Protection face aux produits phytosanitaires

protection-produits-phytosanitaires - Illustration Protection face aux produits phytosanitaires

Toute utilisation de produit phytosanitaire mérite vigilance. Il n’y a pas de bon ou de mauvais produit. Les produits disponibles évoluent sans arrêt sur le marché ainsi que leur classification de dangerosité, à l’image des 1 800 à 2 400 décisions (autorisations, retraits ou modifications d’autorisation…) prises chaque année par les services de la DGAL. Et comme le risque d’exposition aux matières actives n’est pas nul, il est vital de se protéger et de prendre toutes les précautions pour préserver l’environnement de pollutions ponctuelles.Du choix du produit au transport, du stockage sur l’exploitation, à leur manipulation et utilisation en toute sécurité pour l’applicateur et pour l’environnement, jusqu’à leur élimination, ce dossier reprend l’itinéraire des produits de traitement et les actions – réglementaires ou volontaires – mises en place par les acteurs de la filière agricole pour préserver la santé des intervenants et l’environnement. Carole david

[nextpage title= »Sécurité maximale à l’entrepôt de Glomel »]Les 10 000 tonnes de produits phytosanitaires qui transitent par l’entrepôt de Triskalia, à Glomel, font l’objet de nombreuses attentions.

Trois cellules des 10 000 m2 de hangars de Glomel, sont un peu plus surveillées que leurs voisines. Elles abritent les stocks de produits phytosanitaires, achetés par une centrale d’achat, qui seront livrés dans les 200 magasins de la coopérative. La première contient les petits emballages destinés aux jardineries. Les deux autres sont réservées aux produits à vocation agricole. « L’ensemble du site est sous vidéo-surveillance. Toutes les cellules sont équipées de portes et de murs coupe-feu et munies de détecteurs d’intrusion. Les trois cellules de pesticides sont protégées des incendies par des extincteurs automatiques », rassure Pascal Poupon, responsable de l’entrepôt. Ces cellules sont reliées à une cuve de rétention, pour prévenir les fuites dans le milieu. De plus, les eaux de l’ensemble du site (toitures, surfaces bitumées) sont recueillies dans un bassin, en dehors de l’enceinte, et sont régulièrement analysées par un organisme extérieur. « En interne, nous effectuons également des contrôles (clôtures, vannes, absorbants, extincteurs…). En cas de bidon percé, par exemple, l’un des salariés, préposé à la sécurité du site, intervient selon un protocole bien défini ». Les cellules sont ventilées tous les matins avant l’arrivée du personnel, et au moment de la pause, à midi.

[caption id= »attachment_1286″ align= »aligncenter » width= »300″]pascal-poupon-glomel-produits-phytosanitaires Pascal Poupon, responsable de l’entrepôt de Glomel, dans l’une des cellules réservées aux produits phytosanitaires.[/caption]

Gestion du stock

Les quantités de produits sont évaluées et commandées suite aux prévisions effectuées à l’automne par les commerciaux de l’entreprise. Les appros sont stockés à l’entrepôt pour les premiers mois de l’année. « À fin mars, par exemple, nous n’avons plus de stock de semences de maïs. Elles ont déjà été livrées aux magasins ainsi que tous les intrants liés à la culture ». La traçabilité n’est pas encore obligatoire. « Elle le sera en 2016, pour éviter les copies et va se mettre en place grâce à l’informatique embarquée. Nous avons néanmoins l’historique des livraisons ; nous sommes capables de remonter du terrain grâce aux numéros de lots vers le magasin et l’entrepôt de Glomel ». Les stocks tournent très vite. Sur le site de Glomel, les produits n’ont pas plus d’un à deux ans. « Si un produit ne s’écoule pas suffisamment rapidement sur l’un des magasins, il revient sur Glomel pour être redirigé vers un autre point de vente où la demande est plus forte. Ainsi, les dates de péremption ne sont jamais atteintes et les clients bénéficient de l’efficacité de produits récemment fabriqués ». Les chauffeurs sont formés à la conduite de matières dangereuses et appliquent la réglementation en vigueur. Le site de Glomel abrite également des cellules de stockage de semences (essentiellement fourragères) et de produits lessiviels. L’activité de conditionnement des déchets plastiques et des cartons en provenance des exploitations agricoles occupe une personne à temps plein sur la trentaine que compte la structure. Elle s’effectue en partenariat avec la société Adivalor. Bernard Laurent[nextpage title= »Le nouvel étiquetage en vigueur »]

Depuis le 1er juin 2015, le nouveau système d’étiquetage des substances chimiques est définitivement entré en vigueur : pictogrammes et mentions de danger en sont modifiés.

