Les premières génisses normandes génotypées tiennent leurs promesses un peu plus de trois ans plus tard sur l’élevage Arondel. Comme en Prim’Holstein, la prédiction génomique fait ses preuves sur le terrain en race Normande.
« Nous avons utilisé la génomie dès sa mise en place dans les élevages. Toutes les jeunes femelles nées en 2011 ont été génotypées début 2012 et sont maintenant en production. Au niveau des performances, nous sommes proches voire un peu au-dessus de ce qu’on nous avait prédit », souligne Jean-Michel Arondel qui s’est installé il y a 15 ans à Amanlis (35).
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. La première du lot des 15 génisses s’est placée première des filles de Unog sur performance génomique. Elle a été prélevée et l’un des embryons a donné Ipsolaval, taureau qui va entrer au catalogue Normand au 1er juillet. » Un autre mâle né sur l’élevage, Jeolaval, va l’accompagner. Le Graal pour ces éleveurs passionnés de génétique qui ont toujours privilégié la mamelle et les aplombs. La morphologie est aussi au rendez-vous. Rappelons que l’élevage a remporté le titre de Championne du SIA 2015 avec Bière.
Génomie en routine
Lors de la porte ouverte Innov’Action organisée le 24 juin sur l’exploitation, les trois souches phares de l’élevage étaient en présentation. Des souches qui ont été développées au gré d’une sélection pointue et de collecte ou d’achat d’embryons. Permettant de trier les animaux et de mieux cibler les inséminations, la génomique est aujourd’hui pratiquée en routine sur l’ensemble des génisses qui font ensuite toutes un veau. « Les meilleures sont collectées. Une moitié est inséminée en semence sexée, et les femelles restantes en semence conventionnelle, ou elles reçoivent des embryons. »
Investissement dans un détecteur de chaleurs
Aujourd’hui, l’EARL Arondel compte trois associés sur 106 ha de SAU, avec 85 VL. Pour être épaulés dans la détection des chaleurs, les éleveurs viennent de s’équiper du Heatime. Une cinquantaine de colliers, placés sur les vaches dès que possible après vêlage, les aident à avoir l’œil, et à gagner en sérénité. L’investissement s’élève à environ 4 000 € pour la partie fixe, auxquels s’ajoutent 120 € par collier.
6,7 €/1 000 L d’investissement génétique
Une étude menée sur l’ensemble des femelles génotypées et vêlées dans l’élevage confirme la corrélation entre index génomiques et performances : en fertilité, leucocytes, TP, TB, production, aplombs, mamelle, distance plancher-jarret et format. Sur l’EARL, l’investissement en génétique atteint 6,7 €/1 000 L. De nombreuses femelles de l’élevage sont vendues en lait. Sur 4 ans, le taux de réforme pour la boucherie n’est que de 18 %.
Par ailleurs, les vaches vieillissent, faisant en moyenne 3,6 lactations sur 2014/15. La moyenne d’étable atteint quant à elle 7 748 kg, avec un TB de 41,2 et un TP de 34,3. La réussite en 1re IA est un autre point fort de la race : à 49 % sur l’EARL, contre 43 % sur la zone Eilyps, toutes races confondues. Un critère porté aussi par un tarissement soigné. Les vaches sont allotées et rentrent en bâtiment les trois dernières semaines avant vêlage, ne recevant plus d’herbe, mais du maïs, de la paille, de l’aliment et des minéraux. Si la Normande n’est pas une race laitière spécialisée, elle permet toutefois de meilleurs produits (lait + viande) que la moyenne : 481 €/1 000 L sur le dernier exercice de l’élevage Arondel.
Agnès Cussonneau