La lutte contre le frelon asiatique sera collective

 - Illustration La lutte contre le frelon asiatique sera collective

L’absence de connaissance sur le frelon asiatique n’a pas permis jusqu’alors de mettre en place une régulation efficace. Un nouveau programme voit le jour dans le Morbihan.

Arrivé accidentellement en France en 2004, le frelon asiatique continue à faire parler de lui. Et à nous envahir. D’un seul nid, il a colonisé en quelques années les 2/3 du territoire français. Et en Bretagne, sa présence progresse de manière exponentielle. D’un nid vide découvert à Saint-Malo (35) en 2010, 500 nids étaient recensés en 2013 et on en dénombre plus de 3 000 en 2014 dont près de la moitié dans le département du Morbihan…

[caption id= »attachment_2820″ align= »aligncenter » width= »201″]Albert Delamarche, président section apicole GDS Bretagne. Albert Delamarche, président section apicole GDS Bretagne.[/caption]

Une espèce encore inconnue

En ce qui concerne la lutte de ce nuisible, le combat est déséquilibré. « Il n’existait aucune étude sur ce frelon Vespa velupina jusqu’à l’année dernière », note Albert Delamarche, président de la section apicole de GDS Bretagne. Il s’est développé en toute liberté en Asie où son principal prédateur est l’homme, qui apprécie ses larves. Mais nos habitudes alimentaires sont loin d’assurer la régulation de l’espèce. Et il a beau être discret, il faut néanmoins redouter ses attaques : car sa spécificité, c’est d’attaquer de manière collective, entraînant quelques mortalités tous les ans, et détruisant par ailleurs de nombreux ruchers.

Création d’un programme de régulation

« Pour le Morbihan, ce sont 1 150 nids détruits l’année dernière (235 en 2013) sur 210 communes du département », relève Michel Colleu. Les sollicitations ont été nombreuses, de la part de collectivités et des particuliers (plus de 3 000 appels téléphoniques), induisant un besoin en main-d’œuvre, avec l’embauche de personnel pour l’animation et la mise en place du nouveau programme de régulation du frelon asiatique, élaboré par un nouveau comité de pilotage. « Certaines personnes sont pessimistes sur ce nouveau programme. Certes, il faudra du temps. On va l ‘évaluer durant les 3 prochaines années. L’échec serait de ne pas le faire. Mais on le fait en toute modestie et on y croît », insiste le président de la FDGDON.

« La lutte contre le frelon asiatique sera collective ou ne se fera pas », insiste Michel Colleu, président de la FDGDON 56, lors de l’assemblée générale de la structure, à Pluméliau, le 26 juin. Aussi, le nouveau programme de lutte mis en place par la FDGDON 56 et les apiculteurs vise avant tout le piégeage des fondatrices au printemps et à l’automne, et l’élimination des nids, avec la présence de la reine. En effet, de mars à mai, les reines élaborent un nid primaire à l’abri de sous-pentes, sous une branche… Quand la reine dispose d’un nombre suffisant de frelons ouvriers pour déshumidifier le nid, elle crée alors un nid secondaire définitif, capable de rassembler plus de 3 000 individus (contre 300 pour le frelon jaune).

Piéger au printemps

De ce nid, que l’on détecte le plus souvent vide à l’automne, il part 300 fondatrices dont 1/4 sera capable de se reproduire au printemps suivant… Une fois abandonnés, ces nids ne seront pas réoccupés. Leur destruction à ce stade est donc inutile. « La période idéale de piégeage reste le printemps, d’autant plus que le frelon asiatique sort de sa période d’hibernation 10 à 15 jours avant le frelon européen, un point important à noter vu qu’il n’existe aucun piège assurant une sélectivité totale », remarque l’apiculteur. Un piège sélectif à phéromones est à l’étude en ce moment. Reste à voir son prix. Une autre piste repose sur la lutte biologique avec Conops vesicularis. Cet insecte pond habituellement ses œufs dans des frelons et bourdons. Ses larves se nourrissent des chairs de la reine et la tuent, entraînant la disparition de la colonie.

Une aide à la destruction des nids est octroyée en 2015, par le Conseil départemental du Morbihan, selon les modalités suivantes : 50 % de la dépenses plafonnée selon la hauteur du nid (110 €, si moins de 8 m ; 140 €, de 8 m à 20 m ;  200 €, à plus de 20 m ;  400 €, à plus de 15 m avec nacelle). Certaines communautés de communes ont pris en charge les 50 % restant.

Des référents communaux

300 référents désignés par les conseils municipaux dans chaque commune du Morbihan ont été formés. Leur rôle d’information et d’intermédiaire, entre les collectivités, les particuliers et la FDGDON, permettra entre autres d’expertiser l’espèce présente, de remplir la demande d’aide, de diffuser la liste des 20 désinsectiseurs validant la charte des bonnes pratiques mise en place (dont le prix de la prestation). Si la couleur de ses pattes, qui lui ont aussi donné le nom de frelon à pattes jaunes, nous permet de le reconnaître, il semblerait qu’aujourd’hui il y a une grande diversité de frelon asiatique… « À se demander s’il ne se croise pas avec notre frelon européen », s’interroge Albert Delamarche. Voilà qui ne va pas faciliter la régulation de cet envahisseur, toujours classé au niveau 2 de danger sanitaire, ne permettant pas l’intervention de l’État à ce jour… Carole David


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