La Vilaine et le Danube partagent leurs cultures

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Musiques, navigation, contes, cuisine, pêche… Tous les éléments de la culture orale de bord de Vilaine se mêlaient aux traditions du Danube oriental, dans la 2e édition du festival Vents de Vilaine.

Un vent chaud et léger, nourri de notes musicales et de chants traditionnels, tourbillonnait sur Pont-Réan du 3 au 5 juillet dernier. Situé entre les bourgs de Guichen et Bruz, le village est partagé par la Vilaine, et les deux rives se rejoignent par un pont à neuf arches reconstruit en 1767. Un lieu idéal pour accueillir le jeune festival Vents de Vilaine qui se veut pont entre les cultures des bords de fleuve.

Airs endiablés et chansons de cabaret

« Cet événement est né d’une envie de valoriser les traditions orales des habitants des bords de fleuve, notamment de la Vilaine. Et de les partager avec un fleuve invité. Après le Shannon d’Irlande l’an passé, nous recevions cette année le Danube pour la deuxième édition du festival », explique Paul Terral, le directeur de l’association Phare Ouest, organisatrice du festival. C’est la partie orientale de ce grand fleuve qui était à l’honneur (2nd d’Europe de par sa longueur de 2 860 km, la Vilaine totalise 218 km).

La Roumanie, la Hongrie et la Bulgarie étaient bien représentées avec de nombreux chanteurs et musiciens sortant de leurs instruments à cuivre ou à cordes des notes endiablées invitant à la danse. Des groupes plus locaux aussi, adeptes de ces musiques, étaient de la fête. À l’image de Bajka, cinq musiciens qui font voyager quiconque les écoute vers les musiques tziganes des Balkans, ou le Spectre d’Ottokar, des Nantais qui s’étaient classés premiers au concours d’orchestres de cuivres de Guca en Serbie.

Le groupe rennais des Tarafikants invitait quant à lui à danser sur des airs de fête de village roumaine ou à écouter des chansons de cabaret de Bucarest. « C’est très sympathique et entraînant tous ces concerts organisés sous le chapiteau ou dans les cafés et restaurants du village », commentait une jeune femme. Trois maisons de Pont-Réan avaient également ouvert leurs jardins. Côté restauration aussi, les traditions des deux territoires se mêlaient, avec au choix le cochon rôti bien breton ou le goulash hongrois, à base de viande, de légumes et de l’indispensable paprika qui lui confère sa couleur rouge caractéristique.

Des contes dans la Péniche Spectacle

Heureux de transmettre leur patrimoine culturel, les habitants des bords de Vilaine avaient réservé de belles surprises aux visiteurs. Le festival avait commencé dès le vendredi soir avec des contes réunissant trois générations de conteurs traditionnels dans la Péniche Spectacle « L’arbre d’eau ». Un bateau qui sillonne la Vilaine et les canaux bretons à la belle saison pouvant accueillir 70 spectateurs assis comme dans un théâtre.

Des balades nautiques en bateau traditionnel (toue) emmenaient les gens jusqu’au moulin du Boël, avec sa forme de navire fendant le courant, très fort à cet endroit. Un café gallo sur le thème de la pêche, des jeux traditionnels gallo-bretons, des démonstrations de kayak polo, de kayak en ligne, des animations avec des canoës en bois, des randonnées nautiques, pour découvrir la faune, la flore et le patrimoine de la Vilaine, des animations autour du four à pain… De nombreuses activités convenant à tous les âges étaient proposées.

Valoriser les territoires de Vilaine

Le festival abritait cette année l’action itinérante « Traversées et escales » qui accompagne la réalisation de la Voie des rivages, parcours de découverte de la Vilaine et de ses étangs, des portes de Rennes à Laillé. Les multiples facettes du paysage, ses divers usages économiques, l’évolution des constructions étaient notamment présentés dans une exposition invitant à parcourir la vallée dans l’espace et le temps.

« Ce projet de valorisation de la Vilaine a été lancé en 2013 par Rennes métropole et sept communes du territoire. Il vise à valoriser la Vilaine, mais aussi à recueillir les contributions des habitants, mettre en réseau les initiatives locales. C’est un territoire vivant », explique Léa Muller, de l’Agence Ter, qui collabore sur ce projet avec Cuesta (programmation culturelle) et Bureau Cosmique (collectif d’architectes). La prochaine escale a lieu aux Étangs d’Apigné dans le cadre des Tombées de la nuit, les 18 et 19 juillet, à partir de 10 h 30. Départ régulier de balades à partir de 14h.

Les joies de la pêche en rivière

La partie de pêche avec Pedro, 66 ans, a attiré les plus jeunes. « Le bouchon coule un peu. Qu’est-ce qui se passe ? Oh… une ablette. On la met dans la filoche ? », demande le pêcheur, en désignant le filet attaché au bord de la cale. Et d’expliquer aux apprentis d’un jour : « Il faut d’abord appâter, mettre des asticots sur les hameçons, et attendre. » C’est la technique de la pêche au coup. Il a aussi montré comment pêcher au vif, pour attraper des brochets ou des sandres.

Depuis sa plus tendre enfance, Pedro pêche en rivière. « Dans la Vilaine, on trouve des gardons, des brèmes, des rousseaux, des chevesnes… Autrefois, il y avait moins de poissonniers. La pêche nous permettait de bonnes fritures », se rappelle-t-il. Quand on lui demande s’il ne s’ennuie pas à attendre le poisson, il rétorque que cette activité paisible est une vraie détente. « Quand on pêche, on ne pense à rien d’autre, l’esprit vagabonde. » Un peu poète aussi ce Pedro… Agnès Cussonneau


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