Innovation La microméthanisation, encore peu développée en France, pourrait bien contribuer à capter le biogaz des effluents d’élevage,en proposant des solutions techniques standardisées et particulièrement adaptées au monde agricole.
La méthanisation agricole, dont les premières unités bretonnes sont sorties de terre dans les années 2000, continue à se développer sur nos territoires. D’un peu moins de 30 unités agricoles (individuelles ou collectives) début 2014, le nombre d’installations en fonctionnement en Bretagne avoisinera les 45 à la fin 2015. Cette progression, certes régulière, n’est toutefois pas à la hauteur des objectifs nationaux.
Les niveaux d’investissement, le caractère aléatoire de certains approvisionnements et la nécessaire valorisation de la chaleur sont encore des freins à l’aboutissement des projets : encore émergente en France, la microméthanisation apporte des solutions simples et particulièrement adaptées à la réalité des exploitations agricoles.
Qu’est-ce que la microméthanisation ?
La microméthanisation désigne les installations dont la puissance électrique du cogénérateur est inférieure à 80 kW. Le cogénérateur est un moteur associé à une génératrice permettant de produire de l’électricité à partir de la combustion du méthane contenu dans le biogaz. À titre de comparaison, en Bretagne, les installations « classiques » de méthanisation à la ferme ont une puissance moyenne d’environ 200 kW.
Alors que ces unités nécessitent des quantités de matières importantes (effluents d’élevage, cultures intermédiaires, déchets agroalimentaires…), la microméthanisation s’appuie essentiellement sur les gisements disponibles de l’exploitation : sur ces unités déjà en fonctionnement en France, le « menu » permettant de produire le biogaz est composé à plus de 80 % de lisier ou de fumier. La maîtrise du gisement permet un fonctionnement régulier de l’unité et évite les mauvaises surprises sur le chiffre d’affaires.
D’un point de vue technique, les solutions sont nombreuses : l’Ademe suit actuellement le fonctionnement de 7 unités en phase de test. Certains constructeurs privilégient la ration sèche (essentiellement fumier) avec une manutention régulière pour remplir et vider une série de réacteurs (Naskéo Méthajade, Eribox…) tandis que d’autres misent sur une ration liquide essentiellement basée sur du lisier (Biolectric, Agrofutur…). Enfin, quelques systèmes sont conçus pour accepter un mélange de matières liquides et solides (Valogreen, Host, Evalor,
Arkolia, Bio4Gaz, Agréole Développement…). À l’échelle européenne, le programme Bioénergy Farm 2 entend favoriser la multiplication des unités de micro-méthanisation en proposant des outils d’analyse à destination des techniciens.
Le lisier, une source de revenus en Belgique
Dotée d’un mécanisme de soutien spécifique pour les petites unités, la Belgique voit se développer la microméthanisation avec comme seul intrant le lisier bovin. Voici deux exemples d’installations mises en place par Biolectric :
• Au cœur des Ardennes, Steven et Veerle Devos-Delbecque se sont installés en 1999 au sein d’une ferme laitière. Pour diminuer leurs coûts énergétiques et améliorer la qualité de la fourniture d’électricité, ils installent une unité de microméthanisation en 2012, la 3e montée par Biolectric en Belgique. Après les réglages du démarrage, ils sont aujourd’hui autonomes en énergie et pleinement satisfaits.
• Plus récemment, encouragés par le développement d’unités Biolectric en Flandre, Christel Buyse et son mari Michel van Ongeval, se lancent à leur tour : à la tête d’une exploitation de 200 vaches laitières, ils souhaitent mieux maîtriser les coûts énergétiques de leurs deux robots de traite. Chaque jour, 5 à 8 m3 de lisier bovin frais alimentent l’unité par pompage. Le digestat, peu odorant, permet une diminution de la consommation d’engrais et de la repousse d’adventices. La production de biogaz est valorisée par un moteur Kubota de 3 cylindres sous forme de 80 000 kWh électriques par an.
Une rentabilité encore liée aux subventions, mais pas toujours…
Si la filière française de microméthanisation n’en est encore qu’à ses balbutiements (25 unités en service), l’Italie compte 70 unités de moins de 100 kW et l’Allemagne 500 unités de moins de 70 kW. Pourquoi une différence si importante ? Les tarifs de rachat de d’électricité, plus élevés ces dernières années chez nos voisins, constituent une partie de la réponse. Quand le kWh électrique est racheté en France à 21 centimes d’euros maximum, il est mieux rémunéré de 10 à 20 % dans les installations allemandes ou italiennes.
Le niveau d’investissement est un autre facteur clé de la rentabilité des projets. Il est actuellement autour de 11 000 €/kW en France pour des unités de microméthanisation « sur-mesure », mais il peut être compressé grâce à des solutions très standardisées et rapides à monter. C’est le cas de Biolectric qui propose une gamme de trois types d’installations (22, 33 ou 44 kW) pour des investissements allant de 200 000 à 350 000 euros tout compris (cf encadré). Dans ce contexte, certains projets peuvent s’avérer rentables même sans subventions à l’investissement. Et, à partir de 2 500 t de lisier frais produit chaque année, ça s’étudie… Mathieu Dufour / Triskalia
Une question ?
Le service méthanisation de Triskalia et les magasins Cultivert sont à votre écoute :
- Service méthanisation Triskalia : Mathieu Dufour, 06 25 13 71 00
- Cultivert Landerneau : Pierre Leroy, 06 63 37 20 44
- Cultivert Carhaix et Quimper : Jacques Cosmao, 06 63 33 31 97
- Cultivert Combourg : Gurvan Talvas, 06 22 44 39 47
- Cultivert Quimperlé et Pontivy : Fabrice Bernard, 06 30 42 13 06 et Alain Bily, 06 63 34 42 61
- Cultivert Guingamp et Mûr-de-Bretagne : Julien Amiry, 06 72 56 59 08
- Cultivert Lamballe : Patrick Briens, 06 63 33 46 72