Mobilisation : Continuer à mettre la pression

didier-lucas-sebastien-rouault-presidents-fdsea - Illustration Mobilisation : Continuer à mettre la pression

Suite aux récentes actions, Didier Lucas et Sébastien Rouault, de la FDSEA et des JA, rappellent l’urgence d’une remontée des cours. La mobilisation va se poursuivre.

« Nos cibles sont claires, la grande distribution et les politiques », rappelle Sébastien Rouault, président des Jeunes Agriculteurs des Côtes d’Armor, suite aux différentes actions de blocage ou de fouille à l’étiquetage. « Car le problème est encore et toujours le même : les marges abusives. » Une mobilisation de la profession qui doit « faire monter la pression et montrer à l’État qu’il y a un gros souci sur l’ensemble des filières aujourd’hui. Même si la situation la plus dramatique demeure en production porcine », poursuit Didier Lucas, président de la FDSEA.

Dans ce marasme, « depuis des mois », Stéphane Le Foll « promet de légiférer, mais on ne voit rien venir. » Les syndicalistes lui reprochent d’avoir « reporté encore ses annonces » à l’assemblée générale de la Fédération nationale porcine (FNP) qui se tient cette fin de semaine à Ploërmel. « C’est indécent, martèle Didier Lucas. Ce ne sont pas des mesurettes que nous attendons. Et pourquoi faire ces annonces dans le cadre resserré de la FNP ? Il manque également 60 ct / kg en viande bovine… » Les responsables attendent notamment que Stéphane Le Foll « fasse son travail quand les centrales d’achat se regroupent » toujours plus puissantes, une « concentration qui intensifie les problèmes de relations commerciales » avec la distribution. « Nous attendons une loi sur les contrôles de l’étiquetage par exemple », alors que le ministre devrait « intervenir sur les promotions et prendre un arrêté précisant prix minimum et durée ». Mais les syndicalistes ne sont pas dupes : « Si ce n’est que ça, cela ne fera pas remonter le prix… »

Si les éleveurs disparaissent, les industriels fermeront

« Il est important de nous sauver pour sauver les emplois derrière. Un agriculteur, c’est 7 emplois directs », rappelle Sébastien Rouault. Et Didier Lucas de poursuivre : « Si la situation ne s’améliore pas très rapidement, la région perdra 1 ou 2 abattoirs en 2016. Sans compter le risque pour les fabricants d’aliment. » Les deux responsables parlent d’un jeu de dominos qui pourrait faire tomber toute la filière. « Avant, les crises se soldaient par 2 à 4 % d’éleveurs en moins. Cette fois, on parle de 30 % de producteurs menacés. C’est simple, ceux qui resteront ne pourront pas digérer la dette de ceux partis, alors que nous ne sommes déjà pas compétitifs au niveau européen… Les abattoirs n’ont pas l’air d’être bien conscients du risque : certains ont déjà arrêté de remplir leurs truies et puis avec du parcellaire, ce n’est pas compliqué de terminer sa carrière avec sa Pac et des céréales… »
Même idée en lait : « Les laiteries donnent beaucoup de volume aux jeunes pour assurer leur approvisionnement. Mais ce n’est pas le volume qui fera le revenu. Ce dernier passe d’abord par l’optimisation des charges et le suivi de son prix équilibre et son prix de revient », termine Sébastien Rouault.

Les groupements globalisent l’offre

En porc, le plus inquiétant est que « nous n’arrivons pas à trouver une relation contractuelle intégrant un engagement sur le prix avec les GMS », regrette Didier Lucas. « Le marché mondial ne suffira pas à relever les cours, sauf en cas de crise sanitaire. Alors que les élevages s’endettent jour après jour, les distributeurs, eux, n’ont pas le droit de vendre à perte. Pourquoi ne pas parler de coût de revient dans un produit, notamment en intégrant le social et la fiscalité à la française ? » Alors que les grandes surfaces se réunissent pour acheter, « il faut une globalisation de l’offre, que les groupements apporteurs au Marché trouvent un système plus fort face aux abatteurs et la distribution ».

Les deux responsables sont exaspérés par l’attitude des acheteurs qui laissent « tomber » les exploitations : « Bigard fait sa cueillette au Marché au cadran. Kermené se dit prêt à payer si les autres le font… Les distributeurs se renvoient la balle de la même manière… »

La vache de réforme n’est pas payée assez cher

En viande bovine, « mêmes groupes, mêmes effets » : « Il y a de la valeur et de la marge sur le steak haché fait à partir d’une vache de réforme qui n’est pas payée assez cher et qui en plus tire vers le bas le prix des races à viande… Aujourd’hui, c’est inconcevable de demander un nouvel effort à des éleveurs bovins au revenu très bas depuis de longues années », dénonce Didier Lucas.

En lait, la situation est aussi loin d’être rose. « Quand d’autres pays foncent dans l’après-quotas, nous, nous subissons depuis longtemps  des normes hors normes. Il est malheureux que cet après-quotas se résume à parler de volume sans jamais intégrer un prix de soutien dans la contractualisation… », déplore Sébastien Rouault. Alors qu’à la FNPL, on essaie d’imposer l’étiquetage d’un logo « lait français », le président des JA note combien la situation comme les trésoreries se dégradent rapidement : « En 2015, nous passons des dossiers en CDOA avec des prix d’équilibre à 30 € / 1 000 L de plus par rapport à 2014… Car nos charges ne cessent d’augmenter. » Et Didier Lucas de conclure : « Depuis 30 ans, tout a augmenté sauf les cours des produits agricoles. Ils sont même parfois moins chers qu’à l’époque. Les agriculteurs ne peuvent pas nourrir tout le monde pour rien. Mais si c’est ça que l’État veut, qu’il aide ses paysans. Et vite ! » Tomas Dagorn


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