Patrimoine À Lignol, à quelques centaines de mètres du château du Coscro, un vieux chêne fait parler de lui. Il est sélectionné pour le concours des arbres remarquables de France 2015.
Pourquoi ont-ils épargné ce chêne multi-centenaire, enclavé dans la cour d’un manoir et faisant de l’ombre à une magnifique bâtisse en instance de rénovation ? « Je n’en sais rien, mais il y a sans doute une raison », répond Jean-Pierre Le Quéré, propriétaire des lieux et passionné de l’histoire locale. L’arbre de Kerverné est, en outre, situé sur le bord d’un ancien axe routier fréquenté. Si l’on se fie à la légende, il serait millénaire et daterait de la bataille de Roncevaux (778). « Le baron local, grièvement blessé à cette bataille, fut ramené sur ses terres par ses pairs. Avant de mourir, il demanda à ceux-ci un dernier service : mettre son épée dans sa main droite et un gland dans sa main gauche. De ce gland est né, sortant de la tombe, le fameux chêne ». Voilà la légende transmise par les générations. Un petit problème, de l’avis d’expert, il ne serait tout de même pas aussi vieux.
Il échappe au 20e siècle ravageur
Selon ces spécialistes, il aurait, plus sûrement, germé dans les années 1 400. Voir un peu plus tard. Un demi-millénaire qui lui a permis d’atteindre 8 mètres de diamètre. Et de surmonter quelques épreuves, notamment au 20e siècle ravageur. « La construction d’une ligne électrique reliant la centrale de Pont Callech à Guéméné, en 1933 signait son arrêt de mort car elle passait à ses pieds. L’ingénieur en chef des forces motrices du Scorff acceptera de faire passer la ligne de l’autre côté de la route. Trois ans plus tard, un camion accroche la branche la plus basse. Résultat : le chêne sera allègrement délesté de 12 cordes de bois ». Un élagage en bonne et due forme dont on voit encore les traces aujourd’hui. La route passant à proximité sera condamnée en 1977, lui assurant un repos bien mérité. Depuis, il bénéficie même de soins attentionnés : débarrassé de ses branches mortes en 2000 par des élagueurs professionnels puis labellisé « arbre remarquable de France » un an plus tard. Il vient d’être sélectionné par Terre sauvage et l’Office national des forêts, avec 24 autres congénères, pour participer au concours de l’arbre 2015. Deux votes auront lieu pour les départager. Le premier, par un jury de spécialistes ; le second, par le grand public, ouvert jusqu’au mois d’août. La remise du prix aura lieu en septembre. Bernard Laurent