Un système mondial de classification des substances chimiques appelé SGH (Système global harmonisé) est progressivement mis en place dans le but d’harmoniser la dénomination et la classification de l’ensemble des substances chimiques potentiellement dangereuses utilisées à l’échelle de la planète. Ce SGH adapté en Europe est nommé CLP (Classification labelling packaging), il vient de remplacer le système préexistant le 1er juin 2015. L’étiquetage des produits phytosanitaires fait évidemment partie de cette nouvelle classification.

[caption id= »attachment_1287″ align= »aligncenter » width= »212″]nouveaux-symboles-etiquettes Attention, certains danger ne sont pas symbolisés par un pictogramme : lisez toujours entièrement l’étiquette des produits chimiques.[/caption]

Les nouvelles mentions de danger

Dans ce cadre, l’ensemble des écritures utilisées ont été modifiées : pictogrammes, phrases de risques désormais appelées des « mentions de danger », conseils d’utilisation et de prudence… À noter que le nouveau règlement ne donne pas toujours une correspondance exacte entre les anciennes et les nouvelles écritures, notamment pour les pictogrammes, mais aussi pour les autres informations.

Les phrases de risque étaient codifiées par la lettre R suivie de deux chiffres, elles deviennent des mentions de danger et sont codifiées par la lettre H suivie de 3 chiffres. Chaque produit peut avoir une ou plusieurs mentions de danger.

Par exemple, dans l’ancien règlement, la phrase de risque « R42 : peut entraîner une sensibilisation par inhalation » devient la mention de danger « H334 : peut provoquer des symptômes allergiques ou d’asthme ou des difficultés respiratoires par inhalation » dans le nouveau règlement.

Les Fiches de données de sécurité sur l’exploitation

L’étiquetage informe l’utilisateur de façon essentielle et concise sur les dangers encourus et sur les précautions à prendre lors de l’utilisation de produits chimiques. Celle-ci doit être bien lisible et écrite en français. Les Fiches de données de sécurité (FDS) contiennent des informations sur les conditions de stockage et de transport des produits, sur les mesures d’urgence. Elles doivent être obligatoirement présentes sur l’exploitation et régulièrement mises à jour. Les FDS sont à disposition auprès de votre distributeur et téléchargeables sur le site www.quickfds.fr.

De plus, la signalisation sur le lieu de travail des risques et dangers pour la santé est obligatoire : un panneau de signalisation doit indiquer le local phytosanitaire et les consignes à respecter (interdiction de fumer, de boire ou de manger…). L’affichage des règles de premier secours est également obligatoire. Des plaquettes et affiches sont téléchargeables gratuitement sur le site de l’INRS (Institut national de recherche et sécurité) : kit de sensibilisation au nouvel étiquetage sur www.inrs.fr.

La phrase de risque « R62 : risque possible d’altération de la fertilité » devient la mention de danger « H361f : susceptible de nuire à la fertilité ». Alors que « R63 : risque possible pendant la grossesse d’effets néfastes pour l’enfant » devient « H361d : susceptible de nuire au fœtus ».

Enfin, ces mentions de danger peuvent être complétées par des informations supplémentaires,  « en langue française, apposées de manière très apparente, lisible et indélébile », précédées de « EUH suivies de 3 chiffres » précisant un danger relatif aux dangers physiques « H2×× », aux dangers pour la santé « H3×× » ou aux dangers pour l’environnement « H4×× ». Toma Dagorn[nextpage title= »Une dispense pour les véhicules agricoles »]

Même en présence de dispense réglementaire pour les véhicules agricoles, les agriculteurs sont invités à respecter les bonnes pratiques, calquées sur la réglementation de transport de produits classés dangereux.

