Les coûts de production des volailles en France ne sont pas trop décrochés de ceux de nos voisins européens. Un appui des politiques publiques pourrait permettre de retrouver rapidement de la compétitivité.
Malgré ce que l’on peut penser, les coûts de production en France ne sont pas trop décrochés comparés à nos concurrents européens. « En coûts totaux, sur la base 2013 (cours des grains et change défavorable) la France est 3 % moins cher que l’Italie, au même niveau que l’Angleterre, 2 % au-dessus de l’Espagne, 4 % au-dessus de l’Allemagne et 12 % au-dessus de la Pologne. Avec une stabilisation des coûts de main-d’œuvre et des gains de productivité, la France peut revenir au meilleur niveau de l’Europe de l’Ouest. Mais certainement pas à celui de la Pologne », révèle Christian Renault, directeur d’AND-International. Par contre, les écarts avec le reste du monde restent très élevés : + 34 % par rapport aux coûts de production du Brésil, de l’Argentine, de l’Ukraine et + 24 % vis-à-vis des États-Unis. Malgré tout, la baisse de l’euro, de – 19 % par rapport au dollar, entre juillet 2014 et avril 2015, gomme presque l’écart entre la France et les USA.
La France demeure handicapée par des politiques publiques qui ne sont pas très favorables au développement de l’élevage. « On constate qu’il y a peu de soutien à l’investissement. Il est plus simple de développer des bâtiments modernes, de grande production permettant d’être plus compétitifs chez nos voisins européens que chez nous. »
La production française, la plus diversifiée au monde
La France possède une très grande diversité des productions et une maîtrise des productions sous cahier des charges. « Depuis 50 ans, les filières françaises ont développé une production “sous label”, puis “certifiée”, puis “bio” et occupent une place particulière en Europe. » C’est plus de 100 000 t de produits Label Rouge vendus, surtout en France. C’est aussi la moitié des volailles bio produites en Europe. Les exportations sont modestes (6 000 t) mais en hausse rapide depuis 2013 et avec des premiers succès en Asie. « La production française est la plus diversifiée au monde. Nous sommes le 1er producteur mondial de canard. Nous avons des savoir-faire filière en pintade, caille, pigeon, volailles festives. La France se classe 4e producteur de dinde dans le monde après les USA, le Brésil et l’Allemagne. »
La volaille, avenir stratégique de l’agroalimentaire national
La modernisation des élevages passe par une amélioration des rapports avec la société : « Nous devons faire reconnaître la filière volaille comme un des avenirs stratégiques de l’agroalimentaire national et orienter les décisions et les pratiques en conséquence. » Afin de retrouver le meilleur niveau, il faut faire progresser les indices de consommation, augmenter le rendement en filet et travailler sur la productivité du travail. Il est aussi important de conserver le niveau en matière de cahier des charges et de maîtrise sanitaire. « Enfin, pour être compétitif, il faut absolument améliorer les relations entre les différents maillons de la filière : amont, abattage, industrie, RHD et GMS », conclut Christian Renault. Nicolas Goualan