Suite à un diagnostic de l’exploitation, les associés du Gaec de la Ruelle, à Treffendel (35), ont décidé d’intensifier la production laitière, de cultiver des dérobées et d’effectuer des semis sous couvert.
Il y a 2 ans, les associés du Gaec de la Ruelle à Treffendel (35) ont réalisé un diagnostic de leur exploitation afin de déterminer les pistes d’optimisation et de progrès. « Pour cela, nous avons utilisé un outil d’aide à la décision pour mesurer les performances économiques, environnementales et sociales. Il en est sorti différents scénarios et le détail de l’impact de chacun d’eux sur le système », explique Guillaume Gasc, responsable agronomie chez Caliance.
En 2013, l’exploitation a produit 1 026 000 L de lait avec 128 laitières, soit une moyenne de 8 000 L /VL. Parallèlement, l’atelier viande compte 55 taurillons lait et 20 taurillons allaitants achetés à l’extérieur. « Avant le diagnostic d’exploitation, la ration des laitières était composée de maïs ensilage, pâturage, ensilage d’herbe, tourteaux et concentrés. Les bovins viande, eux, engraissés au maïs et tourteau de soja. Une partie de l’orge et du triticale produits était aussi valorisée dans les rations », décrit Jean-Michel Massu, l’un des associés.
Trois pistes d’évolution
De l’étude, trois pistes d’évolution se sont dégagées au Gaec. Premier scénario : arrêt des achats de broutards (20 têtes par an) au profit de l’achat de 25 veaux de 8 jours pour une production de 80 JB lait par an. Deuxième scénario : augmenter la production laitière jusqu’à 1 250 000 L avec 155 vaches en conservant un même niveau d’étable.
Enfin, dernier scénario : augmenter la production laitière jusqu’à 1 300 000 L avec 144 vaches en boostant le niveau de production à 9 000 L / VL / an. Dans ce cas-là, l’atelier JB à l’engrais disparaît et une partie de l’orge d’hiver laisse place à davantage de prairie (+ 4 ha de RGA + TB, + 4 ha de colza) et 5 ha de pois. Les surfaces emblavées en maïs ensilage diminuant aussi de 11 ha.
Dérobées et semis sous couvert
Pour conserver les surfaces en cultures de vente tout en cherchant l’intensification fourragère et laitière, les associés du Gaec ont recours aux dérobées et semis sous couvert de cultures valorisées sur l’élevage. « Par exemple, nous implantons du trèfle en semant le colza, le trèfle se développant après la moisson : l’an dernier, nous en avons récolté 3 t de MS/ha. Et ce mois-ci, nous allons réaliser des essais de semis de trèfle dans les céréales », explique Jean-Michel Massue. Par contre, « nous n’avons pas voulu implanter de luzerne, car la culture réclame trop de travail. »
Plus de fourrage en conservant les cultures de vente
Après réflexion, en s’appuyant sur le travail de diagnostic, les associés du Gaec de la Ruelle ont décidé de suivre le chemin de l’intensification de la production laitière du scénario 3, mais tout en conservant l’atelier JB (61 laitiers et 15 allaitants / an). L’assolement évolue finalement peu : 4 ha de prairies temporaires en plus. Guillaume Gasc explique : « Cette évolution de l’exploitation engendre au global 2 000 heures de travail en plus par an. Mais elles sont compensées par l’arrivée d’un associé supplémentaire. Le coût de production du lait baisse de 7,8 % et l’autonomie alimentaire s’améliore encore. »
Sur la maîtrise des coûts dans le nouveau schéma, l’éleveur illustre : « les jeunes bovins reçoivent du trèfle en enrubanné à raison de 5 kg/jour permettant d’économiser 300 g de soja/jour/animal. Le prix du lait en baisse ces derniers mois, autour de 300 €/1 000 L actuellement, nous incite sans cesse à chercher des solutions pour diminuer les coûts alimentaires notamment impactés par un soja coûteux (400 €/t). » En résumé, les éleveurs visent désormais l’intensification fourragère. L’objectif est à la fois de valoriser au mieux les terres en maintenant le maximum de cultures de ventes tout en produisant parallèlement le plus possible de fourrages (voir encadré). Nicolas Goualan