La maîtrise de la santé animale et l’utilisation des médecines alternatives sont complexes. Le groupe est fondamental pour avancer ensemble, échanger les savoirs.
Le groupe est un lieu d’échanges et de formation essentiel dans la pratique des méthodes alternatives en santé animale (huiles essentielles, homéopathie, ostéopathie, oligo-éléments…). « Le frein est souvent géographique, car les éleveurs ressentent des difficultés à parler de ces techniques, peu courantes, avec leurs voisins. De même, il est difficile d’avoir un avis des vétérinaires qui ne sont souvent pas formés sur ces méthodes », précise Édith Chemin, animatrice spécialisée en santé animale à l’Adage.
Des enquêtes auprès des adhérents de l’Adage
L’an passé, des enquêtes ont été menées auprès d’une dizaine d’éleveurs adhérents de l’Adage, réalisées dans le cadre du Casdar « Synergies pour la santé des élevages ». Ce programme vise à mieux comprendre l’évolution des pratiques en santé animale et le rôle des groupes dans la maîtrise de la santé. Il réunit l’Adage et trois autres groupes de producteurs travaillant sur ces thématiques – Avem (Millau), Aver (Drôme), groupe homéo Diois (Drôme) – en partenariat avec l’Itab (Institut technique de l’agriculture biologique) et le Gerdal (Groupe d’expérimentation et de recherche : développement et actions locales).
L’enquête auprès des adhérents de l’Adage montre que les éleveurs prennent en compte de nombreux facteurs pour expliquer des problèmes et agir en prévention : l’équilibre de l’alimentation, les conditions de logement, les chaleurs, l’effet race, les liens entre maladies… « Les problèmes les plus fréquents sont les mammites et diarrhées des veaux. Les éleveurs combinent plusieurs approches pour soigner ou éviter la maladie. Les huiles essentielles (HE) sont privilégiées, mais les antibiotiques sont parfois utilisés en dernier recours si les HE n’ont pas marché, pour ne pas laisser souffrir un animal, ne pas perdre un quartier… Les antibiotiques peuvent parfois aussi être utilisés au tarissement pour « sécuriser » et éventuellement en utiliser moins durant la lactation », relate Claire Ruault, sociologue, chargée de recherche- formation au Gerdal. Les producteurs utilisent les médecines alternatives pour soigner ou en préventif, contre le stress en cas de changement de bâtiment, pour favoriser la délivrance par exemple…
La prévention, en lien avec les vétérinaires
Les éleveurs de l’Adage vont désormais s’engager davantage sur la prévention, « plutôt chercher à trouver pourquoi il y a le problème, qu’à mettre un pansement, même si parfois, il faut quand même mettre le pansement… », explique un des enquêtés. Les éleveurs évoquent aussi une approche plus globale avec les vétérinaires. Un autre groupe participant à l’étude travaille différemment via une convention avec le vétérinaire, qui réalise une visite par an et regarde l’ensemble des problématiques sanitaires. Il n’agit plus seulement au dernier moment. L’étude « Synergies » va se prolonger sur 3 ans au minimum. Une rencontre nationale est prévue le 3 novembre prochain à Clermont-Ferrand.
Un apprentissage dans la durée
Ils font leurs propres essais, expérimentent… Pour avoir des conseils, ils multiplient, croisent les avis (vétérinaire, technicien, inséminateur), mais ceux-ci sont parfois contradictoires. Dans le groupe, le rôle de l’expert (Michel Derval, aromathérapeute) est important. En retour, ce dernier approfondit son savoir auprès des éleveurs qui enregistrent leurs résultats. « L’apprentissage se fait dans la durée. Le rôle des échanges entre éleveurs est donc perçu comme central, pour passer de la théorie à la pratique, pour s’approprier les apports et gagner en autonomie », souligne Édith Chemin. Agnès Cussonneau