Si le transport des marchandises dangereuses est réglementé par l’ADR (Accord européen relatif au transport international des marchandises dangereuses par route)*, qui impose de respecter un certain nombre de critères comme une formation spécifique, la signalisation et l’équipement du véhicule, l’arrimage des marchandises, le bordereau de chargement…, il existe des dispenses pour les exploitants agricoles.

[caption id= »attachment_1290″ align= »aligncenter » width= »300″]vehicule-agricole-produits-phytosanitaires Le transport sur route de la bouillie dans la cuve n’est pas soumis au règlement européen ADR du transport de matières dangereuses. Néanmoins, combinaison, gants, masque… font partie des équipements nécessaires à portée de main en cas de fuite, pour ne pas être en contact avec le produit.[/caption]

50 kg maximum

Toute personne peut transporter jusqu’à 50 litres (ou kg) de produits phytosanitaires – conditionnés pour la vente au détail – classés comme marchandises dangereuses dans son véhicule personnel. Dans ce cas, il est recommandé de déposer les produits dans des caisses étanches, solidement fixées. Il convient de ne pas mettre côte à côte des produits comburants et inflammables.

Jusqu’à 1 t dans une remorque

Pour les grosses quantités de produits, il est préférable de se faire livrer par le fournisseur de l’exploitation. Les véhicules de livraison sont clairement identifiés et disposent du matériel adéquat pour la manutention de ces produits. Mais l’agriculteur est dispensé de l’application de l’ADR : il peut transporter jusqu’à 1 tonne de produits phytosanitaires classés marchandises dangereuses pour les besoins de son exploitation. Le conducteur du tracteur (l’agriculteur ou son salarié) doit être âgé de 18 ans minimum et les produits doivent être conditionnés dans des emballages de contenance inférieure ou égale à 20 litres.

Bonnes pratiques à respecter

  • Bien arrimer les emballages.
  • Transporter les emballages non vidés en dehors de la cabine du tracteur.
  • Prendre des équipements d’intervention en cas d’accident : gants en nitrile, bottes, masque spécifique, combinaison en Tyvek®, sac de matière absorbante (litière, sciure…), seau, pelle, sacs vides (type gravats), extincteur type ABC.

Cas particulier de la bouillie dans la cuve

Le déplacement sur route d’un pulvérisateur avec une cuve pleine est autorisé, il n’est pas soumis à l’ADR (la cuve est remplie dans l’exploitation et le produit est dilué). Cependant, pour éviter toute pollution par une fuite ou le déversement de la bouillie dans le milieu naturel, il est recommandé de bien entretenir son pulvérisateur (cuve et bonde de vidange) et de vérifier l’étanchéité et la fermeture des dispositifs de remplissage et de vidange des appareils. Carole David

*L’accord européen ADR a été transposé en droit français par l’arrêté du 1er juin 2001, modifié par l’arrêté du 29 mai 2009.[nextpage title= »Praticité et sécurité avec un local phyto »]Xavier et Jean-Luc Hervé ont une nouvelle conception de l’utilisation des produits phytosanitaires et des traitements depuis qu’ils ont recentré cette activité dans un local spécifique.

« Lors de l’achat du pulvérisateur porté en 2008, nous avons aménagé un local destiné au stockage et au maniement des produits phytosanitaires », se remémore Xavier Hervé, un des trois associés du Gaec de Pen Kerglas, à Bourbriac (22). Le local est conçu sans fosse, banché -donc étanche-, pour limiter tout risque de pollution ponctuelle sur l’exploitation.

