Vaches Laitières : La gestion du tarissement dans un troupeau est une phase délicate et déterminante pour un bon démarrage en lactation et une optimisation de la production. Bernard et Alain Yvinec, associés sur leur exploitation située à Plouédern (29), l’ont bien compris.
L’EARL Les Prairies est une exploitation en constante évolution qui gère aujourd’hui, en plus d’un élevage porcin (naisseur et engraisseur) de 120 truies, un élevage laitier composé de 120 vaches, produisant 1,2 million de litres de lait chaque année. La traite y est automatisée, et depuis deux mois la distribution de l’alimentation également. Dans cette période de changements significatifs, la gestion des vaches taries reste efficace : « Pour maintenir les performances et la santé du troupeau, nous gérons spécifiquement les vaches taries en deux lots. »
[caption id= »attachment_817″ align= »aligncenter » width= »300″] Le 2e lot de taries reçoit un aliment spécifique 3 semaines avant vêlage.[/caption]
Une alimentation particulière
La gestion du tarissement est réalisée en 2 lots permettant ainsi de respecter les besoins énergétiques et d’adapter le niveau de protéines, afin d’optimiser la production laitière au démarrage. Deux semaines avant le tarissement, une baisse de l’alimentation se fait progressivement. Les vaches à tarir sont ensuite séparées du troupeau et intégrées au groupe de génisses inséminées, âgées de 15 à 24 mois. Elles constituent ainsi le premier lot. Le passage au deuxième lot se fait trois semaines avant le vêlage. Chaque lot bénéficie d’une alimentation différente, correspondant aux besoins de l’animal. « Il faut stimuler l’ingestion totale, et en particulier celle des fibres, pour faciliter le démarrage en lactation.
La capacité d’ingestion est un élément primordial. Maintenir un niveau élevé d’ingestion pendant le tarissement sécurise la couverture énergétique de début de lactation », affirme Grégory Guénégan, technicien conseil nutrition et lait Triskalia. Par ailleurs, les associés ne font pas pâturer les vaches taries. Le trèfle présent dans l’herbe entraîne de nombreux problèmes métaboliques. Il diminue la sécrétion de parathormone, élément qui régule la calcémie en début de lactation. Les éleveurs préfèrent distribuer, au premier lot, une ration à base d’ensilage de maïs rationné (5-6 kg) avec 5 kg de fibres, de l’azote et un minéral spécifique. Le second lot reçoit la même ration de base, mais complétée avec 2 kg d’Adéliatarie. Cela permet de dynamiser le système immunitaire de la vache et contribue à éviter les problèmes sanitaires de l’après-vêlage, ainsi qu’à développer les papilles du rumen. Ces éléments sont indispensables à un bon démarrage en lactation. Cette gestion en deux lots engendre une meilleure couverture des besoins en énergie, protéine, oligo-éléments et vitamines.
Les éléments clés à prendre en compte au tarissement
- Ne pas tarir une vache en état de mammite clinique
- Respecter une période de tarissement de 6-7 semaines pour la reconstitution des réserve
- Pas de tarissement progressif, il faut bloquer la sécrétion laitière par l’arrêt de la traite
- Évaluer l’état des vaches taries et adapter la ration. Pas de changements alimentaires brutaux pour éviter les troubles métaboliques
Surveiller pour sécuriser
Selon Bernard Yvinec, « garder les vaches en bâtiment assure une certaine rigueur dans la gestion du troupeau, de la sécurité mais aussi de la stabilité pour le démarrage en lactation. Certes, cela représente un coût, mais celui-ci est compensé par des frais vétérinaires relativement bas. Nous recensons peu de problèmes au vêlage ou de fièvres de lait. » La glande mammaire doit également se ressourcer. Mais attention, plus de la moitié des mammites de début de lactation trouvent leur origine dans la période de tarissement. Isoler les vaches du reste du troupeau est donc incontournable pour éviter tout risque d’infection avant le vêlage.
Malgré l’improductivité durant la période de tarissement, la bonne gestion de cette phase est nécessaire au bon démarrage en lactation, aux performances globales du troupeau, mais également aux fonctions reproductrices de chaque vache. « La taille de notre troupeau nous impose une maîtrise de chaque période clé, en particulier, du tarissement » concluent les éleveurs. Élise Kerreneur / Triskalia