Les filières animales et notamment la filière avicole subissent de gros changements. La recherche de compétitivité et de performances incite les éleveurs à se moderniser et à investir dans de nouvelles technologies pour collecter plus de données.
« Les éleveurs ne font pas que produire des animaux, ils produisent aussi des données », a livré un participant à la journée technique du Zoopole de Ploufragan le jeudi 18 juin. Pour Gilles Salvat, directeur de l’Anses à Ploufragan : « la ferme du futur collectera toutes les données de l’élevage au service de la santé animale. » Il constate que les filières animales sont en profondes mutations. « Les filières avicoles ont subit l’arrêt des additifs antibiotiques facteurs de croissance, puis le passage à l’alimentation en tout végétal. La demande est croissante en produits découpés. Elle engendre un essor des souches à croissance rapides et lourdes. » Il met en lumière la différence entre la vision du grand public et la réalité de la production avicole. « On entend souvent parler de poulets en batterie mais ça n’existe pas en France, les poulets de chair sont tous élevés au sol. Ils pensent aussi qu’on lance des grains de blé aux poulets élevés en plein air, alors que nous conseillons l’inverse pour ne pas attirer les oiseaux sauvages. » Le directeur de l’Anses pointe aussi le parc bâtiment vétuste (âge moyen proche de 20 ans) et souvent mal isolé, mal chauffé et mal ventilé, qui n’est pas adaptés aux souches à croissance rapide.
Des bâtiments limitant l’empreinte environnementale
Il faut s’orienter vers la création de bâtiments limitant l’empreinte environnementale de type BEBC, à énergie positive ou avec production d’énergie commercialisable. L’installation d’échangeurs récupérateurs de chaleur se démocratise avec à la clé une diminution de l’hygrométrie et une meilleure qualité de litière. D’autre part, la prise en compte des stades physiologiques et de leurs particularités est un facteur de progrès technique. Les dindonneaux ont des besoins différents lorsqu’ils sont jeunes. La construction de poussinières pour les élever jusqu’à la 5e semaine avant de les envoyer en bâtiment d’engraissement est une piste à explorer. Autre sujet de société à l’échelle mondiale : la réduction de l’utilisation d’intrants médicamenteux qui passera par une meilleure gestion sanitaire et une adaptation de la génétique à ces nouvelles conditions d’élevage. « Il faudra que la surface moyenne des exploitations avicoles augmente pour rentabiliser ces investissements. La taille moyenne d’un élevage en France est de 1 600 m2 alors qu’en Allemagne elle est de 4 500 m2. »
Prévoir les pathologies avant qu’elles ne s’expriment
Le développement de l’élevage de précision passe par une intégration des techniques de construction HQE (haute qualité environnementale) dans la conception et la réalisation des bâtiments. « Les élevages utilisent déjà de nouvelles technologies pour la surveillance et le pilotage, cette tendance va continuer à se développer. Les caméras, micro, balances, capteurs de NH3, de CO2, d’H2S… permettront de prévoir les pathologies avant qu’elles ne s’expriment. Les éleveurs pourront prévenir plus tôt, traiter plus vite et plus fort mais moins longtemps. Avec cette technique on constate moins de résistances. » Il faut donc des outils qui permettent d’intégrer toutes ces données d’entrée et de sortie de l’élevage pour que l’éleveur puisse disposer d’indicateurs fiables en continu. « C’est une opportunité pour l’aviculteur de dégager du temps pour le travail animalier et l’observation des animaux. Malgré tout, il y a une nécessité de disposer de domaines expérimentaux pouvant évaluer les conséquences de ces systèmes. Toutes ces nouvelles technologies équiperont les futurs poulaillers de l’Anses de Ploufragan », explique Gilles Salvat. Nicolas Goualan