L’orge de brasserie présente « un bilan assez serré » pour 2015-2016. Et, si la Chine tire la demande à l’export, des questions demeurent sur sa politique d’achat.
« Un excédent de 0,9 Mt d’orge brassicole est prévu entre offre et demande dans le monde, ce qui ne permet pas de supporter de gros problèmes de production », a souligné Aubry Lhéritier, de chez Soufflet Négoce. Concernant l’UE, le bilan est particulièrement « serré » en orge de printemps, avec 715 000 t de surplus exportable (900 000 t pour la France) et surtout un ratio stock/consommation inférieur à 5 %. C’est moins le cas en orge d’hiver, dont le surplus exportable est estimé à 1,2 Mt (1,750 Mt pour la France) et le ratio stock/consommation à 30 % environ. « Les disponibilités en orge d’hiver font que la prime est faible entre fourragère et brassicole, a noté le négociant. L’écart a peu de chance de croître. » Reste des incertitudes.
Un agrément pour la Chine
Aujourd’hui, la France profite des importations croissantes de la Chine, faisant partie des quelques pays agréés (avec le Danemark et la Finlande). 2,5 Mt d’orge française (dont moins de 1 Mt brassicole) ont été expédiées en 2014-2015 vers cette destination, d’après Soufflet. Mais Pékin peut très bien accorder des certificats phytosanitaires à de nouveaux pays fournisseurs et ses capacités financières diminuer, avec l’évolution à la baisse de la bourse cette semaine.
Potentiel exportable en baisse
D’autres interrogations concernent le bilan global de l’orge, fourragère comprise. La production mondiale est chiffrée à 138,2 Mt pour 2015-2016 (contre 140,3 Mt en 2014-2015), en baisse pour la troisième année de suite. De son côté, la consommation est prévue en augmentation. Cela donne un bilan « un peu moins excédentaire », d’après Philippe Joyandet, des Malteries soufflet. L’expert a livré des estimations de récolte en recul pour l’Union européenne, à 57,81 Mt (contre 59,93 Mt). Mais surtout pour le bassin de la mer Noire : la Russie à 17 Mt d’orge (20 Mt l’an dernier), l’Ukraine à 6,9 Mt (8,8 Mt). En cause, des faiblesses des cultures en sortie d’hiver, et des impasses sur les fertilisants liées aux dévaluations monétaires…
Si les disponibilités des pays exportateurs sont prévues en retrait, les besoins de l’empire du Milieu restent élevés. Un même niveau d’importations chinoises est prévu en 2015-2016, autour de 7 Mt. « À moins que la Chine achète davantage de maïs, de blé fourrager à la place », a nuancé Aubry Lhéritier. Autre question en suspens : l’Arabie Saoudite peut-elle réduire encore plus ses importations d’orge ? Le mouvement est déjà enclenché. « À l’avenir, des industries saoudiennes doivent permettre de fabriquer des aliments avec d’autres céréales, a signalé Philippe Joyandet. Certains analystes affirment que l’Arabie Saoudite n’importera plus que 1,5 Mt d’orge en 2020. » L’an dernier, le pays en a importé quasiment 10 Mt.