Légumes : Les rendements au rendez-vous, pas les prix

philippe-guenin-directeur-joseph-rousseau-president-yvon-auffret - Illustration Légumes : Les rendements au rendez-vous, pas les prix

Baisse des prix, pression par rapport à l’utilisation de produits phyto ou certification plus exigeante, l’année passée laisse un goût amer à l’association d’organisation de producteurs.

La campagne 2014 restera qualifiée d’année difficile. Que ce soit pour les artichauts, les endives ou les choux-fleurs, la rémunération n’a malheureusement pas été à la hauteur des attentes.
Pour les artichauts, les apports sont plus élevés qu’en 2013. Estimés à 30 000 tonnes, soit 3 millions de colis, les bons rendements ont fait chuter les prix, et les invendus sont en forte hausse sur juin et septembre. Les prix restent moyens pour le petit violet. « Les 39 millions de têtes apportées en 2014 sont en hausse de 7 millions, avec des surfaces en baisse. Les invendus du printemps et les trois grosses semaines d’apports de septembre laissent le sentiment d’une campagne décevante, le prix s’établissant à un peu moins de 15 centimes », expose Anne-Sophie Herry, responsable produit au Cérafel.

Le bio s’en tire mieux

Peu de productions échappent à ces conditions climatiques particulières. L’hiver doux n’a pas poussé à la consommation de choux-fleurs. Et les volumes conséquents n’ont pas fait décoller les prix en s’établissant en moyenne entre 0,35 et 0,45 € par tête de chou-fleur selon les secteurs.

Concernant les productions biologiques, les volumes sont en augmentation après une période de stagnation. « Le bio tire son épingle du jeu, hormis en brocolis où nous avons vécu une année difficile. 450 tonnes de produits ont été détruites car ne répondant pas aux critères drastiques des usines de surgélation. Même si la qualité était au rendez-vous, la présence de chenilles a condamné une partie de la marchandise. Les surfaces annoncées pour cette culture risquent de chuter de 40 % pour cette campagne », pense la responsable.

Toujours plus de certification

Le Cérafel pousse les producteurs à obtenir la certification GlobalGap, « qui est une nécessité pour accéder au marché export », rappelle Julien Sérandour, responsable environnement et qualité au Cérafel. 50 % des légumes Prince de Bretagne sont aujourd’hui certifiés GlobalGap. Il ajoute : « Une nouvelle version sera diffusée au 15 juin et sera applicable en 2016. Ce ne sont pas moins de 400 changements qui voient le jour dans cette nouvelle mouture, ainsi que de nombreux points auparavant mineurs qui deviennent majeurs, ou encore des contrôles sur le respect des exigences légales sur les salariés, alors que nous sommes déjà encadrés par le Code du travail. Pour le producteur, c’est toujours plus de contraintes administratives », pense-t-il. L’AOP craint un allongement des audits pour l’obtention du précieux sésame.

Le consommateur en quête de proximité

Paradoxalement, ce contexte morose pour le producteur n’est pas perçu par le consommateur qui glisse peu à peu vers des achats de proximité par rapport à la grande distribution. « L’acte d’achat se réalise pour les fruits et légumes à 33 % dans les hyper, et à 18 % dans les supermarchés. Pour 34 % des ventes, le consommateur pousse la porte des magasins primeurs, des magasins de proximité, des grandes surfaces spécialisées en frais et de la vente directe. Même si la pensée ne se concrétise pas toujours, 61 % des Français sont prêts à payer plus cher leurs légumes, contre 44 % en 2005. D’autres marques fortes prennent ce créneau, comme Géant Vert ou Mc Cain qui sortent du surgelé pour attaquer le marché du frais », avertit Marie Dérédec, chef produit tomate chez Prince de Bretagne. Fanch Paranthoën


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