Porc : Du « sur-mesure » avec les autovaccins

porc-vaccins-autovaccin-alveltis - Illustration Porc : Du « sur-mesure » avec les autovaccins

Plus de 20 % des éleveurs du groupement Aveltis ont recours à l’autovaccination pour protéger leurs animaux.

Promouvoir la recherche dans le domaine de l’utilisation de vaccins ou d’autovaccins. C’est l’une des mesures mentionnée dans le plan Éco-antibio qui vise à réduire les antibiotiques en élevage. C’était aussi l’un des thèmes abordés lors du forum technique du groupement Aveltis sur l’économie de médicaments. Que dit la réglementation sur le sujet ? L’autovaccin est un vaccin inactivé. Son utilisation se limite à l’élevage dont sont issus les antigènes qui le composent. Du « sur-mesure », pour l’élevage affecté par la maladie. « Le recours à un autovaccin est autorisé seulement dans les cas où il n’existe pas de vaccins avec autorisation de mise sur le marché (AMM) pour la maladie concernée », précise Sylvia Turci, vétérinaire Aveltis. Les principales indications des autovaccins à destination des porcs sont les actinobacilloses, les colibacilloses, les diarrhées postnatales à entérocoques et les streptococcies. Ils sont essentiellement utilisés sur les reproducteurs afin de gérer le microbisme du troupeau (coût moins élevé). « Il s’agit de protéger les porcelets via le colostrum, du moins de baisser la pression infectieuse ». Ils sont utilisés ponctuellement sur les porcs charcutiers pour une protection clinique ciblée.

Comment un autovaccin est-il fabriqué ?

Un prélèvement est effectué dans l’élevage sur un animal malade ou mort, lors d’une autopsie. L’échantillon est expédié rapidement au laboratoire qui identifie et isole l’agent responsable de la maladie. Une ordonnance vétérinaire est effectuée préalablement à la fabrication de l’autovaccin. Les différentes étapes de son élaboration au labo (production, choix de l’excipient…) se succèdent dans des zones spécifiques, sous atmosphère contrôlée. L’inactivation des bactéries, par traitement physique ou chimique, est une étape primordiale. Elle permet d’annuler leur action pathogène sans les dénaturer afin de conserver leur pouvoir immunogène. En effet, elles doivent rester, autant que possible, antigéniquement analogues aux bactéries vivantes. Après divers contrôles, l’autovaccin est administré aux animaux cibles dans l’élevage concerné et peut contribuer à l’élimination d’une maladie chronique.

De 6 % à 1,5 % de pertes en engraissement

Dans les 70 élevages Aveltis ayant recours à l’autovaccination, 48 les appliquent sur les truies et 29 sur les porcelets. Dans la majorité des cas, une seule souche de bactéries est présente dans l’autovaccin. Souvent des streptocoques et des actinobacilles voire des E.Coli pour les truies et des actinobacilles pour les porcelets. Les autovaccins permettent néanmoins d’associer plusieurs valences, ce qui diminue le nombre d’injections vaccinales. Le coût des manipulations, les nuisances qui en résultent pour les opérateurs et le stress occasionné chez les animaux sont ainsi réduits. Dans l’un des élevages enquêtés (500 truies) un problème d’actinobacillose pénalisait l’engraissement depuis 2012 : augmentation des traitements antibiotiques, des pertes et des saisies à l’abattoir. Un autovaccin réalisé à l’entrée en engraissement dès le début 2014 a enrayé la maladie. Le taux de pertes qui atteignait 6,3 % au plus fort des crises est redescendu à 1,5 % au 1er trimestre 2015. Le GMQ 30-115 kg limité à 650 grammes est actuellement à 771 g. Les supplémentations orales et les injections d’antibiotiques ont régressé. Les dépenses de santé totales, de 4,86 €/porc en début 2014, sont, au 1er trimestre 2015, à 4,21 €/porc. « L’efficacité d’un autovaccin repose sur la qualité du diagnostic clinique et de l’isolement bactériologique », assure la vétérinaire qui indique que les résultats sont également satisfaisants sur les problèmes liés à la présence de streptocoques. Au bout de quelque temps, l’autovaccin peut ne plus correspondre au pathogène qui circule dans l’élevage. Il faut refaire une analyse des souches circulant dans l’élevage qui peuvent avoir évolué. Bernard Laurent


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