« Si nous n’y allons pas, ce sont les Chinois qui vont venir chez nous, apprendre et profiter des opportunités », déclare Marc Larousse de la société Alltech. Un marché à développer sur le long terme.
1,3 milliard d’habitants, entre 200 et 400 millions de personnes de classe moyenne, 16 millions de naissance par an… Devenue la locomotive de la demande mondiale, la Chine est un marché convoité. Les entreprises étrangères souhaitent pouvoir y exporter leurs produits, y investir, ou créer des partenariats dans leur propre pays en collaboration avec des Chinois. « Il faut aller en Chine, comprendre comment ils fonctionnent, des opportunités existent là-bas », déclare Marc Larousse, vice-président business développement d’Alltech, groupe mondial en santé et nutrition animale, présent dans 128 pays sur 41 sites de production. « Les clients de demain ne seront pas les clients d’aujourd’hui. Les coopératives, la production française doivent s’adapter pour répondre à ces nouveaux marchés », a-t-il ajouté lors de son intervention à l’assemblée générale d’Eilyps, le 9 juin, à Pacé.
Boom des importations suite à la mélamine
Le scandale de la mélamine qui a éclaté en 2008, faisant 300 000 victimes dont 6 nourrissons morts, a ouvert le marché chinois aux importations. En 5 ans, le pays est passé de 92 % à 80 % d’autosuffisance. Aujourd’hui, la demande chinoise en produits laitiers devrait se poursuivre. D’après le PDG de Fonterra, le plus grand exportateur mondial de produits laitiers (Nouvelle-Zélande), elle devrait augmenter de 36 millions de tonnes, triplant sa valeur à 71 milliards de dollars, d’ici 2020.
La Chine souhaite par ailleurs développer sa propre production, au plus près des centres urbains. « Ils souhaitent développer un modèle pour leur industrie laitière. Alors que la production moyenne en Chine est de 2 600 L/VL/an, augmenter le rendement est un objectif. La génétique chinoise va être développée, les recherches sur les OGM ne sont pas freinées là-bas. » Présente depuis une trentaine d’années en Chine, la société Alltech est partenaire du Dairy Farming Institute, créé par Nestlé à Shangaï, comprenant une université, un centre de recherche et trois exploitations de 400, 1 000 et 5 000 VL.
Des élevages géants
Les petits élevages de moins de 20 vaches sont encore légion, mais le nombre de grosses exploitations explose. Elles sont encouragées par les autorités chinoises, avec des salariés formés, susceptibles selon elles de fournir une meilleure sécurité sanitaire. Des entreprises laitières étrangères investissent dans ces grandes structures.
Côté gamme, les Chinois consomment surtout des laits infantiles, du lait liquide, notamment aromatisé, et des yaourts. « La grande majorité des produits sont encore UHT, mais la demande s’accroît en lait pasteurisé. Les gens riches s’orientent par ailleurs vers du bio et des produits naturels. » Agnès Cussonneau