Les bonnes performances d’un lot de volailles passent par une eau de boisson de qualité. Une étude de l’Itavi rappelle les bonnes pratiques.
« La présence de germes pathogènes dans l’eau de boisson est un risque d’affaiblissement de la santé des volailles et de réduction des performances », explique un ingénieur avicole de l’Itavi. Une étude menée par l’institut technique a permis de dégager quelques éléments de maîtrise de la qualité bactériologique de l’eau. En effet, les sources d’approvisionnement en eau des bâtiments avicoles tels que les puits/forages peuvent présenter un risque de contamination par des germes d’origine fécale ou de développement important de flore totale (biofilm) s’ils ne sont pas correctement protégés et entretenus. Le matériel d’abreuvement ou les canalisations influencent le développement du biofilm à l’intérieur des tuyauteries. « Au niveau du tableau d’eau, des modifications souvent mineures permettent d’améliorer la sécurisation de l’eau : présence de réducteurs de pression, de filtres, d’un double circuit. La révision du matériel est une précaution à ne pas négliger car un dérèglement ou disfonctionnement peut nuire à l’efficacité du traitement », préconise l’ingénieur.
L’application de la prophylaxie classique (vitamines, vaccins, oligoéléments) ne semble pas détériorer la qualité de l’eau de boisson. « Au vu des résultats, il apparaît clairement que pour combattre la colonisation des canalisations par le biofilm ou éviter la prolifération de germes en cours de lot, les caractéristiques physicochimiques optimales de l’eau doivent présenter les caractéristiques suivantes : pH inférieur à 6, dureté inférieure à 15°F, matière organique inférieure à 2 mg O/L, fer inférieur à 0,2 mg/L, nitrate inférieur à 50 mg/L. »
Un contrôle régulier
Des déviations de paramètres comme le pH, la dureté, la teneur en fer ou en matière organique, peuvent interagir avec les traitements bactériologiques. Afin d’en optimiser l’efficacité, le choix des pratiques et produits doit être adapté et l’installation de traitements physicochimiques peut être envisagée. « Les traitements antibactériens permanents et ponctuels permettent de limiter significativement les concentrations de germes fécaux et de flore totale dans les canalisations du bâtiment en cours de bande, et ce, de manière indépendante de la molécule utilisée. » L’important est d’utiliser la molécule en conditions optimales, et de respecter les précautions d’emploi comme par exemple, la présence d’une cuve et du temps de contact nécessaire pour que le chlore agisse. Le contrôle régulier des doses résiduelles de produit, permet de réaliser des ajustements de la dose efficace afin de garantir le traitement.
Ne pas négliger le nettoyage et la désinfection
L’étape de nettoyage et désinfection (N&D), pendant le vide sanitaire est primordiale pour garantir une eau bactériologiquement correcte aux volailles dès le démarrage. De plus, un N&D efficace permet de maintenir une action protectrice en cours de lot, tant au niveau du biofilm que des germes indicateurs. L’utilisation successive d’une base, d’un acide et d’un désinfectant garantit une eau respectant les normes de potabilité au niveau bactérien. Le respect des doses et des temps d’action sont des facteurs supplémentaires de réussite du N&D. Le bac et les abreuvoirs doivent également être nettoyés et désinfectés lors du vide sanitaire afin d’éviter la propagation de germes pathogènes à J0. En cours de lot, l’utilisation d’iode, le nettoyage du matériel après traitement ou encore le rinçage des abreuvoirs, semble assainir les canalisations en limitant le développement du biofilm.
La déferrisation est maîtrisée
Concernant les traitements physicochimiques de l’eau, la déferrisation paraît correctement maîtrisée par les éleveurs qui utilisent cette technique, en revanche les bases de l’acidification et de la neutralisation semblent à revoir. « Lorsque l’on considère les interactions entre qualité physicochimique et efficacité des traitements antibactériens, il apparaît que le pH, la dureté, les teneurs en matière organique, fer et nitrate interagissent avec le chlore et module son efficacité antibactérienne. Pour le peroxyde, au cours de cette étude seul le pH paraît influencer l’efficacité de ce traitement. » Nicolas Goualan