Gamme simplifiée, nouveau nom et nouveau conditionnement, la pomme de terre fait peau neuve.
Tendre et délicieuse, la primeur tire « son petit goût sucré de noisette de ses glucides pas encore entièrement transformés en amidon », explique André Minguy. Mais malgré ses qualités reconnues, la pomme de terre immature a dû faire le ménage dans la segmentation de son offre après la douloureuse campagne 2014.
Simplifier, renommer, dépoussiérer, reconditionner…
Chef produit pomme de terre primeur chez Prince de Bretagne, Pierre Gélébart parle même « d’un bouleversement dans la gamme Prince de Bretagne. » Pomme de terre primeur sous abri Primaline, plein champ ramassée main, plein champ douchée tourbée Blondeline, primeur de sable de Santec « les maraîchères », pomme de terre de l’île de Batz, primeur plus mûre défanée… « Suite aux réunions avec les producteurs, nous avons conclu qu’il y avait trop de références… » Au risque de perdre le consommateur, voire les acheteurs et commerçants. « Sans compter qu’on ne faisait plus de petits conditionnements », puisque de mi-juin à mi-août, « soit une bonne partie du marché », la primeur est beaucoup achetée en vrac par les « packers expéditeurs » qui la reconditionnent « sous leur marque ou celle du distributeur. »
Prince de Bretagne a donc simplifié sa gamme en la concentrant sur deux produits : « En début de saison, la Primaline est entièrement récoltée à la main… Ensuite, à partir de la mi-juin, la Primabreizh, récoltée à la machine, prend le relais. » Autre choix stratégique : une Primaline toujours « douchée tourbée pour ne plus vendre de terre et de cailloux », précise Pierre Gélébart. « Le fait de proposer un produit beaucoup plus propre a ouvert les portes de certains marchés cette année comme la Normandie. »
Douchée tourbée
« Nous douchons la primeur dans la laveuse avec les jets au minimum pour respecter un tubercule délicat qui n’a que trois mois en terre. Ensuite pas de calibrage pour ne pas l’esquinter, mais un tri manuel », détaille Alain Poulen, chef d’équipe à la station de Paimpol. « Puis, nous les tourbons pour leur donner un aspect terreux, un côté terroir. » Un procédé utilisé depuis 5 ans qui se systématise. Cette tourbe a un pouvoir « asséchant, cicatrisant » pour la fragile primeur, avec l’avantage de ne pas salir les mains au moment de l’achat. « Sans cela, le produit respire et dégage de l’eau. La terre s’humidifie et la primeur ressemble vite à des boulets de charbon. La primeur perd son côté fraîcheur et le consommateur s’en détourne », ajoute Pierre Gélébart.
Des colis plus petits
Le conditionnement vient aussi d’évoluer. « Tout en changeant de nom, nous sommes passés de caisses de 14 kg à des colis de 40 x 30 cm de 10 kg optimisant le rangement sur les palettes Europe (120 x 80 cm) de plus en plus répandues. C’était une attente des centrales d’achat qui cherchent à limiter le poids et la hauteur des colis qu’elles réceptionnent. » Les coopératives ont aussi investi pour reconditionner et sortir de leurs stations des filets à bande de 2,5 kg de Primabreizh. « Des emballages qui présentent clairement l’origine bretonne et la marque Prince de Bretagne. Nous voulions nous réapproprier l’image de notre produit alors que les études montrent que le public associe majoritairement la primeur à la notion de région. » Toma Dagorn