Environnement Responsable de l’entretien des espaces verts des 116 lycées publics dont elle a la charge, la Région Bretagne se lance aujourd’hui dans une expérimentation d’éco-pâturage dans deux établissements de Rennes.
Au lycée Pierre Mendès France, 18 moutons d’Ouessant et 3 chèvres des fossés vont remplacer les tondeuses à gazon sur 2,9 ha d’espaces verts. Pour l’établissement Victor & Hélène Basch, un cheptel de 3 à 4 moutons suffira pour entretenir environ 3 000 m². Après avoir cherché comment gérer les espaces verts de ses lycées (400 ha au total) sans utiliser de produits phytosanitaires, la Région Bretagne vient d’opter pour l’éco-pâturage dans ces deux établissements scolaires. « Cette expérimentation, sécurisante et sans contrainte supplémentaire pour les lycées concernés, a été confiée à la société Dervenn, de Mouazé (35), spécialisée en génie écologique. Au terme de ces 6 mois de tonte et débroussaillage naturels, l’opération pourra être étendue à d’autres établissements », expliquent les responsables de la démarche.
La société Dervenn assure le suivi
Alternative à l’entretien mécanique et chimique des espaces naturels, l’éco-pâturage est très approprié aux milieux difficiles d’accès, comme aux espaces urbains artificialisés. Dervenn fournit le nombre d’animaux correspondant à « la pression du pâturage », en fonction de la race, de l’âge des bêtes, de la richesse alimentaire, de la saison et des objectifs visés (pâturage intense de restauration ou simple entretien).
Outre l’installation et l’entretien de la clôture avec des poteaux en châtaignier, l’entreprise se charge, au minimum une fois par semaine, de suivre le troupeau et de contrôler, sur chacun des sites, si le travail est bien fait. Dervenn assure le suivi sanitaire et vétérinaire, le suivi administratif (identification et traçabilité) et le suivi alimentaire. « Silencieux et offrant une fertilisation naturelle des sols, l’éco-pâturage permet aussi de sensibiliser les élèves au développement durable et de préserver des races rustiques locales menacées », apprécient les élus et les responsables des lycées.
Des races rustiques locales menacées
Les races rustiques s’adaptent aux contraintes d’un milieu, changeantes suivant les saisons. Depuis l’élevage de races plus productives dans les années 1970, ces espèces, aujourd’hui en voie d’extinction, ont vu leurs effectifs chuter. Le mouton d’Ouessant s’est trouvé menacé dans les années 80. Généralement de couleur noire, l’animal est réputé docile et résistant aux climats rudes. Ses caractéristiques physiques (50 cm max. au garrot, 20 kg max.) en font une tondeuse écologique idéale pour l’entretien des prairies. Le mouton des landes de Bretagne a échappé aux croisements avec les moutons flandrins ou anglais.
Cette race, présente dans toute la région, a quasiment disparu dans les années 80 avant de faire l’objet d’un plan de sauvegarde. De taille moyenne (50-60 cm pour 40 à 50 kg), l’ovin présente une capacité à limiter notamment les ligneux-épineux. La chèvre des fossés, originaire des rives de la Manche, fait l’objet d’un programme de conservation depuis les années 1990. Elle est particulièrement efficace pour contenir le développement des ligneux.