Après une expérience en Nouvelle-Zélande dans le cadre de ses études agricoles, Florent Cotten est aujourd’hui « conseiller en pâturage ». Il nous parle du cycle de développement du trèfle blanc.
« Le trèfle blanc, légumineuse prairiale par excellence, présente un développement en plusieurs étapes », rappelle Florent Cotten, conseiller en pâturage chez PâtureSens. « Et la proportion de légumineuses dans la prairie va notamment être influencée par la gestion pastorale. »
Lors de ses deux premières phases d’implantation (« phase rosette et phase d’expansion »), le trèfle développe en surface une tige primaire composée de 2 à 6 ramifications. Sous terre, c’est un système d’enracinement pivot puissant qui se met en place, pouvant descendre jusqu’à 80-100 cm. « Ces pivots disparaissent au bout de 1 à 2 ans laissant place aux racines adventives qui se développent sur les stolons » (tiges rampantes).
[caption id= »attachment_4289″ align= »aligncenter » width= »573″] Schéma du développement du trèfle suivant les saisons.[/caption]
Une évolution au fil des saisons
Le conseiller explique également que la période hivernale est cruciale pour la productivité et la longévité du trèfle blanc : « C’est en fin hiver que la croissance des racines est maximale et que les nodosités se créent. » Ensuite, en début de printemps, les vieux stolons meurent. C’est aussi la période où la partie aérienne croît rapidement et où de nouvelles ramifications se forment avec l’expansion des stolons. « Au fur et à mesure de leur progression, tant que les conditions météorologiques sont favorables, ces derniers s’enracinent aux nœuds pour former de nouvelles plantes. C’est la phase clonale. Ces racines adventives restent le plus souvent superficielles colonisant les 15 premiers cm de la couche arable ce qui explique une résistance limitée à la sécheresse. Mais lorsque la structure du sol le permet, elles peuvent se développer plus profondément rendant les plantes plus résistantes aux conditions sèches. » L’ensemble des ramifications seront formées en début d’été, « période où la croissance de la partie aérienne sera maximale, et ce jusqu’à l’automne ». À l’automne, l’activité des lombrics ainsi que le passage des animaux dans les parcelles va permettre d’enfouir 90 % des stolons.
Le pâturage de fin d’hiver favorise le développement des légumineuses
Le trèfle blanc a besoin d’un accès à la lumière pour se développer et étendre ses stolons enterrés et réussir à établir de nouvelles racines. « La bonne gestion des résiduels et du stade d’entrée dans le paddock est donc fondamentale. Un pâturage bien mené en fin d’hiver fournit une herbe de printemps de qualité. En permettant à la lumière d’atteindre la base des végétaux, ce premier « ratissage » favorise le tallage des graminées et le développement des stolons des légumineuses. Des conditions favorables à la production de feuilles riches sur le plan alimentaire. »
Pour Florent Cotten, l’erreur à surtout éviter est de « garder une masse d’herbe trop importante -conséquence d’un pâturage tardif d’un paddock ou de résiduels élevés- qui provoque l’élongation des pétioles de trèfle. Cette croissance aérienne se fait au détriment des réserves racinaires et se répercute sur la ramification et l’étalement des trèfles. » Les stolons qui restent en surface sont donc plus sensibles aux périodes sèches et au surpâturage. « Même si visuellement la flore apparaît riche en trèfle par la présence de plantes à grandes feuilles, la réalité est tout autre : les légumineuses sont peu nombreuses et leur développement se fait à partir du stolon initial. »