Quand la géopolitique s’en mêle. Le recul de la demande de certains grands importateurs retentit sur le commerce mondial de produits laitiers.
Sur les quatre derniers mois, la Chine a réduit ses importations de poudre de lait écrémé de 33 % et de poudre grasse de 53 %, a souligné FranceAgrimeMer lors du dernier comité lait de vache qui s’est tenu le 11 juin. La baisse cumulée de ces deux produits représente l’équivalent de la production annuelle des troupeaux breton et normand réunis. Quand la Chine fait les choses, elle donne tout de suite la mesure…
Trouver d’autres débouchés
Les pays exportateurs ont dû trouver des solutions alternatives d’autant qu’il existe une importante quantité de lait à écouler dans les principaux bassins producteurs (+ 54 000 t sur 3 mois sur les 5 principaux pays producteurs). À titre d’exemple, la Californie touchée par la sécheresse n’a pas trop ralenti sa collecte.
Tous les échanges de produits laitiers, hormis la poudre de lait écrémé, ont connu un ralentissement sur le premier trimestre 2015. Sur le seul marché de la poudre de lait écrémé en développement (+ 16,7 %), l’Europe se place en pole/position avec 35 000 tonnes supplémentaires sur pays tiers. Pour compenser des pertes de volume sur la Chine, l’UE s’est tournée vers le Bangladesh, le Pakistan, l’Égypte. Les États-Unis qui ont subi un sérieux revers sur la Chine (- 45 % au 1er trimestre) ont privilégié les ventes sur pays voisins, comme le Mexique où le lait américain a bondi de 40 %.
Euro bienfaiteur
La Nouvelle-Zélande moins touchée sur son débouché chinois en poudre écrémée a vu ses ventes de poudre grasse fondre sur l’Empire du milieu (- 65 % en 4 mois). Le pays s’est retourné vers les Émirats arabes unis, l’Algérie et la Malaisie pour la poudre grasse et sur l’Asie pour la poudre de lait écrémé. Quant à l’Australie sérieusement impactée par les achats chinois (- 39 % en poudre écrémée et – 90 % en poudre grasse), elle a dû trouver des débouchés sur le pourtour asiatique pour écouler sa marchandise.
Autre point noir sur la planète laitière, l’embargo russe perturbe sérieusement le commerce européen. Les fromages non vendus vers la Russie (1/3 du total exporté) ont trouvé partiellement des débouchés en Afrique et Asie. Au total, les exportations de fromages ont reculé de 25 000 t sur le premier trimestre. Consolation dans ce contexte chahuté, la parité monétaire rend l’Europe plus compétitive sur le marché mondial. D. Le Du