De bonnes nouvelles pour la pomme de terre

recolte-pomme-de-terre-loguivy-sur-mer-22 - Illustration De bonnes nouvelles pour la pomme de terre

Après une campagne 2014 catastrophique, la filière de la pomme de terre s’est retroussé les manches pour tenter de rebondir.

« Nous sortons d’un énorme marasme… En 2014, le marché était plombé au 25 mai. Il a fini à 5 ct / kg et tout n’a pas été vendu… », ressasse l’un des 250 producteurs de pomme de terre primeur bretons. Conséquence immédiate, les surfaces qui avaient augmenté de 13 % entre 2013 et 2014 font état de fortes baisses cette année : – 30 %  dans le Finistère, – 30 % dans les Côtes d’Armor, – 50 % en Ille-et-Vilaine.

En sandwich entre les récoltes de pomme de terre de conservation

« La campagne écoulée a effectivement été catastrophique », confirme Hubert Jacob, vice-président de l’UCPT. La faute à des stocks très conséquents de pommes de terre de conservation (en particulier en chair ferme) ayant occupé les rayonnages : « La primeur, qui est produite à partir de début mai, n’a jamais réussi à trouver une véritable place sur le marché avant la mi-juillet 2014… » De plus, comme la météo du printemps et du début d’été avait été favorable à la croissance des plantes, « les bassins de production de pomme de terre de conservation précoce sont arrivés en avance : dès fin juillet, la nouvelle récolte de ces régions venait déjà en concurrence de la primeur. » Le président de la fédération nationale des producteurs de pomme de terre primeur, André Minguy, de Ploumoguer (29), résume : « En 2014, notre créneau primeur a disparu, pris en sandwich entre l’ancienne et nouvelle récolte de pomme de terre de conservation. » Si bien que la seule fenêtre réelle de vente s’est concentrée sur la dernière quinzaine de juillet. Guillaume Rostoll, chargé de communication à l’UCPT, explique : «  En Bretagne, un tiers de la production n’avait toujours pas été commercialisé au 15 août, date officielle de fin de saison de la primeur : les volumes étaient alors de l’ordre de 12 000 t (y compris sous-abri et bio), sur un potentiel estimé à 18 000 t. C’était 24 % de moins que 2013, malgré des surfaces en augmentation au niveau régional… » Au final, « le prix moyen brut a ainsi été divisé par 2 par rapport à 2013 et rien qu’en Côtes d’Armor, plus de 2 000 t ont été détruites ».

Vraie primeur

André Minguy rappelle la définition officielle de la primeur : « Une pomme de terre fraîchement récoltée avant sa pleine maturité dont la peau s’enlève facilement sous la simple pression du doigt. » Fraîchement récoltée, mais pas stockée, « sinon c’est une pomme de terre nouvelle… » Sans oublier que le décret stipule qu’en dehors du créneau de début mai au 15 août, personne ne peut utiliser le terme primeur en France.

La concurrence déloyale de la pomme de terre nouvelle

Dans les campagnes, certains s’emportent : « Il y a deux problèmes : la pomme de terre de consommation s’est positionnée en lavable… Et les GMS, qui ont changé la donne du marché, n’ont pas d’état d’âme dans le référencement et l’affichage en primeur de produits qui ont passé plusieurs mois au frigo. Il y a beaucoup de tromperie. » Hubert Jacob va dans ce sens : « La vraie notion de primeur a été galvaudée par de la pomme de terre d’import qui n’a de primeur que le calendrier de commercialisation. » Régulièrement montré du doigt, l’Israël « récolte tout et envoie par bateau ses pommes de terre vers des frigos de stockage en Europe pour être conditionnées à la demande », confie Pierre Gélébart, chef produit chez Prince de Bretagne. Avant de venir dans les rayons concurrencer la vraie primeur, « fraîchement récoltée ».

Une nouvelle approche offensive

Mais face à ces « défauts de balisage en magasin », les responsables de la filière ne se sont pas laissés abattre. « Au contraire, il faut être dans l’innovation permanente », lâche André Minguy. À l’échelle nationale, la profession a travaillé sur un logo relooké avec un coq sur un clocher et la dénomination « Primeur de France, fraîchement récoltée ». Chez Prince de Bretagne, la gamme a été limitée à deux références « Primaline ou Primabreizh pour bien identifier le terroir ». C’est aussi la première année que quasiment tous les volumes sont vendus aux négociants en primeur lavée tourbée, « une manière de se démarquer des circuits courts ». Une bonne idée : « Toutes les enseignes sont reconnaissantes car le produit ne salit plus le rayon et des négociants réticents sont revenus vers nous. » En 2015, la primeur est aussi davantage mise en avant « à proximité des légumes frais, en tête de gondole… Des animations en rayon avec des hôtesses Prince de Bretagne, ou dans l’idéal des producteurs, sont programmées… » Et une campagne de promotion sur plusieurs radios débute le 12 juin pour rappeler que « la primeur est là… » Et Pierre Gélébart de noter que « le travail de fond mené par les représentants des producteurs paie. C’est assez flagrant, en primeur, les enseignes mettent en avant l’origine France cette année. » Pour l’instant, on touche du bois, « la campagne est correcte, sur les bases de 2013, mais nous n’en sommes qu’au tout début », conclut André Minguy. Toma Dagorn

L’avis de André Minguy, section pomme de terre primeur de l’AOP Cérafel

Au niveau national, nous avons accompli un gros travail pour redonner de la dynamique à la primeur. Dès août, à l’Interprofession qui rassemble toutes les familles -production, négoce, distribution- nos actions de communication, sensibilisation et recommandation ont incité négoces et distributeurs à laisser une place honorable à la primeur en rayon pendant sa période de commercialisation.

Les GMS semblent avoir compris le message et jouent le jeu depuis début mai en référençant la primeur pour proposer quelque chose de printanier annonçant l’été. J’ai senti ces efforts… Notre message était de dire qu’il y a suffisamment de pomme de terre en France et cette année, on voit très peu la concurrence étrangère.


Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article