En aviculture, la rénovation permet d’améliorer significativement les résultats techniques et de garantir l’avenir d’un élevage.
Malgré une légère reprise liée à l’amélioration des résultats économiques depuis la crise aviaire, le taux de construction de bâtiments neufs stagne aujourd’hui à 2 %. Il est à peine plus élevé que le taux de disparition actuel. Aujourd’hui près de 60 % des bâtiments ont plus de 20 ans. Pour un renouvellement régulier du parc, il faudrait que le taux ne dépasse pas 25 %.
Leviers d’actions
À défaut d’un bâtiment neuf, il est toujours possible de rénover l’existant en fonction des niveaux de performance obtenus et souhaités. La rénovation est un bon compromis pour moderniser le bâtiment, ses équipements et ses matériaux. Elle est d’autant plus nécessaire si les performances se dégradent. Pour cela, il convient d’examiner uniquement les éléments qui influent sur les performances techniques telles que l’équipement, l’agencement et la conception du bâtiment. Ainsi, tous les postes de charges susceptibles d’impacter la rentabilité seront listés et évalués. Généralement, la rénovation est l’occasion de refaire l’isolation et l’étanchéité du bâtiment. En effet, une étude Cogedis-Fideor indique que les frais de combustibles représentent entre 4 et 6 €/m2/an en poulet et en dinde. Autre poste important : la modification des équipements tels que les systèmes d’alimentation, de chauffage et de ventilation.
L’indispensable étude prévisionnelle
L’étude prévisionnelle de plusieurs scénarii de rénovation permet d’évaluer la rentabilité et le retour sur investissement de chacun. L’exemple ci-dessous présente l’étude de deux projets de rénovation d’un bâtiment de 1 000 m2 avec une marge brute assez faible de 24 €/m2. Le projet 1 comprend une amélioration de l’isolation, du refroidissement et du système d’alimentation du bâtiment. Le projet 2 prévoit une refonte importante de l’isolation, du chauffage, des systèmes d’alimentation et d’abreuvement ainsi que la mise en place de la ventilation dynamique. Bien que plus ambitieux et plus coûteux, les gains de marge brute engendrés par l’amélioration des performances énergétiques et techniques du second projet permettent de le rentabiliser plus facilement.
Pérennité de l’élevage
Une fois les marges de progrès spécifiées, le producteur peut envisager des investissements de rénovation. Il est fortement recommandé de réaliser une étude prévisionnelle pour déterminer l’impact de ces investissements sur la trésorerie et la rentabilité du projet. Si la marge brute, engendrée par les modifications du bâtiment, dépasse la marge brute d’équilibre, la trésorerie s’en trouvera améliorée. De même, si les produits prévisionnels sont supérieurs aux charges, la rentabilité sera meilleure. Attention cependant car cette dernière dépendra fortement de la conjoncture sur laquelle le producteur n’a aucune influence. L’investissement représente alors une véritable prise de risque. Ainsi, un éleveur qui s’est engagé à une forte obligation de résultat suite à un investissement peut se retrouver dans une position délicate suite à une brusque dégradation conjoncturelle. C’est d’ailleurs une des raisons qui freinent beaucoup de producteurs à la construction d’un bâtiment neuf. Malgré tout, la rénovation de bâtiment permet d’améliorer les performances et d’être plus compétitif. C’est avant tout une décision stratégique pour garantir la pérennité de l’élevage. Christophe Séité / Cogedis-Fideor