Chez Vincent Couvert, éleveur laitier à Montfort-sur-Meu (35), le pâturage est maximisé. Le coût alimentaire bas (61 €/1 000 L) et les investissements maîtrisés assurent une robustesse économique au système.
En pleine saison de pâturage, le menu complet des vaches est dans les prés. Chaque jour, plutôt que de sortir la désileuse, Vincent Couvert choisit dans ses parcelles d’herbe le meilleur repas pour ses vaches. « Les endroits où l’herbe est tendre, pour pouvoir produire du lait. » Les parcelles moins « appétissantes » sont fauchées ou pâturées par les génisses ou les taries. Pour l’éleveur qui a fait le choix de la simplification, « la fauche est au service du pâturage systématiquement privilégié. Je préfère étaler les fauches pour étaler les repousses. »
Du mélange céréalier pour les rotations
Produisant 216 000 L de lait (avec 37 vaches laitières), l’exploitation est assise sur une SAU de 44 ha groupés. L’herbe occupe 36,5 ha, tous pâturés, le maïs 5 ha, et le mélange céréalier 2,5 ha. « Ce dernier est battu et les grains sont stockés en boudins. Cette culture apporte de l’énergie, mais me permet surtout de diversifier les rotations. » L’élevage étant situé en bordure du Meu, certaines parcelles sont souvent inondées en hiver. Quelques-unes se ressuient très vite toutefois. Retournées tous les 6-7 ans en moyenne, les prairies sont implantées avec différents mélanges multi-espèces, selon la nature des sols, composés de RGA, dactyle, fétuque, pâturin, trèfle blanc, trèfle violet ou luzerne…
Un chemin principal empierré de 800 m traverse le parcellaire organisé en 35 paddocks d’herbe. Des tuyaux enterrés amènent l’eau jusqu’aux bacs à niveaux constants, et des haies offrent ombre et abri aux vaches. « J’ai replanté 3 500 m de haies en 3 ans », précise le producteur qui commercialise des copeaux de bois. « La plupart des clôtures sont facilement déplaçables (avec des piquets de fer) pour pouvoir faucher plus facilement. » En cas de forte pousse, l’éleveur utilise un fil avant et arrière à l’intérieur des paddocks. L’herbe est stockée en silo couloir ou parfois en balles enrubannées. Le producteur fait aussi du foin.
97 % d’autonomie alimentaire
[caption id= »attachment_943″ align= »aligncenter » width= »300″] Vincent Couvert (à droite) et Aurélien Leray (animateur Adage) devant les pâturages de la ferme.[/caption]
Les achats de fourrages sont très rares. « L’éleveur est autonome à 97 % en alimentation, il achète juste un peu de tourteaux de colza », chiffre Aurélien Leray, animateur Adage. Produisant 6 000 kg de lait en moyenne d’étable, les vaches sont en bonne santé sur l’élevage, ce qui se traduit dans le tank, avec zéro pénalité sur l’année 2014.
La réduction des charges se traduit aussi par des investissements maîtrisés en matériel. Le producteur fait appel à l’ETA pour différents travaux, y compris le désherbage mécanique du maïs à la houe rotative et à la bineuse. En agriculture biologique depuis juin 2012, il n’utilise pas d’engrais minéral et de produits phytosanitaires. La consommation d’énergie sur la ferme a été encore réduite par la mise en place d’un prérefroidisseur à lait.
Tour herbager sur l’exploitation, le 28 mai
L’Adage organise une porte ouverte « Mettons les pieds dans l’herbe ! », le jeudi 28 mai à partir de 14h, sur l’exploitation de Vincent Couvert à Montfort-sur-Meu (Les Vaults de Meu, sur la D62 direction Talensac). Toutes les heures, un tour d’herbe sera animé par des producteurs du groupe Adage de Rennes sur la conduite du système. Différents ateliers sont proposés : organiser son parcellaire, implanter ses prairies, le pâturage tournant, les stocks sur pied, optimiser sa consommation d’énergie, implanter des haies, produire son mélange céréalier, désherbage mécanique du maïs. Contact Adage : 02 99 77 09 56 / Mail : contact@adage35.org
Un EBE de 237 €/1 000 L
Le système autonome et économe mis en place chez Vincent Couvert fait vivre 1,3 UTH (il fait travailler un salarié à temps partagé). « Produire du lait à base d’herbe pâturée, c’est économique », conclut le producteur qui affiche un EBE de 237 €/1 000 L sur la campagne 2013/14. Comme il le souligne, sa participation à un groupe Adage depuis 10 ans l’a aidé à faire évoluer son système et à parvenir à ces résultats. Agnès Cussonneau