Sur 60 ha situés en bassin versant contentieux, Nicole et Patrick Collet produisent 500 000 L de lait, avec des coûts bien maîtrisés. La qualité des fourrages prime sur l’élevage.
« Dans le contexte laitier d’après-quotas, la cohérence du système fourrager est un atout, permettant de produire du lait au meilleur coût », cadre Pascal Allo, responsable Conseil nutrition et lait Triskalia sur les Côtes d’Armor. Installés à Plourhan (22), Nicole et Patrick Collet produisent 500 000 L de lait sur 60 ha, tous situés en BV contentieux avec un plafond de 140 u N/ha maxi. Malgré cette contrainte, ils font partie de ces éleveurs qui optimisent leur système fourrager, obtenant une marge sur coût alimentaire de 312 €/1 000 L sur 2013/14 (CA lait global – coût alimentaire). Le lait produit atteint 9 411 L/VL, et 10 628 L/ha de SFP. Sur trois ans, les éleveurs souhaitent développer leur volume de production, visant 600 000 L. L’augmentation du lait par ha de SFP est un objectif.
L’exploitation sera ouverte le jeudi 25 juin, dans le cadre de l’opération Innov’Action (de 10 h 30 à 17 h). À voir aussi la rénovation de la nurserie.
Conduite du robot en aire paillée
« Nous avons mis en place un robot de traite en 2014 pour des raisons de qualité de vie. Malgré cela, nous avons conservé un assolement identique, avec 25 ha de maïs ensilage, 21 ha de prairies temporaires et permanentes, et 14 ha de cultures de vente. Le pâturage a été conservé, passant toutefois de 25 ares/VL avant robot à 15 ares après. L’herbe est un plus pour les bovins. Nous réservons une parcelle fraîche tous les jours aux vaches », ont détaillé les producteurs lors des journées sur l’AEI (Agriculture écologiquement intensive) organisées par Triskalia le 9 juin à Noyal-Pontivy (56).
15 à 20 % des pâtures sont retournés chaque année. « Des prairies qui durent trop deviennent moins productives. Du rumex, des chardons s’installent », explique leur conseiller cultures. Le pâturage des VL est constitué de RGA tardif/trèfle blanc et le lisier vient fertiliser les prairies le plus tard possible. Les pâtures des génisses et taries sont implantées en RGA diploïde – trèfle. Les stocks sont constitués de foin, d’enrubannage et d’ensilage. Le conservateur utilisé pour l’enrubannage permet de conserver l’efficacité énergétique et protéique.
Du côté du maïs, les rotations, le choix des variétés (rustiques sur les parcelles séchantes), et un désherbage optimisé génèrent également une bonne valeur alimentaire. « De la phacélie implantée suite aux cultures de vente permet d’améliorer la structure des sols. Le désherbage est à la carte. Un binage est réalisé au stade 8-10 feuilles du maïs. » Les producteurs sont par ailleurs vigilants sur le moment de récolte, visant un taux de MS de 34 à 35 % avant ensilage, avec des brins courts et des grains très bien « attaqués ».
Des solutions « travail »
« L’efficacité économique nous permet de réaliser des investissements pour améliorer notre confort. Avec le robot, notre travail est moins physique et davantage technique », précisent les producteurs qui embauchent également un salarié en groupement d’employeurs (20 %). « On est par ailleurs adhérent à une Cuma avec tracteur et chauffeur, et les récoltes sont faites par ETA. La délégation nous permet aussi de nous consacrer pleinement à l’atelier lait. » L’exploitation affiche un taux de renouvellement de 41 %. « Nous gardons toutes les génisses. Le coût de l’élevage, de 1 350 €/génisse, est récupéré sur le marché. »
Concentrés plafonnés en hiver
Logées sur aire paillée, les vaches sont nourries à volonté et disposent d’une place au cornadis chacune. « Les surplus sont donnés aux génisses le lendemain », ajoute Patrick Collet. La complémentation est individualisée et automatisée (1 422 g/VL). « La production laitière par VL est passée de 30-32 L à 35 – 37 L, suite à la mise en place du robot. Les charges n’ont pas explosé, elles ont juste augmenté de 5 €/1 000 L. » En hiver, les concentrés sont plafonnés, les producteurs misent avant tout sur des fourrages de qualité et sélectionnés pour produire du lait… Agnès Cussonneau