[caption id= »attachment_1295″ align= »aligncenter » width= »300″]jean-luc-xavier-herve-herve-auffray-produits-phytosanitaires Jean-Luc et Xavier Hervé, en compagnie de leur technicien culture Hervé Auffray, devant le local spécifique réservé à la manipulation des produits phytosanitaires.[/caption]

Prévenir plutôt que guérir

Un outil fonctionnel et très pratique selon les utilisateurs, recentrant tous les produits dangereux en un même endroit. Néanmoins, ils sont attentifs face aux risques d’éclaboussures et d’intoxication par émanation. Le local de stockage, bien ventilé, est doublement fermé et non accessible au public. Ils ont réutilisé des étagères en acier galvanisé, avec un système d’ouverture difficile : on y retrouve alors les produits pour la campagne en cours, selon les préconisations du technicien et à part, les Produits phytosanitaires non utilisables (PPNU), en attente de la collecte annuelle.

Un suivi informatisé du conseil à l’application

À partir d’un échange entre l’agriculteur et le technicien, une fiche informatisée est éditée reprenant les programmes de désherbage et de fongicide selon l’itinéraire cultural de chaque culture. Cette fiche génère un bon de commande au magasin. Des palettes individualisées par exploitation sont ainsi élaborées et acheminées par le fournisseur sur le site, les produits étant aussitôt stockés dans le local phyto. Avant chaque opération, ils vérifient dans les parcelles si le programme préconisé quelques semaines plus tôt correspond toujours aux besoins de la culture. « On est dans le monde du vivant », rappelle Hervé Aufray, technicien Triskalia, qui veille à adapter le conseil en cas de stade d’intervention dépassé, de modification de doses, de changement de produit… Une nouvelle fiche conseil informatisée sert alors d’outil de travail pour l’agriculteur.

La réserve d’eau est positionnée en hauteur : un choix ergonomique, certes, pour remplir la cuve du pulvérisateur par gravité. « Mais c’est aussi une question de sécurité : il n’y a aucun risque de retour dans le circuit d’eau », relève l’agriculteur. Un gonfleur permet d’assurer le remplissage de cette réserve entre deux passages du pulvérisateur dans le local, limitant les temps d’attente.

Se protéger avant tout

Si le pulvérisateur est équipé d’une cuve d’incorporation des produits à hauteur d’homme pour faciliter le travail, les risques ne sont pas nuls. « On connaît les risques de ces produits, reste à se protéger comme il faut », insiste Jean-Luc Hervé. Il reste vigilant sur la tenue vestimentaire (cette réservée à cet usage uniquement, lunettes, masque et gants en nytrile, toujours à portée de main, dans l’étagère adjacente). « Car les mains, dit-il, sont un véritable filtre qu’il faut protéger ! » Et pour limiter les éclaboussures, il veille aussi à utiliser des petits conditionnements de produits, « plus chers, mais plus faciles à manipuler. » Carole David[nextpage title= »70 % des contaminations par les mains »]

La protection individuelle doit devenir un reflexe pour utiliser en toute sécurité des produits phytopharmaceutiques. Les fabricants développent des équipements plus confortables.

Les Équipements de protection individuelle (EPI) préservent l’utilisateur de risques de contamination par les solutions phytosanitaires. Légers et facilement utilisables, ils sont une étape incontournable lors de la préparation de la pulvérisation et pendant le traitement. « L’habillement doit être dépendant de la phase de traitement, avec un équipement à proximité du local phytosanitaire. Outre le métier de conseils aux cultures, nous nous devons être force de proposition de solutions de protection. À la délivrance de fiche de préconisation technique, une mention est faite sur le document vis-à-vis de la protection à adopter. Nous distribuons également des kits gratuits contenant l’équipement de base, avec gants et lunettes. 70 % des contaminations ont pour provenance les mains », explique Erwan Quiviger, chargé de développement chez Caliance.

