Porc : baisse en Allemagne, tensions en France



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La baisse de la cotation allemande met la filière porcine, déjà en crise, sous tension.

Pour le président d’Inaporc, Guillaume Roué, il pourrait s’agir d’une « attaque en règle des Allemands sur le territoire français. » Si les concurrents d’outre-Rhin voulaient déstabiliser la filière française, ils ne s’y prendraient pas autrement. Qu’elle soit artificielle ou non, la baisse de la cotation allemande est très suivie : « Elle a des conséquences sur tous les marchés de l’UE : baisse en Belgique, aux Pays-Bas, en Pologne, en Autriche, au Danemark », expliquait le MPB, le 25 juin dans sa note de marché.

Déstabilisation

Et elle va créer des tensions en France ; le décrochage de la cotation allemande intervient à un moment clé, car il empêche momentanément la cotation bretonne d’atteindre le coût de production français (environ 1,50 €/kg), alors qu’elle s’en approchait depuis deux semaines (+4 ct/kg et +3 ct/kg). Il crée par ailleurs un écart entre les cours européens et le cours français, jusqu’ici soutenu par les prix volontaristes de certains abatteurs. Ce qui va, plus il se creusera, tenter les acheteurs, salaisonniers en particulier, de s’approvisionner à l’étranger.

Une telle différence de trajectoire entre les porcs français et allemand ne devrait pas durer, estiment les professionnels, compte tenu des échanges importants entre les deux pays. « Soit les Allemands ont fait un coup, soit c’est effectivement la réalité du marché, ce dont je doute à cette époque de l’année. Et alors on s’alignera », explique Guillaume Roué. La perspective d’une forte baisse des cours en plein été serait terrible pour les producteurs français, qui attendent traditionnellement l’été comme un bol d’air. Elle pourrait aussi remettre en cause la stratégie de sortie de crise du ministère de l’Agriculture : « Cela remettra en cause l’accord entre le ministère et les distributeurs, puisque les distributeurs ne pourraient plus appliquer les hausses promises. On reviendra alors à l’idée de créer un fonds pour mettre en valeur la production porcine », explique Guillaume Roué. Ce fonds de soutien à la production porcine, auquel devrait abonder toute la filière y compris la grande distribution, était une demande de longue date de la Fédération nationale porcine (FNP). Elle a été mise entre parenthèses lorsque les distributeurs ont accepté de passer des hausses de prix. Une hausse qui va de pair avec une hausse demandée par les salaisonniers. Pour Guillaume Roué, « elle est légitime, mais doit correspondre à leurs achats de produits français ».
 Mais, une chose est sûre selon le président de l’Inaporc : « Ils ne paieront pas deux fois, via le fonds et via les prix. »


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