À Arzal, le Gaec du Pont Milain conduit ses prairies de manière intensive. L’objectif est de faire un maximum de lait avec le maximum d’herbe et le minimum de concentrés.
« Produire le lait le moins cher possible pour être performant sur un marché volatil ». Telle est la devise de Sylvain Tabart et David Pivault, associés en Gaec, dans le sud-est du Morbihan, en zone séchante. Pour cela, ils misent sur le pâturage et l’exploitation des 150 hectares d’herbe (dont 35 ha de marais dédiés aux 40 mères limousines). Les terres sont portantes, les animaux sortent tôt en fin d’hiver mais les parcelles sèchent rapidement en été. 80 hectares sont accessibles aux laitières, dans un rayon de 1,5 kilomètre de l’étable. « Nous avons fait des chemins et installé un réseau d’eau. Elles vont chercher de l’herbe, y compris en hiver si une bonne fenêtre météo le permet ».
Du RGI à la place des couverts
Les prairies sont en RGA-trèfle blanc et en dactyle pour les parcelles très séchantes. 40 hectares de RGI-trèfle violet sont semés après moisson. Ce RGI est, si possible, pâturé une fois à l’automne et reste 18 mois avant l’implantation d’un maïs. « Le labour est effectué par entreprise dès que les vaches sortent du champ ou dès la récolte en fauche. Pas trop tard pour ne pas pénaliser le maïs suivant ». Aucune Cipan (culture intermédiaire) n’est incluse dans la rotation. Un hectare est moissonné pour produire de la graine. « La conduite du pâturage est très réactive. Les parcelles sont consommées au meilleur moment. C’est parfois un casse-tête, mais ça paie ». Au total, une centaine d’hectares sont ensilés en moyenne chaque année. « Toutes les parcelles sont fauchées à un moment ou à un autre. Au printemps, nous ensilons quasiment toutes les semaines ». Les meilleurs tas d’ensilage sont réservés aux laitières. Les génisses con-somment le reste, en hiver et en été.
L’objectif est de faire vêler les génisses à 24 mois. Jusqu’à 21 jours, les veaux sont en niche sous un auvent, orienté à l’est, sans poteaux. Cet auvent est accolé à la nurserie. Il permet aux éleveurs de travailler à l’abri. Les veaux sont nourris au lait entier. La laiterie est à quelques mètres. De 21 jours au sevrage, ils ont un aliment supplémenté en anti-coccidien. Après sevrage, ils consomment une ration complète puis pâturent sur de jeunes prairies. La nurserie (modèle développé par Triskalia), de petit volume, a été conçue pour faciliter le travail : possibilité de faire le tour des cases, couloir avant large pour passer avec deux seaux, sans perdre de vue l’aspect économique (peu de maçonnerie). Le bardage bois est en claire-voie à mi-hauteur pour assurer une bonne ventilation. Une porte ouverte de l’élevage était organisée par la Chambre d’agriculture dans le cadre des journées Innov’action.
291 €/1 000 L de marge sur coût alimentaire
Le silo à maïs n’est, pour autant, jamais fermé. « Au printemps, nous conservons la possibilité d’augmenter momentanément la part de maïs si la météo n’est pas favorable. De toute manière, les taurillons limousins consomment du maïs ». 3 à 4 kilos sont distribués, au minimum, avec 1 kilo de céréales. « L’objectif est d’avoir de très bons fourrages. Nous n’utilisons que très peu de concentrés de production ou énergétiques. Le concentré corrige simplement la valeur fourragère. À quoi bon donner du concentré si le prix n’est pas là ». 1 102 kg sont consommés par vache (42,8 €/1 000 L), dont 347 kg de concentré de production et 755 kg de concentré protéique. 6,34 t de fourrages sont consommées par vache dont 4,54 t d’ensilages et 1,62 t de pâturage, revenant à 34,6 €/ 1 000 L. Le coût alimentaire est de 77 €/ 1 000 L. Au premier semestre, ce coût alimentaire est nettement inférieur aux moyennes de groupe (légèrement inférieur au second semestre). La marge sur coût alimentaire est de 291 €/1 000 L, situant l’élevage dans le tiers supérieur des moyennes de groupe. La moyenne d’étable est de 8 614 kg/vache à 40 et 32,2. Bernard Laurent
Une réunion quotidienne
Les travaux de culture sont délégués. La bonne organisation du travail à 4 est une clé de réussite. Les 2 associés partagent un agenda commun où tout est noté (rendez-vous professionnels, impératifs, personnels….). Tous les matins, à 9 h 15, le petit-déjeuner est pris en commun, à 4.
Chacun s’organise pour être présent. C’est, selon les associés, un moment convivial et important : échanges, organisation du travail.