[caption id= »attachment_1297″ align= »aligncenter » width= »300″]jean-pierre-nevot-responsable-culivert-guingamp-equipement-protection-individuelle « Après utilisation, les équipements EPI doivent être nettoyés, séchés, puis rangés dans une armoire vestiaire réservée à cet usage, à proximité du local de stockage », conseille Jean-Pierre Nevot, reponsable Cultivert de Guingamp.[/caption]

Pas un accessoire, un outil

Pour Rémy Lepron, ingénieur aux services techniques chez 3M, l’EPI n’est pas un accessoire mais un outil à part entière. « La population agricole est plutôt conservatrice et a pour habitude de ne pas jeter ses outils. Pourtant, la durée de vie d’un filtre de masque est d’au maximum 6 mois. Il peut même être réduit dès que l’utilisateur perçoit des goûts ou des odeurs en portant son masque ». Les masques doivent être stockés dans un emballage hermétique, en dehors du local phyto. « L’EPI doit être facile à porter, le moins contraignant possible. Pour les masques, nous arrivons à baisser la pression respiratoire. Nous élaborons également des produits qui limitent la sensation de chaleur dans le masque ou dans la combinaison. Je conseille de privilégier les protections simples », ajoute-t-il. Pour gagner en confort, 3M a développé des masques avec système de descente pour dégager le visage sans retirer complètement le masque.

Travail des firmes sur la présentation des produits

La formulation des solutions de traitements phytosanitaires est une piste intéressante pour limiter les risques de contamination. « Les présentations en poudre disparaissent petit à petit au profit de formulations en granulés dispersibles, avec un meilleur profil toxicologique et des volatilisations moindres. Les bidons sont plus ergonomiques pour faciliter leur prise en main, avec abandon progressif des opercules au profit de bouchons plus hermétiques », décrit Erwan Quiviger. Moins de recoins pour faciliter le rinçage, tels sont les évolutions des emballages de produits phytos.

Choix de l’équipement

La protection corporelle se fait par l’addition des solutions de protection, un équipement n’est donc pas à privilégier par rapport à un autre. « Choisir un seul EPI revient à désigner sur une voiture quelle est la roue qui est indispensable. L’exposition lors de la préparation de la bouillie est multirisque : même si les mains doivent être protégées, les voies respiratoires souffrent d’intoxications invisibles dont les effets se verront à long terme ». Les filtres A2P3 sont adaptés à la préservation de la santé pour les produits phytosanitaires. Le masque, support de ces filtres, peut couvrir seulement les voies respiratoires ou être complet pour ajouter une protection oculaire. Fanch Paranthoën[nextpage title= »Collecter, c’est pas bidon »]

Les fournisseurs organisent des collectes de déchets pour les professionnels générant des stocks d’emballages vides. Un geste simple pour recycler les bidons vides, mais pas seulement.

Les déchets produits par une exploitation en fin de printemps représentent parfois des volumes conséquents. Depuis plusieurs années, les fournisseurs organisent des collectes de ces déchets, que ce soient pour les EVPP, les PPNU, ou tout autre emballage ou plastique. « La qualité des déchets collectés s’améliore au fil des années. Tous les magasins possédant une partie agricole sont à même d’organiser cette collecte, à condition que la sache soit identifiée, que les bidons soient rincés et égouttés, sous peine de voir ces produits refusés, par mesure de sécurité pour l’apporteur, le personnel collectant et le transporteur », confie Amandine Quinquis, assistante au service agrofourniture chez Caliance. La collecte, en cours jusqu’au 12 juin est gratuite. Concernant les PPNU, les points de collectes changent tous les ans. « Une semaine de collecte est prévue en fin septembre. Les produits non utilisables sont ensuite détruits. Ce service est facturé 2 € par kg pour les clients de la coopérative, 4 € pour les autres apporteurs. Sont concernés les vieux produits ainsi que les spécialités dont l’homologation n’est plus autorisée », précise t-elle. La mention « PPNU à détruire » doit être apposée sur le bidon en bon état lors de la livraison au point de collecte. Si les bidons sont fuyards ou abîmés, les sur-emballer individuellement dans un sac translucide identifié.

Date de collecte par type de produits

  • EVPP : emballages vides de produits phytosanitaires, du 1er au 12 juin.
  • PPNU : Produits Phytosanitaires non utilisables, collecte fin septembre.
  • EVPHEL : Emballages vides de produits d’hygiène en élevage  laitier, collecte du 1er au 12 juin.
  • FAU/ FIFU : Films agricoles usagés/ficelles et filets de balles usagés, collecte du 18 au 22 janvier 2016.
  • EVPF/EVPS : Emballages vides de produits fertilisants/de plants et semences, collecte toute l’année.

