Porte ouverte : Après avoir réglé ses problèmes de cellules et abaisser son coût alimentaire en misant sur l’herbe, Christophe Le Hégarat a surfé sur le prix du lait de 2014 pour obtenir de bons résultats économiques. Rencontre avec un jeune éleveur qui assume ses choix.
Bac pro CGEA en poche, Christophe Le Hégarat a quitté l’école à 18 ans pour travailler comme monteur de salle de traite. « Cette expérience m’a apporté des compétences : électricité, plomberie, bricolage… Et permis de voir un large panel de systèmes de traite. Utile ensuite à l’heure de construire son projet », raconte-t-il. Ensuite, il est devenu « peseur ». Le temps de rencontrer « de nombreux éleveurs, d’observer leurs orientations technico-économiques… De constater que certains étaient épanouis dans leur métier, d’autres moins. »
Les surfaces moissonnées ressemées en herbe
Puis, à 21 ans, Christophe Le Hégarat s’est senti prêt à reprendre l’élevage familial à Bourbriac en octobre 2011. Travaillant « dans la continuité les premiers mois », il a vite opéré de grands changements comme installer des logettes. En juin 2012, la visite de l’élevage de Cécile et Yann Le Merdy à Louargat le secoue vraiment : « J’ai été frappé par les résultats économiques et l’évolution rapide du système après installation. La qualité de l’herbe également, le stade de pâturage bien maîtrisé… C’était joli de voir les vaches dans les prairies. » De retour chez lui, sa décision est prise, presque sur un coup de tête, de s’orienter vers davantage d’herbe. « Les 16 ha de céréales, aussitôt moissonnés, ont été ressemés en ray-grass anglais et trèfle blanc. » Parallèlement, il aménage des chemins pour valoriser au mieux les 45 ha accessibles.
Redécouper le parcellaire pour pâturer au bon stade
Mais la culture de l’herbe ne s’improvise pas. Il faut d’abord faire son expérience. Se tromper aussi. « Au printemps 2013, lors de nouvelles visites de fermes, je me suis rendu compte que mon stade d’exploitation n’était pas bon. J’attendais trop longtemps d’avoir une belle quantité pour faire pâturer. Et le troupeau ne donnait pas de lait… », raconte l’éleveur qui a alors « refait les calculs » pour redécouper son parcellaire passant de « parcelles entières de 3 ou 4 ha gérées au fil avant à des paddocks de 50 ares toujours au fil avant ». C’est aussi à cette époque qu’il débute la récolte en enrubannage sur les parcelles débrayées. « En juin, après épiaison, les refus peuvent atteindre 30 % de l’herbe. Un simple passage de barre de coupe permet de limiter le problème et d’assurer une bonne repousse. »
À la fin de l’année 2013, le producteur de lait était fier d’avoir réussi à faire son quota. « J’avais même des stocks de maïs ensilage. Et quand les résultats économiques sont tombés, ils étaient très convaincants. » « J’ai alors semé plus d’herbe et de moins en moins de maïs : 23 ha en mai 2012, 20 ha en 2013, 15 ha en 2014, 9 ha cette année… Grâce à de bons enrubannages, j’ai divisé par dix l’aliment apporté aux vaches pour descendre à 3 t sur l’année distribuées lors des deux mois et demi passés à l’étable. »
Bientôt un salarié ?
Surfant sur un marché du lait porteur en 2014, le bilan s’est encore amélioré. Il se rappelle alors qu’au moment de l’installation, les conseillers lui promettaient de dégager « 10 000 € par an pour un système de production standard ». Si les vaches produisent moins, le brusque virage herbager lui a permis de maîtriser les charges, d’abaisser fortement le coût alimentaire et d’accumuler au fil des mois une trésorerie « qui lui a permis de réinvestir plusieurs fois sans casser le PDE. » Le jeune homme avoue même qu’avec un lait actuel à 300 € / t, « cela passe encore économiquement. » À l’aise dans ses baskets et ses comptes, ses projets ne manquent pas : « passage de l’installation de traite 2 x 4 sans décro à 2 x 7 TPA sortie rapide, bâtiment logettes pour les génisses, échanges parcellaires pour les terres éloignées, installation peut-être de mon frère… Et un salarié l’année prochaine, en fonction de l’avis du comptable, pour dégager du temps et aller davantage en formation… » Toma Dagorn
Porte ouverte
Mardi 2 juin, dès 14 h, à Bourbriac.
Infos : Cédapa au 02 96 74 75 50.