Compte tenu de la baisse des débouchés internes, liées à la moindre consommation animale, le blé breton devra être capable de se positionner à l’export. Il devra afficher 11 % de protéines.
Auparavant, la Bretagne importait des céréales. Actuellement, le flux de marchandises s’inverse. L’effectif animal diminue et les indices de consommation continuent de s’améliorer. Les besoins sont moindres. La région se tourne vers les marchés étrangers pour écouler une partie de sa production. Problème : à moins de 11 % de protéines, le marché export se ferme. « À l’avenir, c’est l’export qui va tirer le prix du blé », assure Martin Renaud, de la Cecab. « S’il ne peut pas s’écouler, les stocks vont s’accroître et le prix va s’effondrer ». Cette amélioration du taux de protéines devra se faire sans perte de rendement et sans intrants supplémentaires. Alors, quels sont les leviers ?
Nouvelles variétés
« À rendement équivalent, les variétés les plus performantes peuvent apporter 1 % à 1,2 point de protéines », indique Olivier Michel, de la Cecab. Sur la parcelle d’essais de Mellac, une cinquantaine de variétés sont testées, dont neuf, dites améliorantes, qui sont comparées aux variétés standards les plus riches en protéines. L’enjeu est de conjuguer taux de protéines avec maintien des rendements. La dose d’azote apportée, son fractionnement, sa forme expliquent aussi une part des variations du taux de protéines, tout comme l’utilisation ou non de fongicides. « Des essais réalisés l’an dernier ont montré qu’un écart de 40 unités d’azote (entre une dose prévisionnelle de 170 UN et optimale de 210 UN) entraîne une différence de 3,4 quintaux et de 0,8 point de protéines ». Plus on met de l’azote, plus on fait du rendement… mais aussi de la protéine. Il serait intéressant de connaître les reliquats dans le sol, après récolte. « Une absence d’azote démontrerait que la dose prévisionnelle est souvent imparfaite ».
Farmstar couvre 16 000 hectares
Ce problème de qualité des blés s’explique souvent par des apports d’azote trop précoces par rapport aux stades des cultures, des doses élevées apportées avant le stade épi 1 cm et par une moins bonne maîtrise de la dose du dernier apport. Des essais de 2014 montrent que le fractionnement idéal pour assurer rendement et protéines était de 40 unités apportées au tallage, 90 au stade épi 1 cm et 40 au stade DFE (dernière feuille étalée). Ce positionnement du 3e apport était préférable au stade DFE-gonflement qu’au stade 2 nœuds ou au stade épiaison qui assure un bon taux de protéines au détriment du rendement. Ces doses totales et ces fractionnements adéquats seront d’autant plus faciles à évaluer avec le développement des nouveaux outils de pilotage, tels que Farmstar (expertise agronomique et images satellites), qui couvre déjà 16 000 hectares chez les adhérents de la Cecab ou les matériels d’épandage de précision. Bernard Laurent