Des tonnages importants

L’habitude prise par l’utilisateur de stocker, puis de ramener ses bidons vides est prise. « Nous avons collecté plus de 102 tonnes sur la campagne 2013-2014 en EVPP. Le réflexe est acquis par l’utilisateur. Pour ne pas se laisser dépasser par des volumes importants, je conseille de rincer les bidons au fur et à mesure et de stocker ces déchets à l’abri des intempéries ». Pour les PPNU, les volumes en hausse de 27 % atteignent 6,6 tonnes. « Nous réfléchissons sur la reprise des équipements de protection souillés comme les gants, les surbottes ou les combinaisons jetables ».

[caption id= »attachment_1301″ align= »aligncenter » width= »300″]bidon-collecte-dechet-produits-phytosanitaires Il est très important, par mesure de sécurité, de rincer et d’égoutter les bidons pour la collecte.[/caption]

Large éventail d’Adivalor

Née en 2001 à l’initiative de l’UIPP (Union des industries de la protection des plantes) pour la collecte d’EVPP, le spectre de produits recyclés par Adivalor s’est étoffé. « Les quelque 300 tonnes recueillies sur la Bretagne montrent une prise de conscience de la profession. Concernant le taux de collecte des bidons de produits lessiviels, la Bretagne est tout de même à la traîne : 54 % des bidons commercialisés en France sont ramenés contre 30 % en Bretagne. Les progrès sont réalisables », pense Stéphanie Loret, déléguée Nord-Ouest chez Adivalor. Fanch Paranthoën[nextpage title= »Le transfert sécurisé existe… »]Des adaptateurs apparaissent sur le marché : ils permettent de vider les produits phytosanitaires concentrés dans les pulvérisateurs sans contact entre l’utilisateur et la matière active.

Le système de « closed-transfer » n’est pas seulement destiné au domaine de l’aéronautique pour ravitailler les avions en plein vol… Il arrive dans les exploitations. « Nous expérimentons le modèle EasyFlow tm depuis plus d’un mois », témoigne Jean-Michel Massue, du Gaec de la Ruelle, à Treffendel (35), une des 6 fermes référence de la firme Bayer Cropscience au niveau national. D’après l’utilisateur, sa facilité d’utilisation devra permettre sa diffusion rapide, après quelques adaptations nécessaires.

Aucun contact avec le produit

Le concept repose sur un adaptateur qui sert d’interface entre la cuve d’incorporation et le bidon du produit phytosanitaire. « Pour installer le module de base, qui réceptionne le bidon, nous avons fait remplacer le couvercle bombé de la cuve par un plateau en inox. Notre pulvérisateur était adapté pour recevoir cet outil d’une hauteur de 12 cm », décrit l’agriculteur. Au préalable, un embout est vissé sur le bidon, qui gère lui-même la découpe de l’opercule, s’il est présent. « Le système est fait et pensé pour un bidon operculé : ainsi, il n’y a vraiment plus aucun risque de contact avec le produit ». L’embout se clipse sur le kit dèjà fixé au pulvérisateur, le bidon se déverse plus ou moins rapidement selon le degré d’ouverture en tournant l’adaptateur. « Et le jeu de 5 embouts permet d’en laisser un sur un bidon s’il est entamé partiellement ». Un système de rinçage est intégré au kit avec deux options possibles qui donnent la possibilité de rincer l’exterieur de l’embout du bidon, en cas de transfert partiel, ou le bidon entier. Le bidon peut ainsi être mis à égoutter, les eaux étant récupérées et traitées ensuite dans le Phytobac, procédé de dégradation des effluents phytopharmaceutiques. « Reste cependant à travailler les graduations sur les bidons, qui ne sont à ce jour pas prévues pour être utilisées le bidon renversé… », déplore Jean-Michel Massue. Une graduation visible, précise et adaptée à l’utilisation des produits dans les champs est donc attendue pour faciliter la manipulation des bidons avec ces systèmes sans contact.

