Trouver de nouveaux débouchés à l’export de viande de porc

viande-porc-delperat - Illustration Trouver de nouveaux débouchés à l’export de viande de porc

L’année 2014, avec l’embargo russe, a rebattu les cartes du marché mondial de la viande de porc et fait prendre conscience aux exportateurs de la nécessité d’avoir un coup d’avance.

Une très bonne qualité et un très bon sanitaire. Voilà l’image des viandes de porcs françaises à l’étranger. Et voilà aussi ce que demandent les importateurs des pays tiers. De quoi faire un carton à l’export. La filière française exporte 40 % de sa production, soit bien plus de volume qu’elle n’en importe. Problème : le solde commercial est déficitaire en valeur. La France exporte des abats et du gras et importe des pièces nobles, porteuses de valeur ajoutée. Inaporc, qui regroupe des représentants des différents maillons de la filière, concentre ses moyens de communication sur les pays hors Union européenne. « Nos PME ont des liens avec des opérateurs de pays voisins, comme l’Italie notre meilleur client, mais n’ont pas les moyens d’aller sur les salons asiatiques pour contacter et séduire les importateurs », explique Didier Delzescaux, directeur d’Inaporc, intervenant à l’AG de l’organisme de sélection ADN. « Nous les aidons à mettre un pied dans ces pays ». Jouer collectif est donc un impératif, d’autant plus que la France a un faible niveau de production en comparaison à l’Allemagne ou à l’Espagne et que ses entreprises n’ont pas la force de frappe d’entreprises du nord de l’Europe comme Danish Crown (Danemark) ou Tonnies (Allemagne). « Notre image est plus qualitative que quantitative ».

Percée aux Philippines

Inaporc organise des missions et des séminaires et accueille des importateurs et des journalistes étrangers afin de promouvoir la qualité de l’offre et le savoir-faire de la filière porcine française. En juin prochain, une délégation mexicaine visitera 8 entreprises françaises en vue de l’obtention d’un agrément à l’exportation vers ce pays. « Nous avons une méthodologie d’accompagnement de ces entreprises. Il faut qu’elles soient bien préparées à recevoir cette délégation ». Le marché mexicain est important. Les États-Unis y écoulent 800 000 tonnes chaque année et l’Union européenne aimerait leur tailler des croupières. Le séminaire de Taïwan, en 2014, dont le but était de mettre en avant les bonnes pratiques de filière : traçabilité, qualité sanitaire, aura peut-être une suite positive à l’image de celle organisée aux Philippines en 2012. Sans que ce soit la seule explication, les Philippines, gros pays importateur, a accru ses achats en provenance de France de 55 % en 2014 par rapport à 2013, atteignant désormais 32 000 tonnes. La France devient son 3e fournisseur. « Le marché russe, et ses 65 000 tonnes de débouchés, a disparu en 10 secondes », raconte Guillaume Roué, président d’Inaporc. « Il faut 3 ans pour ouvrir de nouvelles frontières. D’où la nécessité d’avoir un coup d’avance ».

Un Chinois en Chine

Depuis 2012, l’interprofession embauche un salarié en Chine. « Un Chinois qui est chargé d’établir un réseau de relations avec les représentants des autorités sanitaires locales, d’accompagner les missions chinoises en France, et plus globalement, de gérer toutes les situations de crispations éventuelles dans les échanges de produits », reprend Didier Delzescaux. Il aura fallu un travail de fond de 2 à 3 ans pour l’ouverture du marché chinois à la charcuterie française. L’organisme interprofessionnel permet aux entreprises exportatrices de participer à plusieurs salons professionnels internationaux. « Nous serons encore présents en Russie cette année, pour cultiver nos liens historiques. Le marché s’ouvrira de nouveau, même si nous ne retrouvons jamais les volumes d’avant l’embargo ». Les salons de Shanghai et de Séoul sont devenus incontournables.

Baisse de l’euro

La progression des ventes sur le marché asiatique en 2014 a compensé, en partie, la perte du débouché russe. La parité euro-dollar a favorisé cette évolution. « Il est difficile de connaître l’impact exact de la baisse de l’euro compte tenu des turbulences du marché en 2014, mais il n’est pas négligeable ». Les efforts pour exporter doivent redoubler. L’accord de libre-échange avec le Canada promet déjà un afflux de 80 000 tonnes de jambons sur le marché européen chaque année. Un accord avec les USA accentuerait ce volume. Bernard Laurent

[caption id= »attachment_435″ align= »aligncenter » width= »200″]Dominique Duprat Directeur général adjoint Delpeyrat Dominique Duprat
Directeur général adjoint Delpeyrat[/caption]

Avis de Dominique Duprat, Directeur général adjoint Delpeyrat

« Nous avons récemment obtenu l’agrément pour exporter en Chine et aux États-Unis. Pour la 1re fois, l’an denier, nous étions donc présents au salon alimentaire de Shanghai. Suite à cette exposition, nous avons embauché une Chinoise pour faire le lien avec des distributeurs locaux contactés. Nous avons beaucoup travaillé pour obtenir l’agrément et nous prendrons les moyens de notre développement dans ce pays. Nous visons les ventes aux particuliers aisés et aux restaurants pour conforter une image haut de gamme que nous avons déjà dans le foie gras et le saumon fumé. Nos 1ers jambons de Bayonne arriveront en Chine en fin d’année 2015 et, en parallèle, aux États-Unis au mois de juin prochain. L’export est un travail de longue haleine réalisé en collaboration avec l’interprofession, les services du ministère et la fédération de la salaison. »


Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article