot est composé de 8 ha de RGH-TV uniquement fauchés et 13 ha, dont 8 ha de prés humides, servant au pâturage des génisses et à la fauche. Les 44 ha les plus éloignés, dont 32 ha en cultures et 12 ha d’herbe, sont au plus à 2 km.
Déprimage perturbé
Toutes les parcelles se touchent ce qui permet ponctuellement à l’éleveur d’envoyer les génisses pleines et les taries sur cet îlot plus éloigné. Sur cette partie, 8 ha sont uniquement fauchés.
Le déprimage est fini depuis une semaine. Cette année, il a été perturbé. D’abord parce que le chemin d’accès aux parcelles les plus portantes, en fétuque-TB, était impraticable cet hiver car trop boueux ; il a donc fallu commencer par des parcelles plus accessibles à base de RGA-TB. Ensuite, parce que la pousse est plus lente que l’an dernier.
Les parcelles de fétuque ont été déprimées mi-mars, soit 1 mois plus tard qu’en 2014, et il y a aujourd’hui un décalage de repousse important entre ces dernières et celles de RGA-TB qui démarrent plus lentement, même avec un RGA précoce. Cela complique un peu la gestion du tour de pâturage. Laurent Barbot va donc empierrer 100 m de chemin pour le rendre praticable en conditions pluvieuses et allonger sa période de pâturage.
De la fétuque-trèfle blanc plus résistante
Il y a 2 semaines, l’éleveur a semé 2 ha de RGA-TB après un colza fourrager, ce qui augmentera la surface en herbe accessible aux vaches.
Pour éviter d’être débordé par l’herbe, il pense débrayer d’abord les parcelles de fétuque, qui seront donc pâturables cet été. Ce choix d’implanter une partie de sa surface en fétuque-TB a été fait suite aux années de sécheresse où, sur ses terres, le mélange RGA-TB était grillé l’été. Des variétés de fétuque à feuilles souples, plus appétentes ont été retenues. Une parcelle de 1,5 ha de dactyle-TB, uniquement déprimée, est déjà réservée pour une fauche début juin, pour qu’elle soit aussi pâturable l’été.
Les vaches dorment dehors depuis fin mars et ont commencé le 2e tour de pâturage le week-end dernier. Elles ont encore 6 kg/j de maïs et 1,5 kg de correcteur azoté jusqu’à la fin de la semaine, pour finir le silo. Les vaches reçoivent aussi 3 kg/j de mélange aplati. Elles ne mangent pas tout toute la ration ; les génisses à inséminer consomment les refus.
2 à 5 jours par paddock
Les vaches tournent sur 18 paddocks, de 1 ha à 2,7 ha où, en pleine pousse, elles passent entre 2 et 5 jours. Laurent Barbot sort les vaches du paddock quand elles commencent à s’attaquer aux refus. Il évalue la hauteur d’herbe du paddock suivant à l’œil. Pour l’aider dans la gestion du pâturage tournant, il utilise également un planning de pâturage. Pour continuer à évoluer en système herbager, il étudie la possibilité de signer une MAEC SPE. Civam AD 56 : 07 85 26 03 02
Ne pas gaspiller l’herbe de printemps
En pleine pousse, une gestion rigoureuse permet d’optimiser l’herbe. Le démarrage du 2e tour intervient quand le paddock-pilote est à 18-20 cm (au mètre-ruban, feuilles tendues) pour des vaches laitières. Si on observe 25 cm ou plus dans le paddock suivant, il faut soit diminuer les apports de fourrages (fermer le silo si ce n’est déjà fait), soit sauter le paddock et le réserver pour la fauche. Inversement, si ce paddock n’atteint pas les 18-20 cm, on peut ajouter des paddocks supplémentaires dans le cycle de pâturage ou distribuer des stocks pour ne pas prendre de l’avance sur la pousse de l’herbe. Un paddock entamé doit être pâturé ras avant d’en sortir, c’est-à-dire à une hauteur d’herbe de 5-7 cm avec des refus qui ont été entamés par les animaux.
L’avis de…
Michel Nédélec, Plonévez-Porzay (29), en zone intermédiaire : « Les 45 vaches laitières dorment à l’extérieur depuis le début du mois d’avril. Les prairies ont fortement poussé depuis la semaine dernière avec du trèfle en quantité. Ainsi, elles ont entamé le 2e tour de pâturage, sur des paddocks conduits au fil avant. En plus de l’herbe qu’elles pâturent, elles reçoivent 3 à 4 kg MS de maïs ensilage et moins de 1 kg de mélange céréalier (principalement pour les primipares). Je prévois de fermer le silo d’ici 15 jours à 3 semaines. La production moyenne de lait est de 28 kg/ VL (43 TB et 33 TP). Je compte faucher 2 ha cette semaine pour faire de l’enrubannage. »
Didier Motais, Loscoët-sur-Meu (22), en zone séchante : « L’herbe pousse : ça a explosé partout ! Les vaches sont dehors jour et nuit depuis début avril. Elles sont actuellement sur la parcelle de réserve, pour 15-20 jours. Quand cette parcelle sera terminée, les autres parcelles seront prêtes pour le second passage, avec une bonne hauteur d’herbe. Je travaille automatiquement au fil avant. En production, ça se maintient bien : 21,5 kg/VL à 6 mois de lactation, (44 TB, 34 TP). L’herbe est suffisamment riche et il y a un bon taux de trèfle. Il y a encore un tout petit peu de maïs dans la ration, 1 ou 2 kg MS, le concentré a été arrêté. Je vais fermer le silo la semaine prochaine. »
Vincent Couvert, Montfort-sur-Meu (35), en zone intermédiaire : « J’ai fermé mon silo de maïs cette semaine. La bonne année fourragère 2014 me permet d’avoir encore du stock. Le troupeau est donc à 100% pâturage car j’ai aussi arrêté la distribution de mélange céréalier. Grâce à la qualité de l’herbe et à quelques vêlages (rang 7), la production moyenne est à 25 kg/VL/J (39,7 TB ; 33,3 TP). Je viens de commencer le 2e tour de pâturage avant d’avoir déprimé tous mes paddocks. Les 6 paddocks non déprimés seront, soit passés en fauche, soit pâturés par les génisses. Je préfère fournir aux vaches une herbe de qualité (14-15 cm) et débrayer plutôt que de risquer d’avoir des refus en faisant pâturer une herbe moins tendre. »