[caption id= »attachment_1303″ align= »aligncenter » width= »300″]jean-michel-massue-produits-phytosanitaires-pulverisateur Jean-Michel Massue teste un adaptateur qui lui permet de verser les produits phytos dans le pulvérisateur sans contact pour l’utilisateur.[/caption]

Et un gain de temps

À ce jour, ces embouts s’adaptent sur tous les bidons de 5, 10 ou 15 litres, quelles que soient les marques, ce qui représente les 3/4 du marché. « En plus de la sécurité, je gagne en efficacité : je peux préparer un second bidon si besoin lorsque le 1er se déverse », observe-t-il. Par contre, « ils ne fonctionnent qu’avec des produits liquides, pas trop pâteux ni huileux. » C’est un outil de base, qui devrait être automatiquement installé sur les équipements, selon le producteur : « Si nous prenons des précautions pour nous, notre entourage et l’environnement, il faudrait que les constructeurs aillent aussi dans le même sens. Pour un investissement à 40 000 €, les pulvérisateurs devraient – rapidement- être tous équipés de tels outils. Imagine-t-on aujourd’hui acheter une voiture sans ceinture de sécurité ? » Carole David[nextpage title= »Une cabine étanche avec un filtre à charbon »]Peu d’agriculteurs ont le réflexe de changer les filtres d’origine du tracteur dédié à la pulvérisation. Pourtant, c’est un très bon moyen de protéger le chauffeur face aux embruns de produits phytos.

Les éleveurs sont aujourd’hui de plus en plus sensibilisés sur la protection (combinaison, gants, masque) lors de l’incorporation des produits phytosanitaires dans le pulvérisateur. Mais une fois entré dans la cabine du tracteur personne ne garde son masque car c’est peu confortable. Il existe donc des filtres spécifiques pour cabines permettant de faire face aux embruns générés lors de la pulvérisation.

Quelques règles à respecter

  • Lors du démontage, n’abîmer ni le filtre, ni l’étanchéité du dispositif. En achetant un filtre de qualité, les joints ne se détériorent pas facilement.
  • Le traitement fini, faire sécher le filtre naturellement puis le stocker dans une poche étanche.
  • Ne pas nettoyer le filtre combiné à la soufflette. L’air comprimé altère la structure physique du charbon actif.
  • Ne pas le laver en le passant sous l’eau.
  • Sortir son filtre après utilisation avec des gants spécifiques produits chimiques.
  • Si le filtre fait du bruit quand on le secoue c’est que le charbon a été détérioré.
  • Ne pas acheter un stock de filtres d’avance, ils sont soumis à péremption.

Durée de vie de 100 à 250 h

Le plus souvent les tracteurs sont équipés uniquement d’un filtre à poussière de série. Dans la plupart des engins agricoles neufs ou en service, il est possible de les remplacer par un filtre à charbon actif. Le filtre adapté aux traitements phytos se compose de plusieurs épaisseurs : un préfiltre (toile métallique + feutre) pour arrêter les plus grosses particules, une seconde contre les aérosols et les poussières (plissé microfibre ou mousse), le filtre à charbon actif contre les gaz et vapeurs. Le charbon actif fixe les molécules polluantes à sa surface.

[caption id= »attachment_1304″ align= »aligncenter » width= »300″]filtres-charbon-tracteur-produits-phytosanitaires Les filtres à charbon pour cabine de tracteur permettent de faire face aux embruns générés lors de la pulvérisation.[/caption]

L’efficacité dépend en grande partie de la vitesse de débit de l’air pollué dans le filtre, de la température des gaz à absorber et du temps de contact. Sur le marché, on trouve deux gammes de filtres combinés : ceux constitués d’une simple mousse imprégnée d’une solution de charbon actif et ceux qui contiennent réellement du charbon actif. Le filtre a une durée de vie assez courte de 100 à 250 heures selon les modèles et doit être changé au moins une fois par an. Nicolas Goualan
(source : MSA Midi-Pyrénées)

 


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